Le Grand Belfort engage un important chantier afin de sécuriser ses approvisionnements en eau potable. Pour ne pas être menacé par des coupures d’eau au robinet, comme ce fut le cas l’an dernier. Des études sont lancées pour de nouveaux captages et pour étudier la possibilité de puiser dans le barrage-réserve de Champagney. Ce qu’il faut retenir.
De plus en plus de périodes de sécheresse
« L’an dernier, nous étions à deux doigts de baisser la pression dans les canalisations, rappelle Damien Meslot, président du Grand Belfort. Nos ressources en eau étaient très basses. » L’élu tire la sonnette d’alarme et engage la collectivité dans des études et des recherches pour sécuriser l’approvisionnement en eau potable. Car les spécialistes annoncent une récurrence des périodes de sécheresse, qui devraient être plus longues et plus intenses. Le risque est grand.
Diversifier les ressources
64 % des besoins en eau du Grand Belfort sont assurés par ses ressources propres, avec comme principal point de captage, celui de Sermamagny. S’ajoutent ceux de Foussemagne, Petit-Croix, Eguenigue et Morvillars. Les 36 % restants sont assurés en achetant de l’eau à des voisins (voir graphique ci-dessous pour la répartition). Le principal pourvoyeur est Pays de Montbéliard Agglomération. L’eau est acheminée depuis l’usine de production d’eau potable de Mathay. En 2018, 1,8 million de m3 a été acheté à PMA. Dans une moindre mesure, de l’eau est achetée au syndicat des eaux de Champagney et à celui de la Saint-Nicolas.
Attention à la dépendance
« Hors sécheresse, le Grand Belfort survient à ses propres besoins », rassure Damien Meslot. Mais en période de sécheresse, le Grand Belfort est aussi contraint de limiter drastiquement ses prélèvements au point de captage de Sermamagny. C’est la double contrainte pour la collectivité. Et d’année en année, le besoin de recourir aux voisins s’intensifie. « Les quatre dernières années ont été particulièrement marquées par la sécheresse avec près de cinq mois de dépendance à PMA [par an] contre un à deux habituellement », relève le service Eau et environnement de l’agglomération. Ce phénomène devient encore plus inquiétant lorsque le débit du Doubs diminue drastiquement. En période d’étiage, tout repose donc sur l’usine de Mathay. Une usine « qui a été construite il y a 60 ans et qui a été financée ensemble par Belfort et Montbéliard », rappelle Damien Meslot.
Économiser l’eau
Premier élément, ne pas perdre l’eau potable. En 2012, le rendement du réseau de canalisation du Grand Belfort n’était que de 67 %. C’est-à-dire qu’un tiers de l’eau potable, traitée, était perdue ! Aujourd’hui, ce rendement est de 81 %, soit une amélioration de 14 points. On aperçoit une nette amélioration en 2014, où le rendement passe à 75,3 %, enregistrant une augmentation de 4,8 points par rapport à 2013. Pour réussir ce défi, le Grand Belfort a installé 700 détecteurs de fuite, permettant d’effectuer les travaux là où des fuites sont repérées. Ce travail a permis de réaliser une économie d’un million de m3 d’eau par an. Ces cinq dernières années, près de 20 kilomètres de conduites ont été remplacées. « Ce plan d’économie mené sur le Grand Belfort a été cité en exemple lors des récentes assises de l’eau organisées en 2018 par le Gouvernement », remarque le service.
Rechercher des nouvelles ressources
La collectivité a engagé deux études pour trouver de nouvelles ressources. La première, en interne, vise à trouver de nouvelles ressources, par forage, à l’intérieur du périmètre du Grand Belfort. 50 000 euros ont été approuvés en conseil d’agglomération pour lancer ce projet, en partenariat avec le bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Celui-ci va d’abord étudier les zones potentielles où trouver de l’eau. Après ce travail de cartographie, des forages seront lancés. Le second chantier, pour lequel 50 000 euros ont aussi été affectés, consiste à étudier la possibilité de mobiliser l’eau du barrage-réservoir de Champagney, qui retient 13 millions de m3 d’eau, soit deux fois la consommation annuelle du Grand Belfort. Cet édifice est géré par Voies navigables de France (VNF). L’étude doit permettre d’étudier la qualité de l’eau du bassin, son traitement, son éventuel acheminement vers le Grand Belfort et surtout son coût. Si ces études fonctionnent, le but est « de les étendre aux autres collectivités ». Quelle que soit la solution retenue et compte tenu des travaux à envisager, aucune sécurisation ne peut être envisagée avant 3 à 4 ans.
Diminuer notre consommation
Une autre des voies à examiner consiste à diminuer notre consommation. Antoine Burrier, directeur du service Eau et environnement du Grand Belfort, estime à 1 % la baisse de la consommation depuis 10 ans dans le Grand Belfort. Une tendance globale observée tant chez les particuliers que les entreprises. Mais Damien Meslot reconnait qu’il n’est pas facile de sensibiliser la population à diminuer sa consommation. « On a verbalisé des gens qui nettoyaient leur voiture, alors qu’il y avait des arrêtés l’interdisant », relève Damien Meslot. « L’eau est une ressource rare et chère, poursuit-il. Mais pour le moment, la population n’en a pas forcément conscience. »