« Un élu qui travaille au service de ses concitoyens, c’est normal qu’il soit rétribué », annonce, de prime abord, Samia Jaber, élue d’opposition au conseil municipal de Belfort, de la liste de gauche Belfort en Grand. En réagissant à la sortie de Damien Meslot sur les notes de frais (lire notre article), elle se défend, avec Bastien Faudot, d’être « dans la démagogie ». « Ce qui nous a le plus motivé [à organiser un point presse], c’est la méthode employée, l’écran de fumée et les mensonges par omission [de Damien Meslot] », justifie Samia Jaber, ce vendredi après-midi.
Les deux élus ne contredisent pas les chiffres avancés par le maire sur ses frais. Ils ont confiance. D’ajouter, toutefois : « Si nous voulions fouiller les notes de frais, nous ne pourrions pas. » Elle rappelle alors une anecdote lors du précédent mandat de Damien Meslot (2014-2020). Elle avait sollicité les grands livres de compte de la collectivité. Elle avait dû saisir le Cada, la commission des documents administratifs, pour les obtenir. Damien Meslot lui avait finalement transmis, lors d’un conseil municipal. « Mais quelle fut pas notre surprise, s’étonne-t-elle encore. Damien Meslot a fait changer la nomenclature comptable [en arrivant en 2014]. Nous avions des numéros face à des sommes. » Bastien Faudot de compléter : « Il n’y avait plus d’intitulés. » Impossible de vérifier autrement qu’en étant avec le service comptable de la collectivité pour demander à quoi correspond chaque référence. « On ne retrouverait plus la cafetière », sourit, un brin moqueur, Bastien Faudot, en référence à une critique formulée par Damien Meslot à Étienne Butzbach (2008-2014), lors de la campagne électorale de 2014 sur le coût exorbitant d’une cafetière achetée pour son cabinet.
Hausse du nombre de collaborateurs
Les élus recentrent alors le dossier sur les indemnités. Ils rappellent, qu’en 2014, Damien Meslot avait promis de ne pas prendre d’indemnités de maire, car il était député. Bastien Faudot rappelle qu’il n’aurait, de toute manière, pas pu le faire, car les indemnités des élus sont écrêtées. Et avec celle de député et celle du Grand Belfort, il était au maximum, selon lui. « Il fait le choix d’une promesse, mais n’a pas dit au Belfortains qu’ils ne pouvaient pas les prendre », regrette-t-il. En 2017, lorsqu’il doit choisir entre la députation et la mairie, conformément à la loi sur le non-cumul des mandats, Damien Meslot décide d’abandonner la députation. « Le mois d’après, il vote une indemnité à la ville », replace l’élu d’opposition. Et entre l’agglomération et la ville, « il est au taquet des indemnités », glisse-t-il encore.
En 2023, Damien Meslot a perçu 30 149,74 euros brut au titre de son poste de maire et 57 736,26 euros au titre de président du Grand Belfort, soit respectivement 2 512 euros brut par mois pour la mairie et 4 811 euros par mois pour le Grand Belfort. « Ses prédécesseurs, Jean-Pierre Chevènement et Étienne Butzbach, ne percevaient que 2 540 euros brut à l’agglomération et 2 500 euros brut à la Ville », rappelle Bastien Faudot, qui redit que la rétribution est tout à fait normal. Mais il trouve injuste « d’attaquer » et de « jeter en pâture » Étienne Butzbach. « Dix ans après, il a toujours besoin de régler ses compte », s’étonne-t-il. Pourtant, les désaccords politiques n’ont pas manqué entre Bastien Faudot et Étienne Butzbach, dont les deux listes concurrentes de gauche aux élections municipales de 2014 ont clairement libéré un boulevard à Damien Meslot.
« Mais ce n’est pas qu’une question d’indemnités, poursuit Samia Jaber. [Damien Meslot] compare des navets avec des carottes. » Elle regrette notamment qu’il compare le salaire d’un agent de la Ville – le fameux chauffeur – avec une note de frais. « Et ce n’était pas le chauffeur du maire, mais le chauffeur des élus », replace Bastien Faudot, qui va sur un autre sujet, celui des collaborateurs de cabinet. Jean-Pierre Chevènement en avait « deux », Étienne Butzbach, “trois”. « Damien Meslot, sept », indique-t-il. Ce dernier convient que la loi l’autorise d’en avoir quatre pour la mairie et trois pour l’agglomération. « Mais les chiffres, on peut leur faire dire ce que l’on veut », souligne Bastien Faudot. « Selon mes calcul, [ces collaborateurs représentent] un surcoût par an de 200 à 250 000 euros, soit de 1 à 1,2 million d’euros par mandat, indique Bastien Faudot. Et ce sont des emplois au service de la carrière politique de Damien Meslot, et de personne d’autre. » Puis de railler : « Il a sept chauffeurs dans son cabinet pour conduire sa voiture ! »
« Sa politique, c’est d’abord de la communication », déplore, finalement, Bastien Faudot, qui regrette que ces polémiques ne servent qu’à alimenter les « fantasmes » sur le suposé enrichissement personnel des élus pendant l’exercice de leur mandat.