Ciel gris mais sourires lumineux, pour inaugurer le début des travaux de la portion entre Héricourt et l’échangeur de Sevenans dans les deux sens de circulation. François Rebsamen, ancien maire de Dijon, ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation est présent pour ce lancement ce lundi 3 février, après-midi. « Il aura fallu plus de 20 ans pour en arriver là », commente-t-il. « Maintenant, la réalisation va avancer vite », poursuit le ministre.
36 mois de travaux sont annoncés pour cette parcelle. Cet accomplissement est félicité de tous tant il était attendu. Notamment de la Haute-Saône « qui a beaucoup travaillé pour désenclaver son territoire », note la présidente de Région, Marie-Guite Dufay qui relève que cet accomplissement est le fait de la « belle bataille de Krattinger (président du conseil départemental de Haute-Saône, NDLR) ».
Pourtant, la parcelle, côté Haute-Saône, n’est pas longue. Environ 500 mètres sur 4,6 km au total (le reste étant dans le Territoire de Belfort). Mais la RN19 permet au département de consolider son accès vers l’est et l’autoroute A16 suisse, à renforcer la fluidité de la connexion du nord Franche-Comté, à consolider la desserte des équipements structurants de l’Aire urbaine (gare TGV, hôpital Nord Franche-Comté, pôle tertiaire de la JonXion, future zone d’activités des Plutons, zone des Guinottes).
Saturation régulière
Pourquoi des travaux ? À ce jour, environ 20 000 véhicules empruntent quotidiennement les 4,6 km de R.N. 19 entre Héricourt et l’échangeur de Sevenans, dans les deux sens de circulation. 12 % de ce trafic correspond à des poids lourds, selon des données de la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) Bourgogne-Franche-Comté, qui pilote le projet d’aménagement (retrouvez ici le projet).
Aujourd’hui, la saturation du tronçon est régulière. Selon les estimations de la Dreal, 27 000 véhicules emprunteront quotidiennement cet axe en 2045. Cela conduira forcément à un engorgement encore plus important, alors même que la parcelle est déjà encadrée par des sections en 2×2 voies.
Depuis plus de dix ans, les élus ont milité pour la création d’une 2×2 voies sur cette portion. Des concertations ont été lancé en 2020 pour réaliser le projet. Le 10 octobre 2024, les collectivités ont signé la convention de financement. Les travaux doivent désormais démarrer, avec une mise en service envisagée fin 2027, voire début 2028. Si la circulation sera perturbée sur toute cette période, elle ne devrait pas être coupée, assurent les élus.
Une portion accidentogène
Cet aménagement vise à assurer une continuité d’une liaison en 2 x 2 voies, mais aussi à améliorer la sécurité du tronçon, particulièrement accidentogène. Entre 2014 et 2019, ce sont 9 accidents qui ont été comptabilisés, provoquant la mort de 4 personnes. 13 personnes ont été hospitalisées, dont 7 lors d’un même événement, et de 18 blessés légers. « Tous sont dus à un véhicule se déportant ou franchissant la ligne centrale », indique la Dreal dans son dossier de concertation.
En tout, on recense environ un accident mortel par an sur cette parcelle. À titre de comparaison, sur la même période, un seul accident mortel est à déplorer sur le tronçon entre Lure et Héricourt, en 2 x 2 voies. « C’est beaucoup trop. En 30 ans, il y a eu 63 morts. C’est inexplicable à nos concitoyens », insiste Yves Krattinger, président du Département de Haute-Saône.

Qui finance ?
Les travaux de la portion auraient pu démarrer en 2023. Mais le dossier a pris du retard. Notamment car les élus ont regardé la possibilité de départementaliser la parcelle, avant d’abandonner cette idée pour des questions de surcoût (lire ici).
Il a fallu, aussi, régler la question de qui payait quoi. Car au départ, un protocole d’accord signé en octobre 2019 entre les différentes parties avançait un coût total de 23 millions d’euros. Finalement, le coût a grimpé à plus de 30 millions toutes charges comprises. Ce qui a quelque peu crispé le projet.
Dorénavant, la répartition est faite (voir infographie). Si seulement 600 mètres sont en Haute-Saône, le conseil départemental porte tout de même 15,17% du financement total. C’est d’ailleurs aussi la Haute-Saône qui assurera la maîtrise d’ouvrage sur le tronçon terrifortain.
« Il y a eu beaucoup de maîtrise d’ouvrage en Haute-Saône », explique Yves Krattinger.Il détaille les prix : près de 435 millions d’euros ont été investis (par toutes les parties prenantes) sur les routes nationales en vingt ans en Haute-Saône. « Autant vous dire qu’on sait faire. Ce petit tronçon est presque une bricole », plaisante-t-il rappelant que quelques kilomètres resteront encore à faire.L’objectif, à termes, est de poursuivre l’élargissement jusqu’à Morvillars. Mais cela est loin d’être lancé.
Quant à Yves Krattinger, il s’agissait de l’un de ses derniers moments de présidence. Celui qui fut en poste de président du conseil départemental de Haute-Saône pendant vingt-quatre ans, démissionne et laissera la place à Laurent Seguin, maire de Faucogney-et-la-Mer le 10 février prochain.