La commission européenne a validé, mardi, une subvention de 8,9 millions d’euros à Hynamics. La subvention finance le projet Multicit’hy de la filiale d’EDF, un programme de 4 stations de production et de distribution d’hydrogène par électrolyse à Belfort, Nice, Gardanne et Nantes. Le point sur une infrastructure clé du déploiement de cette technologie dans le nord Franche-Comté.
La commission européenne a validé, mardi, une subvention de 8,9 millions d’euros à Hynamics. La subvention finance le projet Multicit’hy de la filiale d’EDF, un programme de 4 stations de production et de distribution d’hydrogène par électrolyse à Belfort, Nice, Gardanne et Nantes. Le point sur une infrastructure clé du déploiement de cette technologie dans le nord Franche-Comté.
La Commission européenne vient d’attribuer une subvention de 8,9 millions d’euros à Hynamics, une filiale d’EDF qui propose des offres hydrogène bas carbone pour la mobilité et l’industrie. Elle est fléchée vers son projet Multicit’hy, un programme de construction de quatre stations hydrogène décarbonées, par électrolyse, à Belfort, Nice (Alpes-Maritimes), Gardanne (Bouches-du-Rhône) et Nantes (Loire-Atlantique). Trois projets français ont été retenus dans le cadre de ces fonds, pour un montant total de14,6 millions d’euros.
Cette subvention est « une étape décisive », confie Christelle Rouillé, directrice générale d’Hynamics. « Ce projet s’inscrit très clairement dans notre démarche européenne du Pacte Vert européen, qui prévoit la neutralité climatique de l’Union Européenne d’ici 2050. Il répond également à la stratégie européenne pour l’hydrogène, que nous discutons actuellement au Parlement européen », commente le député européen Christophe Grudler (MoDem).
Dans sa globalité, le projet doit permettre d’installer une puissance cumulée d’électrolyse de 8 MW, « représentant un potentiel de production de 3 200 kg/jour », indique un communiqué de presse commun de la Banque des Territoires, d’Hynamics et de la Commission européenne. Cette production est destinée à des usages de transports terrestres, fluviaux et maritimes ; à Belfort, il alimentera dans un premier temps une flotte de sept bus du réseau urbain Optymo.
7 bus hydrogène pour le réseau belfortain
À l’origine, dans le projet, les bus hydrogène du SMTC devaient faire la connexion entre Montbéliard et Belfort. Mais le projet a évolué, compte tenu de contraintes techniques. Les positionner sur ce réseau entre les deux villes posait des problèmes de stockage et de ravitaillement des bus, notamment pour ceux qui débutaient leur parcours depuis Montbéliard, alors que le dépôt et la station sont à Danjoutin. De plus, pour prendre l’autoroute, il faut un car et non pas un bus. Et les cars hydrogène ne sont pas encore développés.
La station belfortaine est installée à Danjoutin, au pied de la voie ferrée et en face du dépôt des bus Optymo. Elle prévoit une installation de 1 MW ; en comparaison, la station de Nantes-Saint-Nazaire prévoit une installation de 4 MW.
Une subvention européenne pour le SMTC ?
De son côté, la Banque des territoire participe au projet avec une prise de participation de 18,5 millions d’euros ; le projet enregistre ainsi une aide de 27,4 millions d’euros. Les montants fléchés vers chaque site et le coût de chaque station ne sont pas encore communiqués par Hynamics, qui devrait le faire d’ici quelques semaines apprend-t-on auprès de la filiale d’EDF. Selon nos informations, 8,9 millions d’euros correspondent à 20 % du projet total, soit un projet de quatre stations qui avoisinerait les 45 millions d’euros.
Cette subvention était fléchée vers le volet « production et distribution ». D’autres sont fléchées vers les « usages ». Une brique qui concerne justement le syndicat mixte des transports en commun (SMTC), qui gère le réseau Optymo. Il doit acheter sept bus à hydrogène qui s’alimenteront à cette station. Le SMTC a déposé deux dossiers de subventions. Le premier auprès de la Commission européenne. La réponse est attendue en avril informe Christophe Grudler. Le second est une demande de subvention auprès de l’agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Là aussi, « on attend la réponse », confirme de son côté Damien Meslot, président du Grand Belfort ; lors d’une interview accordée au mois de septembre, Damien Meslot était déjà dans l’attente de la subvention de l’Ademe (la retrouvez ici).
Un projet à plus de 4 millions d’euros
Pour Optymo, l’achat de bus hydrogène est un surcoût certain. Le coût unitaire d’un bus hydrogène est de 620 000 euros l’unité, contre 300 à 350 000 pour un bus classique. Ce projet d’achat s’élève au total à 4,375 millions d’euros lorsque l’on ajoute la mise aux normes des ateliers de la régie des transports du Territoire de Belfort (RTTB), qui gère la flotte. Le projet a déjà été retenu par le dispositif Territoire d’Innovation, dont le nord Franche-Comté a été lauréat, en septembre 2019 (notre article). Mais en France, les subventions sont plafonnées à 40 % du budget total, d’où l’intérêt de solliciter des fonds européens qui ne répondent pas à cette mesure de plafonnement. Le SMTC a donc sollicité 560 000 euros. Le reste de l’enveloppe est assurée en auto-financement.
Cet investissement du SMTC permet à Hynamics de sécuriser son projet ; il aura un client régulier dès le départ. Ensuite, il pourra s’ouvrir aux industriels qui travaillent sur l’hydrogène-énergie dans le secteur, comme Gaussin, Isthy, Faurecia ou Alstom. Et pourquoi pas, à terme, l’ouvrir aux particuliers qui circulent notamment sur l’A36, que ce soit des poids lourds ou des voitures comme la Toyota Mirai. « La station participe à un écosystème, observe Marc Rovigo le directeur du syndicat mixte des transports en commun. Et en achetant ces bus, nous concourront à la création de ce système. »
Aujourd’hui, le SMTC travaille en lien avec Hynamics sur le dimensionnement de la station, sur les entrées ou la quantité nécessaire d’hydrogène par jour et le moment où elle doit être disponible.
Les bus choisis avant juin
Lorsque les subventions seront connues, le SMTC pourra choisir ses bus ; avant la fin du premier semestre. Ça sera le feu vert pour enclencher la phase suivante. Ils devraient être alors livrées à l’automne 2022. Selon Christophe Grudler, les stations d’Hynamics doivent être mises en service entre fin 2022 et mi-2023.
Aujourd’hui, sur le marché, deux constructeurs fournissent des bus à hydrogène aboutis : le Français Safra, qui équipe notamment Pau, et le Belge Van Hool, qui équipe deux bus entre Versailles et Jouy-en-Josas depuis septembre 2019.
Et ces sept nouveaux bus ne sont qu’une première étape. À partir de 2025, tous les nouveaux bus achetés devront être propres, au nom de la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte. Le SMTC veut aller vers une flotte propre, « mais surtout 0 émissions », confie Marc Rovigo. En clair, pas de flotte au gaz naturel pour véhicules (GNV), comme sur le réseau évolitY, qui rejette du CO2. Des véhicules jugés propres.
Sur ce dossier, « il ne faut pas louper le train », confie finalement Marc Rovigo. Ou plutôt le bus. En tout cas, « le virage de l’hydrogène », sourit le directeur du SMTC.
Un système qui répond aux besoins
L’hydrogène se prête bien à la physionomie du réseau belfortain. Les lignes urbaines parcourent en moyenne 400 kilomètres par jour. Aujourd’hui, un bus électrique à batterie, qui serait aussi 0 émissions, offre une autonomie de 250 km par jour. De plus, son temps de recharge avoisine la dizaine d’heures. En journée, pour recharger le bus, il faudrait donc installer des infrastructures type pantographes, au cœur de la ville. Des installations qui pourraient être rapidement obsolètes estime Marc Rovigo. Avec l’hydrogène, les bus font des pleins en une dizaine de minutes et peuvent assurer l’ensemble de la tournée. « L’hydrogène correspond à nos problématiques », explique Marc Rovigo. La station, placée à proximité de l’A36, est surtout située en face du dépôt des bus Optymo. « On ne change pas nos habitudes », apprécie-t-il..