Le chantier de McPhy. La future station hydrogène d’Hynamics de Danjoutin. Les ateliers des locomotives d’Alstom. Les PME en voie d’industrialisation MS-Innov et H2SYS. Le Crunch Lab de l’université de technologie de Belfort-Montbéliard (UTBM), au Techn’Hom. Les start-ups Inocel, Mincatec, Neext engineering, Purple alternative surface, Storabelle, Parco et Energiestro… Le tour d’horizon proposé à Bruno Bonnell, secrétaire général pour l’investissement, dans le Territoire de Belfort, ce mercredi 17 mai, a été large. Les fondations du passé. Le présent. Et l’avenir. Proche ou plus ou moins lointain. Mais ces projets ont tous en commun d’être des projets industriels qui maintiennent l’identité et l’ADN de ce territoire et montre sa résilience malgré des décennies de désindustrialisation et plusieurs années de plans sociaux.
« En France, quand on pense industrie, on pense Zola, quand on pense à l’agriculture, on pense à Peguy et quand on pense à l’école, on pense à Jules Ferry », déplore Bruno Bonnell, en charge de France 2030. Dans la lignée de France relance, ce plan est doté de 54 milliards d’euros, déployés sur 5 ans. Il « doit permettre de rattraper le retard industriel français, d’investir massivement dans les technologies innovantes ou encore de soutenir la transition écologique », indique le ministère de l’Économie.
« La France a les pieds dans le XIXe siècle », regrette-t-il. Mais « [Belfort] est la démonstration qu’on peut le faire », souligne-t-il, appréciant le caractère pionnier du territoire « Dans cette néo-industrialisation, Belfort est un vrai modèle », enchaine le secrétaire général à l’investissement. Et cette dynamique doit permettre à la France de se remettre « en tête des grandes régions industrielles européennes », croit Bruno Bonnell. Il y a un an, lors du discours de Belfort d’Emmanuel Macron (lire notre article), « j’ai vu une graine d’avenir », confie-t-il. « Là, je l’ai vue pousser. » Puis de poursuivre : « La dynamique est une preuve que cela finit par payer, qu’il faut croire en l’industrie et que ce territoire n’a jamais baissé les bras. Et là, on ne repart pas de zéro. » Bruno Bonnell d’apprécier finalement de sa visite dans le Territoire de Belfort : « C’est un territoire où on se relève les manches. »
H2SYS et MS-Innov soutenues
Sur l’hydrogène, il est certain que le nord Franche-Comté va devenir the place to be, pour reprendre son expression, estimant que les talents vont attirer les talents. L’installation d’Inocel, annoncée la semaine dernière, témoigne de cette vitalité autour de l’écosystème hydrogène qui se constitue dans le nord Franche-Comté.
Surtout que le manque d’attractivité de l’industrie est aujourd’hui un vrai frein à la réindustrialisation, comme le pointait du doigt la géographe Anaïs Voy-Gillis, spécialiste de la question industrielle, dans Le Figaro. Dans cette dynamique, le nord Franche-Comté a sa carte à jouer avec une identité industrielle déjà présente convient la délégation en visite. Et sur ce dossier, un projet autour de la formation dans le nord Franche-Comté sera soumis aux fourches caudines de France 2030 pour percevoir des subsides et soutenir cet effort, nécessaire à l’implantation et au déploiement de la filière.
France 2030 a également confirmé ce mercredi son soutien à deux entreprises. La première, MS-Innov, reçoit un soutien de 2,8 millions d’euros, dans le cadre du programme « Soutien à l’offre de solutions pour l’industrie du futur ». Ce programme accompagne la R&D de demain. Pour MS-Innov, c’est le soutien à l’élargissement de sa gamme de robot alternatif (lire notre article). H2SYS est pour sa part accompagné dans le dispositif « premières usines ». L’entreprise fait partie des 13 nouveaux projets annoncés la semaine dernière. 31 projets sont aujourd’hui soutenus. Doté de 550 millions d’euros sur 5 ans, ce programme « a été créé pour aider les start-ups et les PME innovantes à implanter leurs premières usines de production innovantes sur le territoire », indique le dispositif. H2SYS reçoit plusieurs millions d’euros. Souvent, le soutien correspond plus ou moins à 30 % de l’investissement global de l’usine indique Bruno Bonnell. « On vient abonder pour dérisquer le projet », explique le secrétaire général à l’investissement. Pour que l’État mette un euro, il faut qu’il y ait un investissement privé en face, de l’ordre de 3 à 4 euros schématise-t-il. Sébastien Faivre, le gérant d’H2SYS, espère industrialiser ses solutions d’ici 2025.
Au-delà de soutenir les industries françaises, Anaïs Voy-Gillis insistait qu’il n’y aurait « pas de réindustrialisation pérenne sans demande pour des produits français ». Le soutien à l’offre ne doit pas être oublié pour garantir cette réindustrialisation.