Deux vélos. C’est la quantité de cycles vendus par la boutique La Piste cyclable, rue de Belfort, à Sevenans, depuis le mois de novembre. La boutique jouxte la R.D. 437, l’un des principaux accès au sud de Belfort, qui enregistre le passage de 16 000 véhicules par jour dans le secteur de Sevenans. Ce sont des données de la société d’équipement du Territoire de Belfort, la Sodeb, qui a la maîtrise d’ouvrage du chantier d’embellissement de la R.D. 437, par délégation du conseil départemental. L’axe est en travaux depuis près d’un an, entre Bermont, Sevenans, Dorans et Botans.
Gokhan Subasi est le gérant de La Piste cyclable. Il détient aussi le garage Subasi et détient la franchise Jet pneus, deux entreprises situées à une centaine de mètres de la boutique de cycles. La boutique a été lancée à l’automne 2023 et s’est installée dans ces locaux au printemps 2024. En moyenne, avant la rentrée 2024, l’entreprise vendait cinq à six vélos, en moyenne, par mois. S’il n’élude pas le poids de la météo dans l’activité morose de sa boutique, « l’effet des travaux se ressent dès le mois de septembre », déplore-t-il. Sur un indicateur en particulier : la fréquentation de la boutique. Et de citer, également, la situation de la boulangerie Ange, fermée depuis plusieurs mois ; la structure est, par ailleurs, en procédure de sauvegarde depuis le 26 novembre 2024. « S’il n’y a plus de flux, il n’y a plus de visibilité », observe Gokhan Subasi.
« Ce qui pose problème, c’est que nous ne sommes pas consultés, ni écoutés. Nous sommes toujours informés à la dernière seconde », regrette le dirigeant, par ailleurs président de l’association de commerçants Bellerive et adjoint au maire de Sevenans, Maryline Morallet. La longueur du chantier commence aussi à peser, surtout que le dirigeant a le désagréable sentiment que parfois l’axe est bloqué et que le chantier n’avance pas pour autant : « Il faut que cela bosse ou que ça ouvre quand cela ne bosse pas. »
Une commission d’indemnisation ?
Gokhan Subasi réclame la mise en place d’une commission d’indemnisation amiable. Selon ses calculs, la situation provoque un manque à gagner de 30 000 euros. Mais il ne réclame que le remboursement des frais fixes (salaires et loyers) : près de 14 000 euros. Il a déjà réduit son effectif. Selon ses dires, mairie et conseil départemental se renvoient la balle sur cette question. Et sa rencontre avec Florian Bouquet n’a pas été couronnée de succès.
« Nous ne sommes pas contre les travaux », modère-t-il, conscient de l’importance d’embellir cette entrée sud de Belfort et de mieux gérer le flux automobile. « Mais pourquoi est-ce toujours aux commerçants de subir les travaux et de s’adapter aux travaux, critique-t-il. Et pourquoi les entreprises ne s’adapteraient-elles pas ? » Des travaux de nuit sont seulement programmés sur la dernière phase, en avril, pour goudronner la chaussée.
Sollicité, Florian Bouquet, président Les Républicains (LR) du conseil départemental n’était pas disponible. Il a adressé nos demandes à la Sodeb. « Nous sommes dans la dernière ligne droite », rassure David Saunier, directeur technique adjoint de la Sodeb. « C’est un projet de qualité, très attendu par la population », replace-t-il également.
La revêtement doit être posé du 22 au 25 avril, précise-t-il, sous réserve qu’il n’y ait pas d’intempéries. Des travaux de nuit « pour minimiser la gêne pour les riverains et les automobilistes », promet-il encore. D’ajouter, pour contrer l’argument de la vitesse du chantier : « Les consignes [du conseil départemental] ont été de mettre tous les moyens qu’il faut pour optimiser la durée du chantier et limiter les nuisances pour les riverains et les commerces. »
David Saunier assure également que le chantier va durer douze mois, alors qu’il était programmé sur vingt mois. Et que des boutiques, comme But, n’ont pas connu de baisses du chiffre d’affaires. Il rappelle aussi qu’une interruption de chantier a été mise en place du 7 février au 24 mars, « pour laisser les commerçants souffler ». Pas sûr que cela rassure Gokhan Subasi : les automobilistes sont nombreux à éviter la zone pour éviter les travaux a-t-il sondé. Ce sont autant de passages en moins projette le gérant. Qui n’attend qu’une chose : être plus écouté.