Continuer à se développer. Réduire sa consommation d’énergie. Moins polluer. Optimiser ses rendements. Autant de questions auxquelles une entreprise ne peut échapper pour bâtir sa stratégie. Elle ne peut d’autant moins fermer les yeux sur la décarbonation, une question devenue cruciale dans un contexte où l’urgence climatique ne cesse de s’amplifier. En 2019, 21 pays européens ont réussi à dépasser le seuil de 50 % de décarbonation de leur consommation d’électricité. Sept d’entre eux ont atteint 100 % de leur production, dépassant ainsi leur consommation, grâce à l’essor de la biomasse, de l’hydroélectricité et du nucléaire, ainsi qu’à la croissance rapide de l’éolien, du solaire et de la géothermie. En France, l’objectif est de poursuivre sur cette lancée. Je-décarbone, présent ce jeudi à la CCI, est une plateforme de partage de solutions destinée aux industriels. En fournissant aux entreprises des ressources et des possibilités de partenariat, elle vise à accélérer la transition.
L’événement, organisé en Bourgogne-Franche-Comté par la Vallée de l’énergie et le Comité stratégique de filière (CSF) des nouveaux systèmes énergétiques, vise à accompagner les entreprises locales et à les mettre en avant. Plusieurs d’entre elles, invitées à la tribune, ont témoigné de leurs expériences en matière de transition énergétique, comme Cristel, Trinaps ou encore Parco Cycles. D’autres grands groupes, un peu plus loin, ont également exposé leur stratégie, à l’instar de Framatome au Creusot, spécialisé dans la conception, la fabrication et la maintenance d’équipements pour le secteur nucléaire, et de Safe Metal, groupe connu pour être l’un des leaders des composants en acier, dont la filiale Castmetal se situe à Colombier-Fontaine. Ces deux entreprises, consommatrices d’électricité et de gaz, ont dû trouver des solutions.
Récupération de la chaleur
Julien Bourçois, responsable qualité du groupe Safe Metal, explique que « le traitement thermique est très consommateur d’énergie », que ce soit en électricité ou en gaz. En 2019, l’entreprise a choisi de mettre en place un « management de l’énergie ». Le point clé : cartographier les consommations pour déterminer les usages principaux et effectuer des mesures. Plusieurs actions ont depuis été mises en place : l’automatisation des fours pour qu’ils soient chargés en continu, « afin d’optimiser la consommation ». Cela a permis des économies de 150 tonnes de CO₂ en 2024, explique-t-il. Deuxième action : l’installation de brûleurs auto-récupérateurs, permettant de récupérer le gaz et de réaliser des gains de 20 % sur la consommation. Le projet sera finalisé en 2025. Troisième projet : la mise en place de panneaux photovoltaïques sur le parking de Colombier-Fontaine, un projet qui sera achevé d’ici un an.
Du côté de Framatome, au service du nucléaire civil et de la défense, la question des consommations énergétiques était peu traitée avant 2022. Adeline Lajoie, responsable de l’excellence opérationnelle et de l’énergie, explique que l’entreprise fait tourner 14 fours à gaz, pour chauffer des pièces modelées lors de séquences de cinq à une dizaine de cycles. Elle admet : « Personne, à part le comptable qui traitait les factures, ne savait comment on consommait du gaz jusqu’à ce qu’on menace de nous le couper. » L’entreprise s’y est intéressée en 2022. « C’est là que j’ai pris la casquette énergie. » Plusieurs actions ont été entreprises depuis : instrumentation des outils pour effectuer des mesures de consommation, changement d’outillage pour optimiser les performances, passage à l’électrique, nettoyage des machines pour éviter les rejets, et étude de récupération de la chaleur fatale. Un audit est actuellement en cours pour aller plus loin sur les différents modes d’opération possibles pour décarboner.
Après ces interventions, plusieurs partenaires institutionnels et bancaires, tels que l’Ademe, la Banque des Territoires, Bpifrance et la Région, ont présenté leurs dispositifs d’aide et d’accompagnement pour décarboner son entreprise. Les industriels ont pu échanger directement avec ces acteurs pour analyser les solutions financières et techniques possibles dans la région. La rencontre visait notamment à renforcer les liens entre les industriels et les porteurs de solutions. Espérons que cela ait pu faire émerger des idées.