« Il faut que ça cesse », souffle Daniel Granjon, vice-président en charge des déchets à Pays de Montbéliard Agglomération (PMA). Alors que la Réomi, la taxe incitative pour les ordures ménagères est en place depuis le 1er janvier 2024, les erreurs de tri et comportements inciviques peinent à diminuer. Une tolérance avait été accordée, le temps pour les habitants de s’adapter aux nouvelles consignes du bac jaune. « Mais il y a des personnes laxistes qui n’ont toujours pas compris. Il faut que cela s’arrête. On va serrer la vis pour faire appliquer de manière plus contrainte le règlement. »
En 2024, le taux moyen de refus des déchets collectés en bac jaune à cause d’erreur de tri s’élève à 27 % au centre de tri du Sytevom. C’est trois points au-dessus de la moyenne nationale, alors que l’objectif affiché est de passer sous les 20 %. En 2023, ce taux atteignait même 36 %. « On a été très mauvais l’année dernière », concède l’Agglo. Et aujourd’hui encore, un quart du contenu des bacs jaunes ne correspond pas à des emballages recyclables.
400 000 euros de surcoût
Ces erreurs ne sont pas sans conséquences financières. Les déchets non conformes doivent être redirigés vers l’incinérateur, après un passage inutile par la chaîne de tri. Résultat : un surcoût estimé à 400 000 euros en 2024. « C’est un coût énorme et une perte totale pour la collectivité », alerte PMA, qui accuse déjà un déficit de deux millions d’euros sur son budget de gestion des déchets.
Parmi les erreurs les plus fréquentes : les sacs d’ordures ménagères directement jetés dans le bac jaune, la présence de verre, ou encore d’objets en plastique non recyclables comme les jouets, les cintres ou les brosses à dents.
À cela s’ajoutent des erreurs de présentation : 15 % des dépôts sont effectués dans des sacs fermés ou avec des déchets imbriqués, ce qui rend le tri impossible.
Des sanctions indirectes
L’agglomération ne dispose d’aucun pouvoir de police pour verbaliser les contrevenants. Elle mise donc sur des mesures plus contraignantes. À partir de maintenant, tout bac jaune contenant des ordures ménagères, du verre, des sacs fermés ou des déchets non recyclables ne sera plus collecté. Un carton orange sera accroché au bac pour avertir l’usager, qui devra retirer les déchets avant le prochain ramassage. Si cela n’est pas fait, le contenu sera pris avec les ordures ménagères, mais la levée sera facturée en supplément.
Même logique pour le bac gris. En cas de présence de déchets interdits — gravats, ferrailles, déchets verts ou encombrants —, un carton rouge signalera le refus de collecte. Là encore, les usagers devront se conformer aux consignes sous peine de voir leur levée rejetée.

Les grands ensembles comme enjeu
Les erreurs de tri sont particulièrement concentrées dans certains quartiers. Les grands ensembles d’immeubles sont particulièrement concernés. PMA évoque un travail renforcé avec les bailleurs sociaux. « Ils nous ont demandé de réaliser un pointage mensuel du nombre de bacs pour sensibiliser les associations de chaque immeuble. »
D’autant que certaines pratiques laissent perplexe : 10 % des foyers enregistrés comme ayant un bac n’ont effectué aucune levée de déchet ménager. « Même en l’absence de présentation du bac gris à la collecte, la redevance incitative est due car elle sert à financer l’ensemble du service public de gestion des déchets. Le forfait annuel intègre 12 levées du bac gris, qu’elles soient utilisées ou non », rappelle Daniel Granjon. « Ces gens-là n’ont toujours pas compris le principe de la Réomi », s’étonne l’élu.
Si PMA dit avoir intensifié ses campagnes d’information et de sensibilisation, les résultats tardent. « Maintenant, on veut que les gens essayent vraiment. Aujourd’hui, il n’y a pas d’amélioration malgré toute la communication qu’on a pu faire », regrette Daniel Granjon. PMA l’assure : les bacs mal triés ne passeront plus.
Comment fonctionne la Réomi ?
La Redevance d’enlèvement des ordures ménagères incitative (Réomi) a remplacé, depuis le 1er janvier 2024, la taxe d’enlèvement des ordures ménagères (Téom) dans le Pays de Montbéliard. Contrairement à la Téom, la Réomi repose sur un principe d’incitation : les habitants paient selon leur production de déchets non recyclables.
Elle comprend deux parts :
- Une part fixe, qui couvre les frais de collecte, de traitement et l’accès aux déchetteries.
- Une part variable, qui dépend du nombre de levées du bac gris. Les douze premières sont incluses dans la part fixe. Toute levée supplémentaire est facturée.
Encadré : Que finance la Réomi ?
La Réomi permet de financer :
- La collecte, le tri et le traitement des ordures ménagères, des biodéchets, des recyclables via le bac jaune ou les points d’apport volontaire ;
- L’accès et la modernisation des déchetteries, ainsi que le traitement des déchets qu’elles reçoivent ;
- Le fonctionnement des sites comme les compostières ou les centres de transfert, et le traitement des déchets qu’ils accueillent ;
- Le transport et le transfert des déchets ;
- Le renouvellement du matériel de collecte.
