La régie des transports du Territoire de Belfort (RTTB), qui exploite le réseau urbain Optymo, a organisé ce jeudi après-midi une démonstration d’un bus hydrogène Van Hool. Elle vient d’en acheter sept au constructeur belge (notre article), qui seront livrés fin 2022.
La régie des transports du Territoire de Belfort (RTTB), qui exploite le réseau urbain Optymo, a organisé ce jeudi après-midi une démonstration d’un bus hydrogène Van Hool. Le réseau Optymo vient d’en acheter sept au constructeur belge (notre article), qui seront livrés fin 2022. Reportage.
Le silence. C’est la première impression qui se dégage dans ce bus hydrogène Van Hool testé par le réseau Optymo ce jeudi 25 novembre, alors que le véhicule se meut dans les artères belfortaines avec une cinquantaine de personnalités locales venues découvrir cette nouvelle technologie. Au volant, David Ripamonti. Il est chauffeur à la régie des transports du Territoire de Belfort (RTTB) depuis vingt-deux ans. C’est la première fois qu’il conduit un bus à hydrogène. « On n’a même pas senti quand le bus a démarré », confie-t-il, alors qu’il quitte le dépôt de Danjoutin et qu’il s’engage rue de Besançon.
Premières impressions ? « Il n’y a pas d’à-coups, c’est agréable. » Le démonstrateur de Van Hool d’embrayer : « Ce qu’on entend, ce sont les pneus et la ventilation. » Et c’est tout. Pour échanger entre passagers, pas besoin de hausser la voix. L’ambiance est douce et pas polluée par un moteur qui pétarade. En termes de bruit, on s’approche de l’ambiance d’un tramway. David Ripamonti est quand même marqué « par la pêche » du véhicule. La vitesse grimpe de manière linéaire, sans à-coups ni changement de vitesse. « Il part aussi directement à la demande », ajoute le chauffeur qui jauge le véhicule, son accélération, ses capacités de freinage. Sous le capot, ce jeudi, le bus enregistre une puissance de 160 kW. Le réseau Optymo a commandé des bus d’une puissance de 210 kW, soit 285 chevaux. Car Optymo a acheté un cousin du modèle essayé : le nouveau modèle de Van Hool, en cours de présentation, le A12. Les bus Optymo auront aussi trois portes.
Une norme qui va faire du bruit
Depuis le 1er juillet 2021, tous les véhicules électriques ou hybrides n’atteignant pas le niveau sonore minimum, devront embarquer le système AVAS, pour approaching véhicule audible system. C’est un son qui doit être émis entre 0 et 20 km/h et être compris entre 56 et 75 décibels. Au-dessus de 20 km/h, le véhicule fait forcément du bruit, lié notamment à ses bruits de roulement détaille l’entreprise Sesaly, qui propose des solutions embarquées aux véhicules d’industries et aux flottes de bus, et qui détaille cette réglementation ECE R138.
Pas de bruit pour les riverains
Si l’absence de bruit est agréable à l’intérieur, pour « le confort des passagers », dixit Alain Matton, responsable production à la RTTB, et si elle sera certainement un élément limitant la fatigue des 139 chauffeurs de la régie, elle sera aussi un atout à l’extérieur, pour les riverains. « Pour les habitants à proximité des terminus, ce sera beaucoup plus agréable », apprécie Damien Meslot, président Les Républicains du Grand Belfort. Pour les habitants, l’absence d’émissions de gaz à effet de serre sera le grand plus. « On ne rejette que de l’eau », insiste Jérôme Salomon, responsable France de Van Hool. L’hydrogène sera produit dans une station conçue par Hynamics (lire notre article) et située juste à côté de la RTTB. Éric Oternaud, conseiller régional, membre d’Europe-Écologie Les Verts (EELV), retient que « l’énergie primaire » nécessaire à la fabrication de cet hydrogène sera fléchée depuis le parc éolien Les Coteaux, à Aubeterre, dans l’Aube.
Fin 2022, Optymo recevra ses sept bus full hydrogène (lire notre article), dotée d’une motorisation électrique. Une deuxième commande de 20 véhicules est programmée en 2025, si la première phase est concluante. À cette échéance, « 832 000 litres de carburant et 2 000 tonnes de CO2 seront évités chaque année par rapport à des véhicules diesel et 3 500 tonnes par rapport à des véhicules GPL, tels que ceux équipant actuellement la flotte », relève Optymo, qui compare : « 2 000 tonnes de CO2 évités représentent environ 4 000 places dans un vol Paris-New York. » En 2025, la moitié de la flotte de bus Optymo sera 0 émission.
On a testé le futur bus #hydrogen de @SMTC90. 7 bus seront livrés fin 2022. Mise en circulation sur le réseau en avril 2023 quand la station hydrogène de Danjoutin, conçue par Hynamics, sera en service. @EDF_BFC @GrandBelfort @Prefet_90 @bfc_region pic.twitter.com/zlsUrwYik9
— Le Trois (@letrois_info) November 25, 2021
À Anvers, le constructeur de bus Van Hool fabrique des véhicules à hydrogène depuis 2005. Aujourd’hui, 175 bus ont été vendus et 130 sont en exploitation, détaille Jérôme Salomon. Les 5 réservoirs, qui stockent 35 kg d’hydrogène, la pile à combustible et batterie sont situés sur le toit. La batterie se recharge aussi lors des freinages, redonnant du peps au véhicule quand il en a besoin. La recharge se fait en huit minutes, contre plusieurs heures pour une batterie et s’appuie sur une autonomie de 300 à 400 km. Le bus hydrogène Optymo mesurera 12 mètres, embarquera 90 personnes. La chaleur générée par la pile à combustible sera utilisée pour chauffer le bus, grâce à une pompe à chaleur.
Les bus sont attendus fin 2022. Ils rouleront dès le 1er avril 2023, annonce Damien Meslot, quand la station hydrogène d’Hynamics sera opérationnelle (lire notre article). « Vivement 2023 », sourit alors David Ripamonti, tout heureux d’essayer « un nouveau jouet ! » C’est la magie de Noël qui arrive.