Sous un soleil de plomb, 1 000 manifestants selon la police et 1200 selon les syndicats se sont réunis pour dénoncer la réforme des retraites à Montbéliard. Ce mardi matin, ils étaient le même nombre à Belfort selon les syndicats, 1 500 selon les syndicats. C’est moitié moins pour les deux villes de l’aire urbaine par rapport au rassemblement du 1er mai. Pour autant, ceux qui restent ne décolèrent pas. Ne veulent pas relâcher la pression. Peu importe qu’il s’agisse de la quatorzième journée ou que la réforme soit passée. Pour les manifestants, continuer à être dans la rue est un symbole fort.
Toujours accompagné de ses fidèles pancartes qu’il a montées sur une installation de fortune sur roulette, René est présent depuis la première journée de mobilisation. Celui qui est à la retraite depuis deux ans ne compte pas lâcher pour ceux qui en sont encore loin. Il est aussi là pour que le gouvernement sache que le peuple est encore dans la rue et le sera pour les prochaines journées de mobilisation. « On veut lui faire comprendre que les 49.3 doivent stopper. Il faut voter. Que ce soit pour la réforme des retraites ou toutes celles à venir. » Plus que le dégoût, il ressent dans les discours d’autres manifestants et le sien de la haine, face au mépris. « Macron a seulement préparé sa sortie. Et maintenant… » Il hausse les épaules.

Plus loin, attendant le début du lancée de cortège, il y a aussi Clément, 35 ans, professeur dans un collège de Bethoncourt et étiqueté Lutte ouvrière. Le temps n’a pas amenuisé sa colère, explique-t-il. Il aurait aimé voir, dans le pays, des grèves prolongées, des travailleurs complètement à l’arrêt pour faire plier le gouvernement. « Il y a eu des micro-démonstrations, comme avec les éboueurs à Paris. Il aurait fallu que ce soit partout de la même manière. Mais il a manqué un petit pas pour cela.»
Il n’est pas impressionné par le fait que la loi soit passée. Il repense à la loi sur le contrat de première embauche (CPE) qui avait provoqué trois mois de contestation sociale, avec les jeunes en fer de lance. « Malgré le fait que la loi ait été promulguée, nous avions pu faire plier le gouvernement », balance Clément. En effet, la proposition de loi de Dominique de Villepin (UMP), passée via le 49-3, est suspendue environ trois semaines après sa promulgation sous la pression des organisations syndicales et étudiantes, mais aussi du Medef (lire ici).
« Si ça a pu se faire une fois, pourquoi s’avouer vaincu aujourd’hui ? » Autour de lui, il ne voit pas de résignation. « Partout, la colère couve encore. La réforme. L’inflation. Les salaires… Quand est-ce que ça explosera vraiment, on ne le sait pas. Mais nous attendons ce moment. »
Le cortège de la manifestation démarre. Dans le calme, les manifestants s’avancent dans un cortège uni pendant environ 1h45. Chacun cherche l’ombre quelques instants sous un arbre, avant de reprendre la marche. Ils finissent, place Denfert-Rochereau. La prochaine date est prévue le 15 juin. « Nous sommes là pour montrer qu’on peut encore mettre la pression. La colère ne passe pas, on va continuer à le montrer. Et surtout cette semaine avec la proposition Liot », défend Damien Jouffroy, délégué syndical CGT. Le groupe Liot a en effet déposer un projet d’abrogation contre la loi de réforme des retraites, qui doit être défendue devant l’Assemblée jeudi 8 juin.