« Ce sont des méthodes de voyous. » Damien Meslot, maire Les Républicains (LR) de Belfort, est profondément agacé. Il ne veut pas recevoir de leçons d’écologie. Il n’a que peu goûté la dernière action de la délégation locale du mouvement écologiste Extinction Rebellion ; un groupe Belfort-Montbéliard est né fin 2022. Sa taille ? Aucune information à ce sujet. Mais depuis quelques mois, il se fait plus visible. « Nous sommes un collectif qui défend la cause environnementale », indique un membre du groupe, souhaitant conserver l’anonymat. Il souligne aussi que le mouvement ne mène que des actions non-violentes.
Damien Meslot les attaque pour « faux et usage de faux » et pour « usurpation d’identité », indique-t-il en marge d’une conférence de presse, ce mardi matin ; elle lançait le chantier de la ferme solaire de l’Aéroparc de Fontaine. Il s’est rapproché de son avocat en ce sens.
Le 12 septembre, une trentaine de commerçants de la ville de Belfort ont reçu un courrier (lire ci-dessous). Il précisait qu’il avait été constaté que leur vitrine était allumée, alors qu’elle devait être éteinte « entre 1 h et 7 h du matin afin de réduire les nuisances en général et envers la biodiversité en particulier », peut-on lire dans ce document. Le courrier met en garde contre une amende de 1 500 euros et d’une astreinte de 200 euros par jour de non-respect des dispositions. Les commerçants avaient cinq jours pour appliquer la règle. La lettre est signée de « Damien Meflot, maire de Belfort ». On y voit aussi, en tête de courrier, le logo de la Ville de Belfort. La faute au nom du maire est volontaire.
« Il fait notre publicité »
« C’était une façon humoristique de le dire aux commerçants », confie un membre du collectif, joint par la rédaction. Et d’énumérer, sur la lettre, des éléments qui invitaient à la prendre au second degré : le sablier d’Extinction Rébellion dans le tampon ; l’heure extrêmement précise de la constatation.
« Nous sommes très étonnés que la réaction du maire puisse être une menace de plainte plutôt qu’une invitation à faire respecter la loi », commentait le groupe dans un communiqué de presse revendiquant l’action, à la suite d’un article publié par L’Est Républicain. Le collectif rejette l’accusation « extorsion ». « À aucun moment nous ne réclamons de l’argent », rappelle Extinction Rébellion. Sur l’usurpation d’identité, il rappelle le nom tronqué. « Quant aux méthodes de voyous… souffle cette même source avec ironie. Nous n’avons blessé personne, on a juste rappelé la loi ! » Puis d’enchaîner : « [Damien Meslot] est un écologiste de pacotille. » Le ton est donné.
Le groupe a déjà mené des actions symboliques ces derniers mois, notamment avec des autocollants évoquant ce besoin d’éteindre les lumières. Une démarche qui s’inscrit dans une action d’envergure nationale, « C’est pas Versailles ici ! ». « Nous faisons des opérations de communication », explique cette personne. De conclure, en souriant et en repensant à l’action judiciaire que souhaite mener Damien Meslot : « Il nous rend service ! Il fait notre publicité. »