L’abstention au premier tour rend encore moins prévisibles les résultats du second tour des régionales où quatre listes restent en lice en Bourgogne-Franche-Comté. La présidente sortante, Marie-Guite Dufay, explique redouter un sursaut de mobilisation des électeurs favorables à l’extrême droite. Son représentant, Julien Odoul, l’espère. Le chef de file de la droite, Gilles Platret (LR), estime que “le RN n’est plus un enjeu”.
AFP – Par Angela SCHNAEBELE à Besançon et Loïc VENNIN à Dijon
L’abstention au premier tour rend encore moins prévisibles les résultats du second tour des régionales où quatre listes restent en lice en Bourgogne-Franche-Comté. La présidente sortante, Marie-Guite Dufay, explique redouter un sursaut de mobilisation des électeurs favorables à l’extrême droite. Son représentant, Julien Odoul, l’espère. Le chef de file de la droite, Gilles Platret (LR), estime que “le RN n’est plus un enjeu”.
Extrême droite, gauche, droite et LREM: quatre listes se maintiennent dimanche aux régionales de Bourgogne-Franche-Comté, la gauche sortante, arrivée en tête au premier tour, brandissant la menace d’un sursaut de l’électorat RN. “L’abstention nous emmène sur des zones d’incertitudes très denses”, déclarait dès le lendemain du premier tour la présidente sortante socialiste Marie-Guite Dufay. Les plus de 65% d’abstention ont douché la joie de la Franc-Comtoise de s’être placée en tête du premier tour avec 26,52%, devant le RN (23,19%), faisant ainsi démentir les sondages qui annonçaient un raz-de-marée de l’extrême droite.
“Il va y avoir une mobilisation extrêmement grande (du RN) entre les deux tours pour aller chercher les voix qu’ils n’ont pas eues et ça peut rebattre les cartes”, a averti Mme Dufay. Dans un message lancé jeudi à ses électeurs, elle assure que “l’extrême droite reste en capacité de l’emporter”. “Seulement 20 000 voix séparaient la liste que je conduis de la liste de l’extrême droite au soir du premier tour”, assure l’artisane de la fusion de la Bourgogne et de la Franche-Comté. “J’ai des réserves de voix chez les 70% d’abstentionnistes du RN”, analyse aussi le candidat du parti de Marine Le Pen Julien Odoul. “J’ai besoin de 50 000 voix pour gagner la région, il manque juste une petite participation”, assure-t-il à l’AFP.
Les chiffres pourraient en effet laisser penser que la faible participation a particulièrement affecté le RN. Sur l’ensemble de la région, le RN a perdu plus de 50% de ses voix lors du premier tour de dimanche dernier, comparé au premier tour des précédentes régionales en 2015 (31,5% contre 23 % pour Mme Dufay). Les enquêtes au niveau national semblent confirmer que l’abstention affecte fortement le RN. Selon l’institut Ipsos-Sopra Steria, 73% des électeurs ayant voté pour Marine Le Pen lors de la présidentielle de 2017 n’ont pas mis de bulletin dans l’urne, dimanche, contre 60% pour Emmanuel Macron ou 44% pour François Fillon.
"L'indifférence"
Le politologue Claude Patriat ne croit pas à une forte hausse de la participation ni en un réveil de l’électorat RN au second tour. L’abstention est “un révélateur” du fait que le vote RN n’est pas un phénomène “rationnel”, mais “une coagulation de colères”, selon lui. “Or la colère retombe et redémarre vite: c’est vaporeux. Pour ces régionales, on n’est pas dans la colère. C’est plutôt l’indifférence”, croit le politologue de l’Université de Bourgogne, à Dijon. “Tout le monde s’en fout. Donc on va vers une très large réélection des sortants”, résume encore M. Patriat.
“Le RN n’est plus un enjeu”, croit également le candidat LR Gilles Platret, dans les colonnes de L’Est Républicain. Arrivé troisième dimanche avec 21,04% des voix, il parie plutôt sur un classique combat droite-gauche. Selon Claude Patriat, Mme Dufay “surjoue le danger FN”. “S’il y a vraiment un danger, pourquoi ne pas réunir tout le monde et refuser une alliance avec LREM ?”, se demande l’universitaire, en référence au maintien de Denis Thuriot, tête de liste LREM qui a obtenu 11,69% au premier tour. Mais une alliance allant de la gauche à LREM était impossible: le PCF, allié du premier tour, et les écologistes, qui ont fusionné avec le PS, sont farouchement opposés à un quelconque rapprochement avec le parti présidentiel.
“Il y a un risque très faible, quasi nul”, confirme Denis Thuriot auprès de l’AFP, en parlant du RN. “S’il y avait eu un grand risque, j’aurais pris mes responsabilités”, se défend le maire de Nevers après de vives attaques de la gauche sur son maintien. “Le risque pris par Denis Thuriot est lourd. Sa responsabilité est engagée”, assure ainsi Evelyne Ternant, référente du PCF dans la région. Julien Odoul, lui, affirme se frotter les mains. “La situation est extrêmement avantageuse en quadrangulaire : nous pouvons arriver devant”, assure-t-il.