Vous avez annoncé votre candidature aux élections municipales de Belfort lors de vos vœux en janvier. Vous l’officialisez lors de la venue de Marc Fesneau vendredi dernier…
J’ai effectivement annoncé ma candidature en janvier, dans une relative discrétion. Cette fois, il s’agit d’une confirmation qui ne surprendra personne, tant mon attachement à Belfort est profond. Cette ville m’a tout donné, et j’y ai consacré mon engagement politique. Sans elle, je ne me serais jamais investi dans la politique. C’est à travers Belfort que j’ai découvert mon intérêt pour les enjeux régionaux, nationaux, puis européens et internationaux. Mon parcours s’inscrit ainsi dans une logique ascendante, du local vers l’international, contrairement à d’autres itinéraires politiques.
Il n’est pas possible d’être à la fois maire et député européen. Il faudra donc démissionner ?
En effet, la fonction de député européen est incompatible avec tout mandat exécutif local. Il est donc impossible d’être maire, adjoint ou président de conseil départemental. Toutefois, il est possible de détenir un mandat local simple, comme celui de conseiller municipal, régional ou départemental. Je suis actuellement conseiller municipal, ce qui démontre la cohérence de mon engagement local. Cette fonction est essentielle à mes yeux.
Vous occupez des fonctions importantes au Parlement européen. Qu’est-ce qui vous pousse à vous tourner vers la municipalité, quitte à renoncer à votre mandat européen ?
Mes responsabilités européennes sont significatives. J’interviens notamment dans les secteurs de l’industrie, de l’énergie, de la défense et du spatial. Loin d’être incompatibles avec l’échelon local, ces compétences peuvent être mises au service de Belfort. Mon réseau et mes connaissances représentent une opportunité pour faire avancer la ville.
Par ailleurs, ce qui m’inquiète le plus aujourd’hui, à Belfort comme ailleurs, c’est la montée des extrêmes, qu’ils soient de droite ou de gauche. Ces mouvements représentent un danger pour la ville. Je me situe dans un espace central, capable de rassembler au-delà des clivages partisans. Mon engagement a toujours reposé sur l’ouverture et le pragmatisme, et je compte poursuivre dans cette voie.
Des alliances sont-elles possibles ?
Je ne me limite pas au Modem. Et les élections municipales ne sont pas uniquement une question de partis. Il s’agit avant tout d’un projet de territoire. C’est avec cette logique d’ouverture que je souhaite empêcher Belfort de basculer dans l’extrémisme. Une candidature centriste et modérée offre une alternative capable d’attirer des électeurs venus de divers horizons. Il s’agit d’une campagne fondée sur des projets concrets, à l’image de ce que nous faisons au Parlement européen, où nous construisons des majorités sur des textes en convainquant des interlocuteurs de différents groupes politiques, tellement que François-Xavier Bellamy (LR) ou Raphaël Glucksmann du groupe Socialiste. Alors à Belfort, nous avons un an pour faire avancer les choses dans ce sens.
Quels sont, selon vous, les enjeux majeurs pour Belfort pour le mandat à venir ?
Le premier enjeu est d’empêcher la prise de pouvoir des extrêmes à Belfort. Le second est de définir une stratégie de développement à long terme, sur dix à quinze ans, sans considération électoraliste et sans vision tactique qui permettrait de gagner les prochains mandats. Et vous savez, je n’ai plus trente ans non plus. Je ne vais pas m’installer en tant que maire pour les trente ans à venir, je veux juste faire partager mon expérience qui peut être utile à tout le monde.
L’objectif est d’assurer la prospérité du territoire et d’éviter l’exode des jeunes vers d’autres régions.Il faut faire des choix courageux, parfois impopulaires à court terme mais bénéfiques sur le long terme. Ma priorité est d’agir pour l’intérêt général, sans clientélisme. Je n’ai pas la science infuse, mais je suis convaincu que la construction collective est essentielle pour développer des projets ambitieux.
Par quoi commencer ?
Plusieurs enjeux majeurs se dégagent. Tout d’abord, l’économie locale doit être diversifiée pour accompagner les mutations de l’industrie automobile et énergétique. Le développement de l’industrie de la défense représente une opportunité à saisir, compte tenu de la présence de plus de 2 000 militaires à Belfort. De même, le secteur spatial connaîtra une multiplication par quatre des investissements dans les cinq prochaines années. Belfort et le nord Franche-Comté doivent se positionner sur ces marchés. Car oui, il faut qu’on travaille en intelligence dans le nord Franche-Comté. Autant, l’Europe est le meilleur bouclier pour défendre la France, autant l’aire urbaine est le meilleur bouclier pour défendre à la fois Belfort et Montbéliard. Mais comme chacun est sur le chacun pour soi…. Tant qu’on est sur ces logiques là, on s’affaiblit.
Ensuite, l’attractivité de Belfort pour les familles doit être renforcée. Il faut développer les infrastructures éducatives, culturelles et sportives pour accueillir de nouveaux habitants. Nous avons besoin d’enfants dans cette ville et nous devons avoir une logique de re-développement.
Enfin, les enjeux environnementaux sont cruciaux. La ministre a lancé ce matin le plan écologie au niveau national. Il est clair qu’aujourd’hui, dans une ville comme Belfort, on doit réfléchir pour savoir comment on fait face au changement climatique. Il va y avoir un réchauffement, on le sait. Comment on va minéraliser nos places ? Comment trouver des solutions, comment trouver des espèces qui résistent au réchauffement, comment permettre aussi à tout écosystème local de fonctionner ? Là, il y a un enjeu.
Comment votre expérience au Parlement européen vous permettra-elle d’apporter des solutions à ces problématiques à l’échelle locale ?
Je dispose d’un réseau considérable et ai proposé mon aide aux acteurs du nord Franche-Comté. Et je ne peux pas vraiment dire que je suis en parfaite collaboration avec les autorités en place dans l’agglomération de Belfort. Alors que d’autres territoires, comme Toulouse, ont su tirer parti de mon expertise. À Belfort, on ne veut pas de mes idées. Heureusement, j’ai des relations dans le monde économique, dans le monde syndical. Mais aujourd’hui, nous avons un problème de fond : il n’y a pas de collaboration, il n’y a pas de mise en commun. Mon expérience n’est pas la bienvenue et des occasions sont manquées. Ne vous méprenez pas, je ne viens pas dans une logique de règlement de comptes.
Si nous parvenons à dépasser les querelles partisanes et à nous concentrer sur l’intérêt de Belfort, nous pourrons construire une majorité de projets. Et je pense que c’est comme cela qu’on pourra désamorcer les extrêmes. Si les gens sentent qu’un projet est vraiment fait pour eux, et pas seulement dans une logique de jeu de politique qui veulent se maintenir ou prendre le pouvoir pour le pouvoir. Tout notre challenge, ça va être ça. Créons une majorité de projets à Belfort. Mon rêve serait d’unir les forces républicaines de gauche, de droite et du centre autour d’un programme commun. Si ce n’est pas le cas aujourd’hui, c’est l’objectif que nous devons poursuivre.
