Sur les rives de l’Allan, à Montbéliard, le barrage des Neufs Moulins s’apprête à entamer une nouvelle mue. Ce site, qui appartient à la commune, va être réhabilité pour produire de l’électricité verte. Mi-mai, la municipalité a officialisé la signature d’une promesse de bail emphytéotique avec Ercisol, société coopérative basée à Foussemagne, dans le Territoire de Belfort. Le document prévoit la mise à disposition du barrage des Neufs Moulins pour une durée de 30 ans, renouvelable dix ans, en vue de la construction et de l’exploitation d’une centrale hydroélectrique.
« Nos regards se sont naturellement portés vers la ressource hydrologique dont nous disposons gratuitement avec la rivière l’Allan », expose Marie-Noëlle Biguinet, maire de montbéliard (LR). Le projet en lui même n’est pas né d’hier. « Il date d’une vingtaine d’années, porté par un conseiller municipal. Mais à ce moment-là, l’électricité était beaucoup moins chère. Ce n’était pas intéressant économiquement », explique-t-elle.
Au débat de son mandat, un audit du patrimoine communal est engagé pour évaluer l’état des bâtiments. Et la municipalité fait le choix d’orienter ses futurs projets vers « le développement durable à la fois pour son entretien et pour les projets à venir ».
Une politique énergétique qui a commencé dès 2019, avec la construction de l’école Louis Souvet, premier bâtiment public à énergie positive de la commune. Puis qui s’est poursuivie avec ce projet. « J’attire votre attention sur le fait que cette politique a été initiée dans un contexte où l’énergie était encore bon marché au regard des prix que nous connaissons aujourd’hui. Grand bien nous a pris ! », ironise la maire.

Une centrale pour 400 foyers
Ercisol a été retenue « à l’issue d’un appel à manifestation d’intérêt », rappelle Marie-Noëlle Biguinet, après l’obtention du droit d’eau en juillet 2024. La société de Foussemagne est désormais habilitée à construire, exploiter et vendre l’électricité produite à Enedis. En contrepartie, la Ville percevra une redevance équivalente à 3 % de la production. La turbine installée, d’une puissance de 555 kW, devrait permettre une production annuelle d’environ un million de kWh, soit l’équivalent de la consommation de 400 foyers (hors chauffage). L’objectif est une mise en service fin 2026, pour des travaux qui débuteraient à l’automne de l’année précédente.
Au-delà de la production d’énergie renouvelable, le chantier prévoit des aménagements : une rivière de contournement pour garantir la continuité piscicole et un système de dévalaison pour faciliter la migration des poissons. Un deuxième barrage, propriété d’un acteur privé, est aussi en projet. « Il devrait voir le jour d’ici deux trois ans », commente l’édile.
La centrale des Neufs Moulins s’inscrit dans un plan plus large de production locale d’énergie. En parallèle, la Ville développe son réseau de chauffage urbain (voir notre article) et prévoit également l’installation de panneaux photovoltaïques, sans fournir plus de détails sur les emplacements pensés pour le moment.
Un site historique
Le site des Neufs Moulins, mentionné dès 1760 sur la carte de Cassini, devient propriété de la famille Sahler en 1823. Une filature de coton y est édifiée, puis un tissage mécanique, modernisés au fil du XIXe siècle. L’usine emploie jusqu’à 235 ouvriers et produit plusieurs centaines de tonnes de filés et tissus, en partie issus de coton américain, indien et levantin.
Ravagée par un incendie en 1891, elle est reconstruite et poursuit son activité sous différents noms jusqu’à son rachat en 1937 par les Filatures et Tissages Japy. L’activité cesse en 1959. Rachetés par la commune en 1965, les bâtiments sont transformés en ateliers municipaux (en savoir plus ici).