Clara Janssen
« Pour nous, c’est intolérable », s’indigne Martial Bourquin, le maire socialiste d’Audincourt, en évoquant l’agression qu’a subi le docteur Baris Cecen. Ce médecin généraliste situé à Audincourt s’est fait agressé par un patient ce jeudi 1er février. Depuis le début de son activité, c’est la deuxième fois que cela lui arrive. « On a une responsabilité particulière car si cela se banalise, ce sera catastrophique », explique t-il.
« Les médecins se sentent seuls et démunis. Les incivilités et les violences physiques ou verbales progressent. Nous devons protéger nos soignants », détaille Martial Bourquin qui ajoute que « plusieurs médecins ont arrêtés, découragés par les conditions de travail ».
« Il faut des actes concrets », assure le maire d’Audincourt. Déjà depuis un certain temps, la Ville a fait en sorte que l’éclairage public reste allumé après minuit à proximité de la maison de garde « pour sécuriser les praticiens qui font des gardes ». Mais cela ne suffit plus. La première chose qui a été faite, récemment, c’est de rencontrer les professionnels de santé pour identifier leurs besoins.
Territoire pilote
Au sein de la maison médicale de garde et du centre municipal de santé, des diagnostics sécurisés ont été effectués. S’en suivra l’installation de système de vidéoprotection. La Ville réfléchit aussi à la mise en place d’un «bouton secours» qui sera relié à une société de sécurité ou au commissariat qui pourra ensuite intervenir. « Ce serait un progrès considérable d’avoir ce dispositif », assure Martial Bourquin.
Les rendre accessibles et finançables, c’est le souhait qu’il prononce. Il souhaite que la phase test organisée à Audincourt soit par la suite adoptée plus largement : « Je souhaite que les dispositifs mis en place ici soient mis en place sur le département. » Le maire d’Audincourt souhaite que ce territoire devienne « pilote et exemplaire au niveau de la sécurité » avec la mobilisation d’un fonds spécifique en lien avec l’agence régionale de santé (ARS). « Elle a intérêt d’être aux côtés de ces soignants. Il faut qu’elle aide les médecins. »
Une réponse pénale attendue
Pour accompagner ces nouveaux dispositifs, plusieurs acteurs sont derrière la ville d’Audincourt. Notamment le préfet du Doubs, Rémi Bastille, qui se dit sensible face à ces décisions. Mais aussi Paul-Édouard Lallois, procureur de la République du Doubs qui écrit dans un courrier destiné au maire d’Audincourt, le 1er février : « Je suis particulièrement sensibilisé sur cette inquiétante problématique, et puis vous assurer de ma détermination totale à lutter ».
Le maire souhaiterait que des sanctions pénales soient prises. Des sanctions, sous forme d’amendes, s’il faut. Mais aussi, en cas de non paiement de celles-ci, des saisies pécuniaires sur le salaire et les biens.
Il souhaite que la sanction donnée à l’agresseur du docteur Baris Cecen représente un « exemple ». « J’attend beaucoup du jugement qu’il y aura de l’agression du docteur Baris Cecen », confie Martial Bourquin. En effet, le séxagénère du Territoire de Belfort qui a agressé le médecin passe ce jeudi 8 février devant le tribunal judiciaire. Une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité est prévue par le parquet.
L’ordre des médecins du Doubs, sollicité sur la question des violences faites aux médecins, n’a pas encore répondu.