Emmanuel Macron a annoncé vendredi le retour des grands projets pour la SNCF à l’occasion des 40 ans du TGV, “une grande aventure française” qui doit se poursuivre avec des nouveaux investissements “massifs”.
(AFP)
Emmanuel Macron a annoncé vendredi le retour des grands projets pour la SNCF à l’occasion des 40 ans du TGV (lire notre article), “une grande aventure française” qui doit se poursuivre avec des nouveaux investissements “massifs”.
Ce train à grande vitesse qui a transporté 3 milliards de passagers depuis son lancement en 1981, “c’est l’histoire d’une passion française et d’un génie français”, a lancé le président, lors de la fête d’anniversaire à la Gare de Lyon, à Paris. “Nous allons la poursuivre en grand”, a-t-il promis dans un discours prononcé devant la maquette de la motrice du futur TGV M, le “TGV du futur” que la SNCF doit mettre en service en 2024.
“Pendant tant d’années, on avait bâti de nouveaux projets, mais on n’entretenait plus le réseau”, a rappelé Emmanuel Macron, qui avait annoncé une “pause” sur les nouveaux projets d’infrastructures à son arrivée à l’Elysée en 2017. La construction des 2 700 km de lignes à grande vitesse (LGV) françaises avait en effet plombé les comptes de la SNCF, dont l’énorme dette a longtemps été préoccupante.
Après la réforme ferroviaire de 2018 et le lancement d’un programme de rénovation des voies ferrées, on peut “commencer à réenvisager l’avenir”, a relevé M. Macron. “Aujourd’hui, ce que nous voulons faire ensemble, c’est accélérer.” “La décennie 2020 sera la nouvelle décennie du TGV”, a-t-il lancé, aux côtés du PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou et des ministres de l’Economie Bruno Le Maire, de la Transition écologique Barbara Pompili et des Transports Jean-Baptiste Djebbari.
Le chef de l’Etat a revendiqué “des choix d’investissements massifs” dans les infrastructures, avec notamment le renouveau des petites lignes, une meilleure connexion des ports et la construction de liaisons nouvelles. Rompant avec la pause de 2017, l’État s’est en effet engagé à investir 6,5 milliards d’euros dans les liaisons Bordeaux-Toulouse, Montpellier-Perpignan et Marseille-Nice. Ces sommes correspondent à 40 % de la facture envisagée, les collectivités locales et l’Europe devant apporter le reste.
Des lignes en projet
Emmanuel Macron a aussi cité les lignes Paris-Normandie, Roissy-Picardie et Lyon-Turin, qu’il reste à engager. Pour la SNCF, il a annoncé la suppression d’ici 2023 de deux taxes frappant les trains à grande vitesse, qui servent à financer les Intercités. Ces contributions représentent 200 millions d’euros par an en année normale, selon le groupe public.
Ce coup de pouce va permettre à la SNCF de commander à Alstom 12 TGV M par an comme prévu au départ, alors qu’elle avait décidé de se contenter de 9 trains, faute d’argent. Le nouveau TGV – sa 8e génération – ne sera pas plus rapide que les dernières rames circulant sur le réseau français – 320 km/h –, mais la SNCF le veut plus confortable, plus capacitaire, plus modulable, plus écolo, plus économe. “Longue vie au TGV!” a conclu Emmanuel Macron, qui a multiplié les discours ces derniers jours à sept mois de la présidentielle.
Pendant la cérémonie officielle, une centaine de personnes ont protesté sans incident dans le hall 1 de la gare, à l’appel de SUD-Rail, contre la politique ferroviaire du gouvernement. Lancé par Georges Pompidou et construit sous Valéry Giscard d’Estaing, le TGV a été inauguré le 22 septembre 1981 par François Mitterrand. Il était orange, ne roulait qu’à 260 km/h, et mettait 2 heures 40 entre Paris et Lyon, contre 3 heures 40 pour les trains les plus rapides auparavant ; un trajet réduit à 2 heures dès 1983.
Pour l’anniversaire de son train fétiche, le groupe public a choisi de jumeler cette fête avec les Journée du patrimoine, et une double exposition sera ouverte tout le week-end Gare de Lyon et à Ground Countrol – une ancienne halle de tri postal située à deux pas – à Paris. La fête est aussi pour la SNCF une occasion d’oublier un instant la pandémie de Covid-19, qui lui a fait perdre des milliards d’euros. Son TGV était en effet une activité fort rentable, avant la crise sanitaire. Le grand défi de la compagnie nationale est maintenant de faire revenir les passagers dans les trains, et notamment la clientèle affaires –alors que la concurrence commence à arriver. “On a passé un bon été”, s’est félicité le directeur de SNCF Voyageurs, Alain Krakovitch, pour qui “la rentrée se passe bien” avec des signes encourageants pour la reprise du trafic business.