Jade Belleville, Hugo Guéritaine et Éva Chibane
Moins de trois semaines pour se préparer à une nouvelle élection qui se déroulera sur deux week-ends : celui du 30 juin et du 7 juillet. Certains députés font grise mine. D’autres s’en réjouissent. Dans le nord Franche-Comté, depuis 2022, on recense deux députés du Rassemblement national (RN), un député de la majorité (Renaissance), un député Les Républicains (LR) et un député pour la France Insoumise (LFI). Pour le moment, tous ne se sont pas prononcés sur leur candidature, en attente des décisions au niveau national de leur parti. Le point.
Florian Chauche :
« Les résultats des élections européennes d’hier marquent la défaite cuisante d’Emmanuel Macron. Non seulement il ne fait pas barrage à l’extrême droite, mais il lui déroule le tapis rouge ! » ,commente Florian Chauche, député LFI de la 2nde circonscription du Territoire de Belfort. Pour lui, le choix du Président de dissoudre l’Assemblée nationale place le pays devant un choix défini : porter au pouvoir l’extrême droite « qui parie sur les peurs et le rejet de l’autre, qui vote toutes les lois de destruction de nos libertés et de nos droits », ou porter au pouvoir une alternative de gauche « pour rétablir la justice sociale et protéger la population et la planète ».
Il souhaite une gauche « unie et rassemblée sur un programme clair de rupture » positionnant l’alliance comme la seule capable de faire barrage à l’extrême-droite.
Le député sortant se positionne déjà comme nouveau candidat. Une bataille législative s’annonce, alors qu’en 2022, Sophie Carnicer, candidate du RN avait perdu avec seulement 505 voix d’écart contre lui.
Géraldine Grangier :
« C’est une grande victoire pour nous », se félicite quant à elle Géraldine Grangier, députée Rassemblement national de la 4e circonscription du Doubs. Dans son département, la liste de Jordan Bardella est arrivée largement en tête avec 33,66% des voix. Soit 2 points de plus que sur le plan national. « Je suis très heureuse », insiste la députée. Géraldine Grangier souligne aussi l’abstention qui est moins importante que lors des dernières élections européennes de 2019. Au niveau national, le taux de participation est passé de 50,12% en 2019 à 51,49% ce week-end. « La démocratie parle enfin », se réjouit Géraldine Grangier.
Concernant la décision de dissoudre l’Assemblée nationale, Géraldine Grangier estime que le président de la République a eu « raison ». « Il se trouvait dans une impasse. La majorité n’était plus avec lui », explique la députée. Selon Géraldine Grangier, son principal outil est le « terrain ». « Je suis une députée de terrain », affirme-t-elle. Même si elle n’officialise pas sa candidature, elle « espère que les habitants de la 4ème circonscription salueront [son] travail », conclut-elle. Aux dernières élections législatives de 2022, elle avait été élue à 50,99% au sein de la 4ème circonscription du Doubs. Une victoire l’ayant rendue députée à l’Assemblée nationale. Elle espère, cette année, faire un « meilleur score que la dernière fois ».
Emeric Salmon :
« C’est un bonheur immense. Le choix de Jordan Bardella fait par les électeurs à l’échelle nationale et en Haute-Saône témoigne d’une confiance envers notre parti. » Dans son département, le RN a récolté plus de 45% des suffrages exprimés. Très loin devant la liste présidentielle qui tourne autour de 11%. Emeric Salmon, député de la 2e circonscription de Haute-Saône, savoure. En plus de cette victoire aux européennes, il salue lui aussi la décision du Président de la République de dissoudre l’Assemblée nationale. « Il a, pour une fois, entendu les Français. Cette mesure, on la réclamait. »
Le député se positionne à nouveau comme candidat. « Nous avons trois semaines pour confirmer le vote des Français. L’objectif est l’élection de 300 députés RN le 7 juillet et d’amener Jordan Bardella à Matignon », ambitionne-t-il. « La campagne est en préparation. Je serai sur le terrain dès la fin de semaine, sur les marchés, à la télévision ou encore au porte-à-porte. » La confiance est de mise chez le député de la 2e circonscription de Haute-Saône, car cette fois, le parti a le statut de favori. « On va être la cible des autres partis puisque nous sommes désignés comme les favoris », pense-t-il. Lors des élections législatives en 2022, Emeric Salmon l’avait emporté avec 54,38% des voix face au député Renaissance, Christophe Lejeune.
Ian Boucard :
Ian Boucard, député Les Républicains (LR) de la 1er circonscription du Territoire de Belfort, a pris la parole sur X (anciennement Twitter) concernant la dissolution de l’Assemblée nationale. « La beauté du mandat du député est qu’il vient du peuple et qu’il peut être remis en cause à tout instant. Je n’ai jamais eu peur de me confronter au vote des électeurs, bien au contraire, c’est en votre nom que j’exerce ce mandat. »
Il déclare sa candidature pour les prochaines élections législatives. Lors des dernières législatives de 2022, il est sorti vainqueur à 61,6 % face à Christophe Soustelle (RN).
Nicolas Pacquot :
Sur X, le député Renaissance de la 3e circonscription du Doubs Nicolas Pacquot a réagi à l’annonce d’Emmanuel Macron ce lundi 10 juin. « C’est une décision courageuse », souligne l’actuel député qui se porte candidat à sa réélection. L’idée est claire dans le camp présidentiel : faire face à l’extrême droite. « Je refuse catégoriquement l’idée de voir l’extrême droite au pouvoir, entraînant notre pays dans le repli et le déclin. » Les trois semaines à venir seront déterminantes pour sa place de député qu’il compte défendre. « Aujourd’hui, je suis plus déterminé que jamais à reprendre le combat pour l’avenir de notre pays. » Nicolas Pacquot l’avait emporté en 2022 face à la candidate RN Nathalie Fritsch avec 50,8% des voix.
[Pour le moment, ni Nicolas Pacquot, député Renaissance de la 3e circonscription du Doubs, ni Ian Boucard, député de la 1ère circonscription du Territoire de Belfort, ne nous ont répondu par téléphone.]
Le vote RN déjà prégnant en 2022
En 2022, le Rassemblement national a gagné deux des cinq circonscriptions du nord Franche-Comté aux élections législatives (il était en tête au premier retour dans trois circonscriptions).
Sur les trois autres circonscriptions, le parti a perdu à très peu de voix. Sophie Carnicer, candidate du RN avait perdu avec seulement 505 voix d’écart contre Florian Chauche. Aujourd’hui, seule la 3e circonscription du Doubs est représentée par un député de la majorité présidentielle, avec Nicolas Pacquot. Un électeur sur cinq avait choisi un bulletin Rassemblement national en 2022 dans le nord Franche-Comté, alors que plus d’un sur deux ne s’était pas déplacé.