Attablé au restaurant 1801 à Montbéliard, ce dimanche 30 juin en soirée, Matthieu Bloch trépignait d’impatience. Il attendait les résultats des élections législatives anticipées, provoqué par la dissolution de l’Assemblée nationale, décrétée par Emmanuel Macron le 9 juin. Il était accompagné de quelques élus ; Christophe Froppier, adjoint au commerce de Montbéliard ; et de Rolland Thierry, maire de Beutal. On a pu encore apercevoir David Desgouilles, attaché du groupe politique de Charles Demouge, président de Pays de Montbéliard Agglomération (PMA).
Le candidat s’était déjà présenté il y a deux ans aux élections législatives, mais dans la 4e circonscription, en tant que candidat Les Républicains. Il avait essuyé une large défaite, recueillant seulement 10,7% des voix. Cette fois-ci, il s’est présenté en tant que candidat de l’alliance Les Républicains – Rassemblement national, qualifiée d’alliance d’extrême-droite par le conseil d’Etat. Un terme qu’il réfute. « C’est une union des droites. Des droites qui se sont réunies derrière la volonté de dire non au président de la République . » Et de poursuivre : « La droite qui a eu une envie de changement, de redresser le pays, de remettre de l’ordre dans les comptes, de remettre de l’ordre dans la rue. »
Dans le cadre de l’accord national signé par Eric Ciotti, patron des LR, avec le RN, la 3e circonscription du Doubs fait partie des circonscriptions libérées par le RN au profit d’un candidat LR. Matthieu Bloch n’aura donc pas de candidat lepeniste face à lui. Au premier tour, ce dimanche, il fait le plein des voix, comptabilisant 44,35% des suffrages exprimés. Il devance le député sortant de la majorité présidentielle, Nicolas Pacquot (Horizons), qui recueille 30,22% des votes. 14 points d’écart. « C’est énorme, c’est historique », se félicite-t-il. Pensant directement aux « quelque trois pourcents » qu’il lui reste à aller chercher. Il lançait d’ailleurs un appel au candidat Brandon Kemps, de Debout la France, qui a recueilli 2,10% des suffrages. Celui-ci y a répondu favorablement, en appelant à voter pour le candidat.
« Il va falloir que je rassure »
Il espérait, ce dimanche soir, le maintien de Virginie Dayet, candidate de l’union de gauche. Avec 21,56% des suffrages exprimés, elle était aussi qualifiée, dépassant les 12,5% des inscrits, nécessaires pour aller au second tour. « Je ne vois pas comment une élue communiste pourrait soutenir un élu macroniste », glissait-il alors. Un voeu pieux, aussi, afin de s’assurer que les voix de Nicolas Pacquot ne se multiplient pas. Peine perdue, puisqu’elle s’est retirée, appelant à faire barrage « au Rassemblement national en votant pour Nicolas Pacquot » (lire notre article).
Le candidat était plutôt confiant sur la seconde partie de la campagne. « Si on ne prend en compte que la sociologie de la 3e circonscription, je n’aurai pas dû faire autant de voix. Car c’est une circonscription qui est moins populaire que la 4e, avec des zones urbaines et péri-urbaines et une zone plus riche qu’est le plateau de Maîche avec un PIB par habitant plus élevé. Cela veut dire que j’ai réuni la droite. »
Il est tout de même conscient que les voix qui lui restent à aller trouver sont celles perdues en s’alliant avec le Rassemblement national. « Durant le second tour, il y aura des gens à convaincre, qui ont eu peur avec tout le bashing qu’il y a eu sur le Rassemblement national. Avec ceux qui me faisaient entrer dans la fachosphère. » Il poursuit : « Peut-être qu’il faut aussi que je rassure certaines personnes : je ne suis pas devenu un facho du jour au lendemain. D’ailleurs, le Rassemblement national d’aujourd’hui n’est plus le Front national d’hier. »
Selon lui, l’alliance LR-RN se poursuivra « sereinement à l’Assemblée » si elle obtient la majorité absolue. « Nous partageons des valeurs communes. Le Rassemblement national d’aujourd’hui est le RPR (Rassemblement pour la République) des années 90 ». Cet ancien parti, créé par Jacques Chirac, se réclame du gaullisme et a été un parti d’opposition lors des deux septennats de François Mitterand. Il est ensuite devenu l’UMP en 2002, puis le parti Les Républicains en 2016.
Et de conclure : « Je prends le poids de la responsabilité. La déception peut être à la hauteur de l’attente ; on doit être au rendez-vous. Il y a une vague très claire, une envie de retrouver une France plus patriote qui réponde plus aux sujets régaliens. »