Apprendre, découvrir, rencontrer, échanger. Tel est le crédo des universités populaires. Conférences, ateliers, formations, un programme est construit chaque année par des bénévoles dans pas moins d’une petite centaine de pôles pour permettre le partage des savoirs. « Avec le Covid, nous avons perdu beaucoup d’adhérents », se confie Annick Bourez, présidente de l’association des universités populaires de France (AUPF). Même s’ils reviennent, progressivement, des questions se posent. Comment fidéliser ? Attirer ? Continuer à faire vivre les universités populaires ? « Il faut innover », explique Annick Bourez. C’est pour cela que se réunissent environ 80 bénévoles des différents pôles français à Belfort les 24, 25 et 26 novembre. Ensemble, ils vont réfléchir autour du thème de l’innovation sociale : « L’innovation au service de nos projets : effet de mode ou réel levier de transformation ? »
« Nous en avons besoin, plus que jamais », détaille la présidente de l’association des universités populaires de France. Elle revient sur les origines des universités populaires : « Il y a un siècle et demi, tout le monde n’avait pas accès à l’école. Les universités populaires répondaient à un manque criant pour que tout le monde puisse accéder au savoir. » Pour elle, ce point de départ est toujours vrai. Comme point de référence, elle évoque le fort taux d’illettrisme en France. « Nos bénévoles oeuvrent contre ça. » À tout âge, le besoin d’apprendre est important, relève-t-elle. C’est le rôle des universités populaires : fédérer et transmettre tous les savoirs. Savoir au sens large, « du jardinage, à la chimie ».
Aller vers de nouveaux publics
Si historiquement, les universités populaires, construites par des retraités attiraient plutôt un public âgé, elles essayent de plus en plus d’aller chercher de nouveaux publics. « Pour cela, il faut innover, aller les chercher. À Belfort, par exemple, l’université populaire IDEE est allée au-devant des enjeux en créant une université populaire des jeunes. » Elle mesure les efforts que cela nécessite : il faut réussir à rajeunir les contenus, aller vers des choses plus vivantes : formation, action datée dans le temps. Trouver, aussi, les bons créneaux, pour permettre aux jeunes actifs de se libérer.
Et puis aussi, aller chercher les publics les plus précaires, qui n’osent pas ou simplement ne connaissent pas ce type d’association. « Nous réfléchissons sur nos implantations pour être au plus proche d’eux », expose encore Annick Bourez. Les universités populaires s’implantent là où il y a des besoins. Dans les zones rurales, par exemple.« Ce sont des endroits ou parfois, il n’y a que nous », ponctue-t-elle. « Dans tous les cas, nous essayons toujours de partir d’un besoin qui n’est pas couvert, nous ne sommes pas dans une logique de concurrence. »
Si 2020 et la crise sanitaire « aurait pu signer le coup d’arrêt de l’aventure », les universités populaires en ont profité pour réfléchir sur de nombreux points : Comment déjouer la fracture numérique ? Comment former sur les questions d’information, de fake news, d’intelligence artificielle ? Comment continuer à transmettre dans les périodes plus difficiles ? Avec l’isolement, a été soulevée aussi toute la question du lien social, de la continuité de la transmission, avec la volonté de créer des rencontres et des moments de partage intergénérationnels. Pendant trois jours, le réseaux des universités populaires vont réfléchir à toutes ces questions à Belfort, lieu où l’université populaire IDEE perdure depuis 40 ans. Elle a fêté son anniversaire à la rentrée.