Clara Janssen
« Le lynx est très discret par son attitude », explique Walter Berthinier, technicien de l’environnement à l’office français de la biodiversité (OFB) du Doubs. Et Walter Berthinier est catégorique : le lynx (retrouvez tous nos articles) n’est pas dangereux pour l’homme. Premier jalon posé. «Il ne bouge pas à partir du moment où il ne sent pas le danger, en général quand on le voit c’est qu’il est au repos», assure-t-il. C’est un animal avec un tempérament assez calme. « Même nous, lorsque nous faisons des prospections, nous en voyons. Et ils ne fuient pas.»
L’espèce humaine, par contre, peut représenter un danger pour ces prédateurs. Leur médiatisation leur donne plus de visibilité aux yeux du grand public. Ce technicien de l’environnement raconte que «le problème c’est le dérangement», surtout durant la période de fin d’hiver quand les petits naissent.
De plus, une concurrence peut être créée entre le monde de la chasse et cette espèce protégée car le lynx mange en moyenne 60 à 70 chevreuils par an. Celle-ci peut entraîner à des braconnages même si Walter Berthinier assure « qu’il n’y en a pas beaucoup, il ne faut pas non plus exagérer ».
Une implantation historique
Contrairement à certaines croyances, le lynx est présent depuis plusieurs années au sein du pays de Montbéliard. «Historiquement, des observations ont eu lieu dans la zone», plus précisément en 2017 à Hérimoncourt et en 2018 à Pont-de-Roide, explique Walter Berthinier.
À l’origine, les lynx ont été «lâchés» en Suisse dans le massif du Jura. « Ils ont fini par coloniser le massif complet (la partie française, NDLR) » En 1974, 70% d’entre eux ont été détectés dans le massif jurassien. Ce prédateur félidé est « bien implanté » aujourd’hui, dans cette zone notamment. Il compte environ 150 lynx.
Walter Berthinier raconte le futur projet de l’Office Français de la Biodiversité (OFB) du Doubs. Plusieurs appareils ont été installés pour prendre des clichés et voir si les lynx des deux massifs (Jura et Vosges) sont en contact. Ce projet va être mis en place dans un mois pour une durée de trois ans. «On aimerait savoir si on peut créer un passage avec le massif des Vosges », détaille-t-il. Cette opération va permettre d’éviter les problèmes de génétiques, c’est-à-dire, protéger les lynx d’une éventuelle consanguinité. Selon une étude menée en 2018 par le centre de soins de la faune sauvage dans le Jura, Athéna, 200 lynxs seraient issus de seulement 10 ancêtres.
La France a publié début 2022 son premier plan national (lire notre article) pour protéger le lynx boréal, disparu au début du XXe siècle avant d’être réintroduit. Il vise à mieux protéger le plus grand félin sauvage d’Europe.