L’Agence régionale de santé (ARS) Bourgogne-Franche-Comté a mené en 2024 une enquête pour détecter la présence de phlébotomes, des insectes pouvant transmettre la leishmaniose. Cette maladie parasitaire, pouvant provoquer des affections cutanées ou viscérales chez l’humain (voir ici), mais surtout chez les animaux (en particulier les chiens), était jusqu’à présent surtout répandue dans les régions méditerranéennes. Mais son aire de répartition s’étend progressivement vers le nord. Cette étude s’inscrit dans une approche « Une seule santé », intégrant à la fois la surveillance des insectes, des animaux et des cas humains.
C’est la première fois qu’une enquête de cette ampleur est menée dans la région pour cartographier la présence des phlébotomes. L’objectif était d’anticiper une possible émergence de la leishmaniose, qui repose sur un trio complexe : un insecte vecteur, un réservoir animal – principalement le chien – et un agent pathogène, le parasite Leishmania infantum.
74 phlébotomes capturés dans 21 communes
Des pièges lumineux ont été installés dans 26 localités à travers la région, ciblant des sites favorables aux phlébotomes : granges avec sol en terre battue, murs en pierres sèches ou encore falaises. Au total, 144 piégeages ont été réalisés, aboutissant à la capture de 74 spécimens répartis sur 21 communes. Sur les sites avec détection de phlébotomes, 40 % de piégeages étaient positifs, avec une abondance plus élevée au sud de la région.
Tous les départements de la région sont concernés, avec une concentration plus marquée dans le sud. L’espèce la plus fréquemment détectée est Phlebotomus mascittii, qui représente un risque faible de transmission de la leishmaniose. Cependant, Phlebotomus perniciosus, un vecteur avéré du parasite, a été identifié dans quatre départements : l’Yonne, la Nièvre, la Saône-et-Loire et le sud-ouest du Jura.
Un risque modéré mais à surveiller
Si la présence de phlébotomes en Bourgogne-Franche-Comté reste inférieure à celle observée dans les régions méditerranéennes, elle est plus élevée qu’en Belgique ou au Luxembourg. Le risque de transmission de la leishmaniose y est donc modéré, mais il pourrait évoluer avec le changement climatique et les déplacements d’animaux domestiques. L’ARS souhaite poursuivre les recherches afin d’affiner la cartographie et de mieux comprendre la saisonnalité des phlébotomes dans la région.
Parallèlement, une étude vétérinaire avec des vétérinaires volontaires est en cours pour recenser les cas de leishmaniose canine entre septembre 2024 et août 2025. Les chiens, principaux réservoirs du parasite, sont des indicateurs clés pour détecter une éventuelle émergence locale de la maladie. À terme, le croisement des données de santé humaine et animale ainsi que la surveillance des insectes permettra d’évaluer plus précisément le risque d’installation durable de la leishmaniose en Bourgogne-Franche-Comté.