La ville de Belfort est-elle en train de couler ? C’est la métaphore qu’a filée le groupe municipal d’opposition En commun pour Belfort en réponse au bilan de mi-mandat du maire, le 15 septembre dernier. « Le capitaine » Damien Meslot, « va droit dans l’iceberg » estime le groupe de gauche. Cet iceberg : l’intensité des changements climatiques et leurs conséquences sociales. « C’est maintenant que nous devons faire les efforts nécessaires », estime le groupe. Pour eux, la réponse municipale n’est pas à la hauteur actuellement.
« À Belfort, une personne sur 4 vit sous le seuil de pauvreté », pointe Mathilde Regnaud d’entrée. Elle met cette information en parallèle avec certains programmes immobiliers de la Ville. « En parallèle, le maire (Damien Meslot) préfère construire des logements à 3 000 euros du m2 plutôt que de créer des logements sociaux. Un coût similaire à celui d’Aix-en-Provence », détaille l’élue d’opposition. Aujourd’hui, Belfort dispose de 27% de logements sociaux. « Ce n’est pas assez. Et il n’y a plus de volonté de nouveaux logements sociaux », explique-t-elle, relevant que cela pousse les familles modestes ou/et monoparentales à s’excentrer. « C’est pourtant dans le centre qu’elles doivent pouvoir être, pour avoir accès aux commerces, au bus, à la gare », expose René Schmitt.
Mathilde Regnaud met aussi en exergue d’autres chiffres issus des rapports de l’Insee : moins 4 306 habitants à Belfort depuis 2014. Perte de 2 931 emplois. 14% du parc de logements vacants. Et un ménage sur deux composé d’un adulte isolé. Des problématiques sociales qui les alertent énormément. Le groupe expose des pistes sur lesquelles il aimerait pouvoir travailler : une tarification éco-solidaire de l’eau, la rénovation énergétique des bâtiments, l’arrêt de l’artificialisation des sols, la refonte des centres socio-culturels ou encore une « véritable politique participative pour les habitants ». Mais le groupe d’opposition est amer. Il a l’impression de ne pas pouvoir travailler sur ces dossiers, ni même de pouvoir formaliser des propositions.
« Des trouble-fêtes »
Florian Chauche l’assure : « Nous ne sommes pas des opposants systématiques. Nous votons à peu près 80% des propositions sans rechigner. » Le reste du groupe opine. Mais malgré cela, lorsque les élus posent des questions en conseil pour obtenir des éclaircissements, « le ton monte », « la majorité souffle ». « À chaque petite question, petite remarque et surtout attaques personnelles », se désole Annie Baulay. « Nous n’avons accès au dossier que 5 jours avant, ce qui est le minimum syndical. Il faudrait pouvoir travailler jour et nuit pour connaître tous les dossiers par coeur et aussi pouvoir assister aux commissions pour poser les questions qui paraissent bêtes avant », poursuit-elle. René Schmitt déplore de ne pas pouvoir avoir accès à certains dossiers, à des chiffres. « Quand on les demande en conseil, on nous dit qu’on nous les enverra. Et ça n’arrive pas. »
Pas de débat et l’impression d’être « des trouble-fêtes », c’est ce qui lasse le groupe. Alors, En commun pour Belfort se projette pour les prochaines élections. Les élus s’orientent vers une coalition au sein de la gauche. Des discussions sont en cours pour présenter une liste d’union, affirme le groupe.