Le comité paritaire de suivi des engagements de General Electric dans le cadre des accord d’octobre 2019 qui s’est déroulé ce vendredi matin a eu le don d’exaspérer les responsables syndicaux. Ils estiment que l’État ne joue pas son rôle et veulent l’attaquer en justice, tout comme GE pour le non respect des accords.
Le comité paritaire de suivi des engagements de General Electric dans le cadre des accords d’octobre 2019 qui s’est déroulé ce vendredi matin a eu le don d’exaspérer les responsables syndicaux. Ils estiment que l’État ne joue pas son rôle. Ils agitent de nouveau la menace des recours juridiques. Et contre l’État, comme en 2019, et contre General Electric, pour non respect des accords signés il y a un an. – mis à jour le 13 novembre à 16h07.
Envisagé en 2019, avec même le soutien des collectivités, un recours en justice contre l’État pour ne pas faire respecter les accords de 2014, signés lors du rachat de la branche énergie d’Alstom par l’Américain General Electric, est à nouveau évoqué par les responsables de l’intersyndicale, composée actuellement de la CFE-CGC et de Sud Industrie. Mais une nouveauté s’invite : celle d’attaquer également General Electric, directement (ce qui n’était pas possible en 2019, face aux manquements constatés dans l’application des accords d’octobre 2019, signés pour la sortie de crise du conflit social.
L’intersyndicale dénonce le non respect des accords sur notamment quatre points : « Aucun projet de diversification permettant de créer 200 emplois sur trois ans ; insuffisance de moyen sur le projet industriel, ce qui ne permet pas de repositionner Belfort comme « centre d’excellence 50 Hz » conformément à l’accord de 2014 et de 2019 ; transfert de la ligne de fabrication « composants » en Hongrie sans reclassement progressif des salariés dans de nouvelles activités, malgré les axes du projet industriel ; un effectif inférieur à l’engagement de 1275 salariés minimum au 31 décembre 2020 », mentionne l’intersyndicale dans un tract.
"Une humiliation de l'Etat français"
Quant aux reproches formulés à l’égard de l’État, Philippe Petitcolin, responsable de l’intersyndicale, n’y va pas pas par quatre chemins et parle de « concussion » à l’encontre du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire. Concussion, non pas au sens de la prise d’intérêts, mais de « disposer des pouvoirs de défendre les intérêts de l’État et de ne pas les mettre en œuvre ». Alexis Sesmat évoque quant à lui « une trahison à la nation ».
La colère du jour s’inscrit dans « un changement de position de l’État, qui a été revendicatif vis-à-vis de GE et qui est maintenant passif, voire complice », dénonce Philippe Petitcolin. « Il n’y a aucune volonté de l’État d’agir », poursuit-il à l’issue de ce comité paritaire. « C’est pourquoi nous envisageons très sérieusement la voix contentieuse. Nous avons confié à un cabinet d’avocat le dossier pour faire valoir les droits des salariés », précise-t-il.
Pour Alexis Sesmat, il s’agit moins d’un changement de position que d’un prolongement dans des événements précédents et de « l’humiliation de l’État français vis-à-vis de GE avec la cession d’un fleuron industriel », à savoir Alstom. Il déplore également la perte de compétences dans les domaines de l’ingénierie, du projet et du commercial. « Il faut dix ans pour acquérir les compétences dans ces domaines. On coupe les branches et les racines », avertit-il.
Les syndicalistes déplorent que Belfort ne soit « plus un QG » et, au-delà, que GE « se désengage de la France et de l’Europe au profit de l’Inde. C’est une stratégie assumée par GE. Chaque pays, chaque cas est l’objet de négociations. Et les entités les plus dociles en Europe ont disparu. GE met en concurrence les États ». Ils invitent aussi les collectivités territoriales à agir : « Le désengagement de GE à des répercussion sur les impôts que l’entreprises devront payer aux collectivités locales, et même à l’échelon national. »