Bastien Faudot, conseiller municipal d’opposition de la gauche républicaine et socialiste (GRS), questionne le projet d’implantation d’une plateforme logistique à Fontaine.
Un mois après l’annonce de l’implantation d’une plateforme logistique à l’Aéroparc de Fontaine par Damien Meslot, Bastien Faudot, conseiller municipal d’opposition de la gauche républicaine et socialiste (GRS), questionne le projet autour du nombre réel d’emplois créés, l’impact négatif de cette activité économique et la constructibilité ; la zone envisagée est classée en zone humide. Damien Meslot répond que cette situation est anticipée. Décryptage.
1. Y aura-t-il 1 000 emplois créés ?
Pour Bastien Faudot, conseiller municipal d’opposition, l’annonce formulée par Damien Meslot à l’occasion de la communication faite sur l’implantation d’une plateforme logistique à Fontaine, n’a aucun sens. Et il s’appuie sur une note du commissariat général au développement durable de mars 2019. Celle-ci précise qu’en moyenne, pour 10 000 m2 de surface d’entreposage, 47 personnes sont recrutées. En utilisant ce ratio, la nouvelle plateforme logistique de Vailog emploierait plus de 350 personnes. Pour Bastien Faudot, c’est bien loin des 1 000 emplois annoncés. En regardant les plateformes implantées, plusieurs situations sont observées : 50 000 m2 pour Ikea au port de Gennevilliers, avec 100 emplois prévus, soit un ratio de 20 emplois pour 10 000 m2 ; 46 000 m2 pour Lidl à Saint-Quentin-Fallavier, pour 250 emplois, soit un ratio de 54,3 emplois pour 10 000 m2 ; 26 000 m2 pour Carrefour à Aulnay-sous-Bois pour 300 emplois, soit un ratio de 115,4 emplois au 10 000 m2. La taille influe inévitablement sur la moyenne d’emploi. Toutefois, ce qui fait la différence, selon le commissariat général au développement durable, c’est la durée de stockage. « En moyenne, lit-on dans la note, un entrepôt ou plateforme logistique qui stocke moins d’un jour emploie 150 personnes pour 10 000 m2. Ceux dont la durée de stockage des marchandises est comprise entre un et trois jours emploient en moyenne 100 personnes pour 10 000 m2, tandis que ceux dont la durée de séjour excède 30 jours en emploient 28 en moyenne. » À Belfort, Damien Meslot, le président de l’agglomération, informe que la plateforme prévue par Vailog est une plateforme intermédiaire, qui doit alimenter les plateformes du dernier kilomètre, qui va ensuite directement aux utilisateurs. Selon l’édile, ce type de plateforme est plus génératrice d’emplois. Lors de la conférence de presse, plusieurs noms avaient été évoqués pour le client final : DHL, FedEx, Zalando, Amazon, La Poste, Ikea, Alstom ou encore British Airways.
2. Ce projet est-il d’intérêt public ?
« D’un point de vue politique, ma réponse est non », répond, catégorique, Bastien Faudot. Il regrette que le départ d’emplois hautement qualifié et de haute technologie de General Electric soit remplacé par des emplois peu qualifiés. « C’est l’intégration à Belfort de ce que l’économie mondialisée fait de pire », tance-t-il. Il regrette également le « désastre social », créé par ce type d’implantation, se référant à l’analyse du député Mounir Mahjoubi (LREM). Selon lui, la création d’un emploi chez Amazon détruit 2,2 emplois dans les commerces traditionnels. « C’est l’organisation d’un suicide collectif de l’économie européenne, de la France et du nord Franche-Comté », dénonce-t-il, écorchant au passage l’état du commerce belfortain. « La vacance commerciale a diminué dans la rue piétonne », répond Damien Meslot, qui déplore l’attitude de Bastien Faudot. « Quand j’étais dans l’opposition, il y avait une unanimité dans les grandes politiques de développement économique », conclut-il. Et de remarquer : « Les gens achètent sur Internet. Peut-on s’opposer à ça ? C’est la loi de l’évolution. »
3. Est-ce constructible ?
L’élu d’opposition se place « en lanceur d’alerte », comme il le formule. Les 18 ha de l’implantation sont dans les limites du ban communal de Fontaine et la moitié est située dans une zone humide. Fontaine n’a pas non plus de plan local d’urbanisme (PLU) et le plan d’occupation des sols n’est plus une référence depuis mars 2017. Le territoire répond donc au règlement national d’urbanisme. Compte tenu de cette situation, cette zone est une zone de « constructibilité limitée ». Selon l’article L111-3 du code de l’Urbanisme, « en l’absence de plan local d’urbanisme, de tout document d’urbanisme en tenant lieu ou de carte communale, les constructions ne peuvent être autorisées que dans les parties urbanisées de la commune ». Concernant la zone humide, Damien Meslot répond que ses services sont au courant, ainsi que la préfecture. Il est possible de s’en exonérer, à partir du moment où des mesures compensatoires sont décidées, comme le stipule l’article L163-1 du code de l’Environnement. « Il y a eu un an d’études environnementales, insiste Damien Meslot pour appuyer la démarche. Nous faisons ce que la loi prévoit. » Ces mesures seront précisées lorsque le permis de construire sera déposé. Le détail de ces mesures n’est pas connu. Elles sont en cours de négociation. Seule certitude, relevée par la loi : « Les mesures de compensation des atteintes à la biodiversité visent un objectif d’absence de perte nette, voire de gain de biodiversité. »