Un peu moins de deux semaines, pour réparer, renforcer, sécuriser, 10,5 km de réseau électrique aérien entre Vellescot, Florimont, Chavannes-les-Grands et Chavanatte. Enedis, gestionnaire du réseau de distribution d’électricité, y mène des travaux de réhabilitation, appelés dans le jargon « rénovation programmée » sur le réseau électrique aérien 20 000 volts pour prolonger la durée de vie des équipements. « Avec les rénovations, on peut se dire que l’on rend pérenne le réseau au moins pour 25 ans de plus », explique Jean-François Stemmelen, chargé du programme d’investissement d’Enedis. L’enjeu est de réussir à garder le matériel dans un état proche du neuf en continu. Dans des nacelles, des techniciens s’activent ce mardi matin à Vellescot. Quelques centaines de mètre plus loin, à la sortie du village, d’autres salariés de l’entreprise partenaire Boron, s’occupent de changer les poteaux électriques. Au total, sur ce chantier, ce sont 13 poteaux aériens changés ou rénovés, 4 postes de distribution publique d’électrice réhabilité, et des dizaines d’équipement de protection remplacés tels que des parafoudres, des armements ou encore des isolateurs.
« Les usagers n’en pâtissent pas beaucoup, il y a peu de coupures », explique Yoann Rossignol, directeur territorial d’Enedis pour le Territoire de Belfort et le Doubs. Le dispositif est bien rodé. Pour maintenir l’alimentation des 1 170 clients concernés, six groupes électrogènes ont été installés. De brèves coupures peuvent être ressenties, mais ils seront globalement alimentés normalement. Le chantier, entièrement pris en charge par Enedis, représente une somme de 284 500 euros. Présenté ce mardi 17 octobre, il est l’un des exemples du travail mis en place par Enedis, qui est en train d’accélérer la mise en marche de nombreux travaux de rénovation pour éviter des incidents sur le réseau.
Des aléas climatiques amplifient les besoins de travaux
« Nous sommes face à un phénomène qui nous dépasse », raconte Jean-François Stemmelen. Les chantiers s’accélèrent partout. Le rythme des rénovations aussi pour Enedis. Car les installations électriques pâtissent de plus en plus et de plus en plus vite du réchauffement climatique. L’une des conséquences du réchauffement peu connu, par exemple, est le déplacement migratoire de certains oiseaux, comme les cigognes, qui s’installent de plus en plus dans le Territoire de Belfort. « Avant, on ne les voyait pas ici, mais avec le réchauffement climatique, elles s’installent en nombres. » Il faut donc mieux isoler les installations, travailler pour sécuriser les câbles et éviter tous types d’incidents, que ce soit pour les oiseaux, comme pour les usagers du réseau.
Encore plus problématique : l’état des arbres et leur proximité avec les installations électriques. Canicules à répétition, déficit de neige, baisse des précipitation, les forêts font face au réchauffement climatique, ce qui place les arbres dans un état de dessèchement. Les forêts souffrent aussi du scolyte, un minuscule coléoptère brun, qui profite de la faiblesse des arbres pour se développer. Il perce l’écorce, y pond ses oeufs, l’arbre dessèche et meurt. Résultat : les branches tombent. Un phénomène qui s’amplifie dans le Territoire de Belfort. Quand il y a à proximité des câbles électriques, cela pose de nombreuses questions concernant des incidents à venir. Pour ces zones, il n’est pas envisageable de seulement rénover comme cela est fait à Vellescot. Il faut enfouir. Problème : cela coûte extrêmement cher. Le quadruple par rapport à des travaux de rénovations aériennes. La logistique des travaux est aussi bien plus complexe. Et cela pose aussi de nouveaux enjeux, avec « le réchauffement des sols », « les zones devenues inondables qui font remonter les câbles ».
Industrialiser et accélérer
Entre tous ces aléas et une vétusté d’un certain nombre d’équipements, c’est une course contre la montre pour l’opérateur. Enedis travaille avec un dispositif suédois d’intelligence artificielle capable de cartographier les arbres malades, ou déjà morts, depuis trois ans. « En Alsace et en Franche-Comté, nous avons déjà cartographié les deux-tiers des forêts, et les résultats ne sont pas bons du tout », explique Jean-François Stemelenn. L’opérateur expose que « c’est un vrai problème sanitaire qui n’est pas encore pris au sérieux ». Il faut réussir à gérer cela pour le réseau électrique. Et « nous sommes déjà dépassés par le phénomène ».
Pour s’adapter, de grands moyens sont employés. Comme cette technique suédoise qui permet de repérer les arbres malades. Il y a aussi des diagnostics poussés pour trouver les endroits qui sont les plus susceptibles d’être à l’origine d’incident, soit à cause de la vétusté, soit à cause de la possibilité d’aléas. Enedis utilise pour cela des drones, et des logiciels d’intelligence artificielle qui quadrillent tout le réseau pour détecter les points de fragilité, détaille Yoann Rossignol. En travaillant à l’identique sur tous les secteurs, cela permet de prioriser certaines zones, certains chantiers.
L’objectif, aujourd’hui, est de réussir à monter en cadence fortement dans les deux prochaines années et d’ici 2035 en termes de travaux et rénovation. En 2023, ce sont environ 100 kilomètres qui ont fait l’objet de travaux en Bourgogne-Franche-Comté, pour environ 3 millions d’euros. Ce n’est pas encore tout à fait assez, mais la montée en cadence est engagée.