À Thiancourt, une imposante machine agricole est à l’arrêt dans un champ de maïs lundi 12 juin. Du beau monde se masse autour. Tracteur ? Semoir ? Il s’agit en fait d’une désherbineuse, un outil capable de combiner désherbage mécanique et protection chimique des cultures de maïs. Munie d’une cuve, il dispose d’un système de pulvérisation de précision qui permet à l’agriculteur de limiter les passages dans la parcelle et d’économiser les produits chimiques en ne traitant que le rang. Équipée de caméras, la machine est capable de faire la différence entre des mauvaises herbes et les pousses de maïs pour arracher seulement les adventices.
« Avec cette nouvelle machine, nous avons décidé de faire plutôt que de laisser faire.» Christian Rayot, président de la communauté de communes du sud Territoire (CCST) ouvre le bal des discours. Si cette machine est aujourd’hui présentée, c’est parce que la CCST a investi au côté de l’Etat et la chambre interdépartementale d’agriculture Doubs-Territoire de Belfort pour travailler sur la qualité de ses eaux. Dans cette quête, la désherbineuse doit permettre de réduire de 70% l’apport en phytosanitaire sur les cultures de maïs. Cette machine va permettre surtout de supprimer les métolachlores, produits utilisés lors des semis de maïs. Ils seront remplacés par des produits moins polluants et seront utilisés en plus petite quantité. Un premier pas dans le plan initié par la CCST, nommé « L’Eau d’Ici ». Un programme pensé sur 10 ans, qui doit permettre d’accélérer la reconquête de la qualité de l’eau.
Dans le sud Territoire, 42% de terres agricoles
Avec le plan « L’eau d’Ici », le président de la CCST avait donné le ton : il souhaite travailler avec les agriculteurs. Ils sont un levier plus qu’important. Dans la communauté de communes du sud Territoire, près de la moitié des terres sont agricoles. La culture dominante est le maïs (26% de l’activité), qui nécessite l’usage de produits tels que les phytosanitaires. Des produits qui finissent par se retrouver dans les eaux. Pour autant, au-delà des mots, « il fallait trouver un cycle vertueux qui puisse être faisable d’un point de vue technique et économique pour nos agriculteurs », expose Georges Flotat, vice-président de la chambre interdépartementale d’agriculture Doubs-Territoire de Belfort. Des propos validés par Christian Rayot. « Les agriculteurs ont subi des dénigrements injustes à ce sujet. Aujourd’hui, ils continuent à être présents pour trouver des solutions avec nous.»
La machine, qui est une première pierre pour améliorer la qualité des eaux, devrait traiter 120 hectares de parcelles pour la première campagne 2023 qui a déjà commencé et qui s’arrêtera à la fin du mois.
Financée à 50% par la communauté de communes, la machine pourra être louée par les agriculteurs volontaires pour 53,3 euros hors taxe par hectare. Selon les explications données, l’utilisation de cette machine devrait leur permettre de réduire de 70 à 80% les achats de produits phytosanitaires. Mais aussi leurs consommations d’eau,car « un binage bien fait vaut deux arrosages », explique un agriculteur sur place.
Le travail sur le monde agricole et le programme l’Eau d’Ici, initié il y a deux ans, explique Claude Monnier, vice-président de la CCST en charge de la ruralité et du monde agricole, a permis de comprendre « tout ce qui passe dans l’eau » et de prendre conscience du « travail à faire sur l’assainissement ». Pour le préfet du Territoire de Belfort, Raphaël Sodini, la mise à disposition par la CCST de cet outil de travail est une première pierre. La seconde : « apprendre à se passer des produits phytosanitaires.» Le travail est encore long. Mais il a été lancé.