Opération de communication, un brin provocatrice, de Damien Meslot, maire de Belfort, et Florian Bouquet, président du conseil départemental du Territoire de Belfort. À côté des grosses enveloppes annoncées par l’État dans le cadre de son plan de relance, les deux élus défendent des projets concrets et attendent un soutien de l’État.
Opération de communication, un brin provocatrice, de Damien Meslot, maire de Belfort, et Florian Bouquet, président du conseil départemental du Territoire de Belfort. À côté des grosses enveloppes annoncées par l’État dans le cadre de son plan de relance, les deux élus défendent des projets concrets et attendent un soutien de l’État.
Il y avait une pointe de défi dans cette conférence de presse de Damien Meslot, maire Les Républicains de Belfort et président du Grand Belfort, et de Florian Bouquet, président Les Républicains du conseil départemental du Territoire de Belfort. Même s’ils s’en défendent. « Tous les jours, on nous annonce des milliards, voire des centaines de millions d’euros », raille Damien Meslot, en préambule.
Les deux élus agissent en réaction : d’abord aux annonces de la préfecture dans le cadre du plan France relance ; puis en réaction aux déclarations de Christophe Grudler, député européen, dans L’Est Républicain. Pour le dernier nommé, Damien Meslot dégaine : « Aucun crédit [européen] n’est fléché vers le Territoire de Belfort. Les fonds européens passent par le pôle métropolitain qui les présente à la Région. Il n’y a pas trop d’illusion [à avoir] sur l’Europe. » Le message est passé.
"Je ne crois que ce que je vois"
« Je suis comme saint Thomas, je ne crois que ce que je vois », affirme Damien Meslot. « Les projets portés par les collectivités sont peu accompagnés. Il n’y a aucune visibilité quant aux futurs plans d’aides et les opérations actuellement subventionnées le sont de longue date », affirment les deux élus. Entre quelques attaques, Damien Meslot n’oublie pas de remercier, quand même, la préfecture pour la subvention attribuée à la digue de l’étang des Forges: 300 000 euros sur un projet évalué à 810 000 euros (soit 37% du montant).
Les oubliés du plan de Relance, « ce sont les collectivités territoriales », affirme Florian Bouquet, qui déplore une hausse de 11,3 % du revenu de solidarité active (RSA) depuis le 1er janvier. 4 millions d’euros supplémentaires devront être budgétisés en 2021 pour faire face aux conséquences de la crise sanitaire liste-t-il. Lors de sa présentation, en fin de semaine dernière, la préfecture remarquait que les dotations aux collectivités s’élevaient à 5,2 millions d’euros en 2020, via la dotation de soutien à l’investissement local (DSIL). Deux enveloppes exceptionnelles supplémentaires ont été mobilisées passant le montant initial des dotations de 3,2 à 5,2 millions d’euros.
Un demi-milliard d’euros de projets
Damien Meslot et Florian Bouquet ont donc sorti la calculatrice et mené un inventaire à la Prévert des projets qu’ils ont pour leurs trois collectivités, d’ici 6 à 10 ans. Des projets qu’ils soumettrons au préfet, dans une lettre. Ville de Belfort et Grand Belfort avancent un total d’investissements potentiels de 225,7 millions d’euros, citant les projets de l’extension du square Lechten et de la fondation Jardot, la reconversion de la place de la République, les aménagements de la zone de l’ancien hôpital, la création d’une passerelle cyclable reliant la piste François-Mitterrand à la rue de l’Égalité.
Le conseil départemental avance 269,2 millions d’euros d’investissement, autour du plan Gymnase, les prolongements des contournements de l’Aéroparc, dans le secteur de Frais et de Lagrange ou le développement du réseau cyclable. « Ce sont des choses extrêmement concrètes », appuie Florian Bouquet, qui rappelle que 70 % des commandes publiques sont assurées par les collectivités territoriales. « Ce n’est pas de la parlotte. »
« Ils trouveront bien les bonnes cases pour nos projet »
L’opération de communication politique des deux élus est plutôt bien assumée. « L’État vante [bien] son plan de relance à l’appui de plans de communication, national et local », justifie le maire de Belfort, avec une pointe d’ironie. Damien Meslot glisse, qu’au prorata de la population, les 100 milliards annoncés sur trois ans par l’État doivent correspondre à une enveloppe de 220 millions d’euros pour le Territoire de Belfort.
Il affirme être surtout un « bon républicain ». En substance : le préfet lance un appel à projet; il y répond. « Il y a 300 lignes dans le plan de relance. C’est très compliqué pour nous, collectivités territoriales, d’y voir clair », glisse Damien Meslot, avec un léger sarcasme. « Ils trouveront bien les bonnes cases pour nos projet », souffle-t-il également, avant de louer « les compétences » du préfet et « les relais qu’il a ». Que faut-il lire entre ces lignes ? Veut-il rappeler que Jean-Marie Girier, préfet du Territoire de Belfort, arrivé à la fin de l’été, a été directeur de campagne d’Emmanuel Macron à l’occasion des dernières élections présidentielles ? Le plus jeune préfet de France est en effet un proche du président de la République. À 18 mois des présidentielles, il n’est pas étonnant que quelques coups politiques commencent à voler ! Et le maire de Belfort aime ces joutes électorales. Damien Meslot en joue et affirme juste qu’en répondant aux appels à projets du préfet, « le grand chef, Jupiter (Emmanuel Macron, NDLR), sera content. Et nous, on sera contents ». Ironie vous dites ?
« On n’est pas dans la critique, assurent Damien Meslot et Florian Bouquet. [Mais] renvoyez-nous l’argent ! » Ils estiment qu’une aide de l’État sur ces dossiers pourrait permettre d’anticiper des travaux et de stimuler l’activité. « On pourra faire plus vite », soulignent-ils. Pour soutenir l’emploi. Et l’attractivité du territoire. Autant de défis, « pour que des cadres de haut niveau acceptent de venir ici », rappelle, encore une fois, Damien Meslot. Comme un refrain.