« Faut-il positionner leur bureau à l’entrée des urgences pour qu’ils mesurent pleinement la situation ? » : les syndicats FO et CGT interpellent la direction de l’Hôpital Nord Franche-Comté. Dans la nuit du 17 au 18 janvier, un agent de sécurité incendie a été agressé en pleine ronde par un individu à l’entrée des urgences, relatent encore les syndicats. « [Il] a été frappé au visage par un individu irascible. » Une information confirmée par la direction, qui évoque une « malheureuse situation » où l’agent a été « gratuitement agressé ».
Son collègue, mobilisé ailleurs, n’a pas pu intervenir immédiatement. Il était occupé à gérer, au même moment, « une autre situation d’agressivité » aux urgences, selon les syndicats. L’agent agressé est en arrêt maladie, poursuivent-ils, et l’équipe est « encore aujourd’hui sous le choc ». Les syndicats demandent la mise en place d’une équipe dédiée à la sûreté. Une pétition a été lancée dans les services concernés et a recueilli 189 signatures.
En 2024, une société privée assurait la sûreté aux urgences en complément des agents internes de sécurité. Un contrat d’un an, qui a pris fin. Début 2025, les agents de l’hôpital, dédiés à la sécurité incendie, ont été réaffectés sur cette mission « qui n’est pas leur cœur de métier », précisent les syndicats, « et cela, sans augmentation d’effectif ni prime de risque pour l’équipe ».
« Il a fallu réagir dans l’urgence »
Pascal Mozon, directeur des ressources humaines, justifie l’arrêt du contrat avec la société privée. Fin 2023, une agression « d’une rare violence » a eu lieu. « Il a fallu réagir dans l’urgence », détaille-t-il, afin de rassurer les agents. Une société privée a été engagée pour compléter le service de sûreté des urgences, pour une durée d’un an. Cette période a permis, selon lui, de réorganiser cette mission en interne et de former les agents à la gestion des tensions et des situations de crise. Ils ont également suivi des cours d’auto-défense en krav-maga.
Ils sont désormais quatre à assurer à la fois la sécurité incendie, les secours et la sûreté, soit le même effectif qu’en 2023. Cependant, l’un d’eux est désormais affecté en permanence au service des urgences, ce qui n’était pas le cas auparavant. Pour le DRH, ce nombre est « suffisant » : « Le minimum demandé est de trois en permanence, ils sont quatre. »
En décembre dernier, les agents de sécurité incendie s’étaient mis en grève pour réclamer des embauches permettant d’assurer cette mission dans de bonnes conditions. Mais les négociations n’ont pas abouti. Le directeur des ressources humaines explique qu’un protocole avait été proposé à ce moment-là, comprenant des « formations complémentaires » ainsi que de « meilleures promotions pour les agents », mais il n’a pas été signé.
La direction campe sur ses positions
Dans un communiqué, les syndicats estiment que les propositions avancées ne sont pas suffisantes. Et qu’ils ont tenté de faire valoir leurs arguments, prenant exemple sur d’autres établissements comme le CHU de Besançon, qui disposent d’équipes de sûreté dédiées. Pourtant, « la direction n’a en rien changé son positionnement », déplorent-ils.
Le directeur des ressources humaines maintient, ce mardi 11 février, qu’il n’y a pas de raison d’instaurer une équipe spécifique. « La question des effectifs est un non-sujet. Cela n’aurait pas évité l’agression du 17 janvier », assure Pascal Mozon.
Les syndicats, de leur côté, se disent prêts à durcir le mouvement si leurs revendications ne sont pas entendues. Pour eux, l’enjeu est clair : la mise en place d’une équipe de sûreté dédiée aux urgences est une nécessité. Depuis 2020, cinq agressions ont eu lieu aux urgences et une dans les services de soins, selon la direction. « Personne ne pourra jamais se préserver totalement d’un risque induit par une personne malveillante », reconnaît le DRH. Il assure toutefois vouloir « poursuivre les échanges avec les équipes, convaincu que la solution interne reste la meilleure ».