En conseil communautaire de Pays de Montbéliard Agglomération, Martial Bourquin a lancé le débat sur la place de PSA dans le nord Franche-Comté. Sur ses investissements, mais aussi sur son comportement vis-à-vis du territoire.
En conseil communautaire de Pays de Montbéliard Agglomération, Martial Bourquin a lancé le débat sur la place de PSA dans le nord Franche-Comté. Sur ses investissements, mais aussi sur son comportement vis-à-vis du territoire. Le sénateur regrette qu’il n’y ait pas plus de contreparties aux aides apportées au constructeur dans le cadre de Sochaux 2022.
« Je ne pouvais pas me taire ! » Pendant plusieurs minutes, Martial Bourquin, conseiller communautaire, a pris de parole. Le sénateur en a gros sur la patate. Et l’a fait savoir. C’était jeudi soir, au conseil communautaire de Pays de Montbéliard Agglomération. On venait de voter une augmentation de capital de la société d’économie mixte SEM PMIE dont l’objectif est de réaménager la zone libérée (PSA Sud) par la mise en place de Sochaux 2022, le projet de PSA d’un site en mono-flux dont la finalité est de produire 400 000 véhicules par an. On venait également de lire le rapport sur un protocole d’accord approuvant une enveloppe de 25 millions d’euros accordée au constructeur par Pays de Montbéliard Agglomération, la Région Bourgogne-Franche-Comté et la Banque des Territoires. Cette enveloppe est une aide à l’innovation et envisage l’acquisition d’une partie du site de Sochaux. Alors que les élus communautaires allaient se prononcer, le sénateur a pris la parole. « Je n’avais pas forcément prévu de le faire », confie Martial Bourquin, joint par téléphone lundi.
Il regrette que l’on vote des aides, alors qu’aucune contrepartie n’est demandée au constructeur, tout en reconnaissant que l’on ne peut pas se priver de cet investissement de 200 millions d’euros de PSA.
« Le projet de PSA de faire de l’usine de Sochaux un des plus grands sites de production automobile d’Europe de l’ouest et une usine adaptable à plusieurs silhouettes et à tous types de motorisation constitue un enjeu majeur pour le territoire. Il signifie des perspectives positives pour le développement de l’ensemble de la filière automobile et de l’emploi dans le nord Franche-Comté », précise le rapport présenté par le vice-président de PMA, Didier Klein. L’enjeu industriel est important. Le territoire ne peut pas manquer ce virage.
25 % d’emplois en moins
« En faisant ces modifications, les 25 % de productivité auront inévitablement des conséquences sur l’emploi », alerte cependant Martial Bourquin. On évoque 9 000 salariés aujourd’hui à PSA. On craint un passage à 6 500 salariés. Une érosion de l’emploi qui s’observe depuis plusieurs années déjà. Depuis 2012, indique le sénateur, on est passé de 76 000 à 50 000 emplois dans l’Hexagone pour PSA. Et le pays de Montbéliard a suivi la même tendance, en passant de 12 000 à 9 000 emplois. Selon l’élu, ces suppressions de postes « renforcent le chômage de longue durée ».
Sa question : « L’ascenseur fonctionne-t-il dans les deux sens ? » Martial Bourquin a encore en travers de la gorge (il fait le geste à plusieurs reprises dans l’hémicycle de PMA) l’annonce d’Hérimoncourt et la gestion du dossier FCSM. Il a peu goûté les déclarations de la responsable des partenariats de PSA et n’a pas apprécié la réponse de Carlos Tavares à Louis Souvet et Jean-Claude Plessis. « Je ne le digérerai, jamais », tance-t-il. « Quand PSA était en grave difficulté, nous étions là », rappelle-t-il.
Penser en termes de filière
Il pointe du doigt ce projet de “compactage”, dont le mot n’est pas très apprécié par de nombreux élus. « Hérimoncourt est victime du compactage en faveur de Vesoul », dénonce Martial Bourquin. Et il questionne : combien de sites, au nom du compactage, vont-aller à Sochaux ? Combien de friches industrielles va-t-on créer ? « Je suis conscient que cela doit se faire à Sochaux, mais PSA doit avoir un dialogue constructif, apporter des contreparties et avoir un comportement éthique, estime Martial Bourquin, avant d’évoquer : PSA devrait avoir l’obligation d’implanter de nouvelles entreprises, sans aller les chercher à Audincourt ou à Mandeure. » Le sénateur met aussi en garde sur le global sourcing, qui met en difficulté les sous-traitants. « Nous sommes sur un chaîne de sous-traitance fragilisée, avec des délais de paiement très long et une absence de visibilité sur les projets de PSA », glisse-t-il, inquiet.
Il insiste pour dire que toute la filière a besoin d’aides publiques. « Les sous-traitants de rang 1, rang 2 ou rang 3 souffrent énormément. Ils ont besoin de la puissance publique. Nous devons être à leurs côté,s car ils n’ont pas la même puissance que PSA. » Et de relever que la nouvelle cadence et les exigences imposées par le constructeur seront difficiles à tenir pour plusieurs d’entre eux. « Il faut penser en termes de filière. »