À 51 ans, le Sud-Africain Mike Horn se lance dans une nouvelle aventure. Celui qui a descendu l’Amazone en hydrospeed, gravi plusieurs sommets, traversé l’Arctique, atteint le pôle Nord, fait le tour de la planète en suivant l’Équateur sans moyen de locomotions motorisés veut gagner le Dakar au volant d’un buggy alimenté par l’hydrogène. C’est le projet Gen-Z, qu’il pilote avec Cyril Desprès. Il l’a présenté à Belfort, lors du forum Hydrogen business for climate.
À 51 ans, le Sud-Africain Mike Horn se lance dans une nouvelle aventure. Celui qui a descendu l’Amazone en hydrospeed, gravi plusieurs sommets, traversé l’Arctique, atteint le pôle Nord, fait le tour de la planète en suivant l’Équateur sans moyen de locomotions motorisés veut gagner le Dakar au volant d’un buggy alimenté par l’hydrogène. C’est le projet Gen-Z, qu’il pilote avec Cyril Desprès. Il l’a présenté à Belfort, lors du forum Hydrogen business for climate. Interview.
Mike Horn, vous enregistrez 30 ans d’exploration et d’aventures. Qu’est-ce qui vous fait dire qu’il est grand temps d’agir pour l’environnement ?
Ce n’est plus une question de savoir si nous devons faire quelque chose. C’est plutôt, nous devons faire quelque chose pour sauver nos fesses, après ce que j’ai vu changer en 30 ans d’exploration.
Qu’avez-vous vu changer en 30 ans ?
J’ai vu le premier ours polaire qui a été tué par un Grizzli. Un ours polaire, qui était sur la plage, s’est fait attaquer par un Grizzli qui normalement ne rentre pas dans l’Arctique. La glace a tellement reculé que l’ours polaire n’arrive plus à nager jusqu’à elle pour chasser, pour trouver à manger. Ils sont affamés et ils sont sur les plages. En 2006, quand je suis allé la première fois au pôle Nord, la glace faisait 2,5 m ; je faisais une piste d’atterrissage pour un avion russe, un Antonov qui faisait des recherches au pôle Nord. En 2019, quand je suis passé, la glace faisait 8 cm au pôle Nord ! À la fin de l’expédition au Svalbard (un archipel norvégien, NDLR), la glace aurait dû normalement être épaisse. Elle était devenue complètement fragile et fracassée. Nous n’avons plus le choix. Nous devons faire quelque chose pour diminuer notre empreinte carbone.
Pourquoi vous êtes-vous lancé dans l’hydrogène ?
La manière dont on fabrique l’hydrogène doit être durable. Si nous pouvons développer des pile à combustible nouvelle génération, l’utilisation de l’hydrogène va devenir beaucoup plus courante. Je crois en l’hydrogène car il permet d’aller plus loin que les batteries. Nous avons décidé de fabriquer une voiture pour participer au Dakar (le rallye raid), mais qui entre en compétition avec les moteurs [thermiques], que l’on trouve aujourd’hui. Si en 2023 (l’année où il prévoit d’engager un véhicule hydrogène sur le Dakar), on peut montrer qu’une voiture hydrogène peut aussi gagner contre les voitures [thermiques], on verra que l’on n’a plus besoin des voitures [thermiques] et que l’on pourra diminuer notre empreinte carbone.
Et pourquoi le Dakar ?
C’est un évènement qui [confronte] la voiture aux extrêmes. Il pousse les voitures et les pilotes comme aucun autre évènement dans le sport automobile. Avec une voiture de rallye raid, on pourra faire d’autres expéditions. La voiture sera adaptée pour les conditions extrêmes.
Je vous imaginais plutôt devant un traineau que derrière un volant…
Je suis toujours l’aventurier devant un traineau. Mais si nous voulons vraiment changer quelque chose aujourd’hui et si je veux continuer à tirer mon traineau, je dois me mettre derrière un volant. Si nous pouvons montrer que l’hydrogène est aussi fiable que des voitures thermiques, les gens vont commencer à y croire et à investir dedans.
Vous avez déjà participé au Dakar cette année, avec une voiture thermique…
Nous avons participé avec une voiture thermique, compétitive. Au départ, nous étions 62e. Mais à la dernière spéciale, nous étions 11 secondes derrière Peterhansel (Stéphane Peterhansel, vainqueur de l’édition 2021, avec Mini. Il a gagné 14 fois le Dakar, 6 en catégorie moto et 8 en catégorie Auto, NDLR). Ça veut dire que la voiture que nous avons utilisé est une voiture de haute performance. À l’intérieur, on avait mis plein de capteurs. On captait l’impact de la voiture, l’accélération, les poussières… On capturait toutes les données pour construire une voiture hydrogène compétitive.
Gen-Z
Le projet Gen Z est mené par Mike Horn et le quintuple vainqueur du Dakar Cyril Despres. Le projet développe un buggy hydrogène qui participera au rallye Dakar 2023. Le véhicule est réalisé par Vaison Sport, installé à Torcy en Saône-et-Loire, un spécialiste de la conception de prototypes de compétition (rallye raid, rallye), en partenariat avec le commissariat à l’énergie atomique (CEA). La volonté est de gagner le Dakar en ne rejetant que de la vapeur d’eau. Ils ont participé à l’édition 2021 avec une voiture thermique pour recueillir des données. La Région Bourgogne-Franche-Comté a accompagné ce projet en finançant les études préalables, à hauteur de 84 000 euros.
Vous espérez être au départ du Dakar 2023 avec cette voiture. Quand est-ce que vous voulez le gagner ?
Écoute… En 2023, nous arriverons avec une voiture compétitive, de 500 chevaux, avec l’autonomie pour finir une spéciale. On va avoir une autonomie de 250 km, on peut la remplir au milieu et finir une spéciale de 500 km. Et ça, c’est important car les batteries ne nous permettent pas de faire ça. Participer en 2023, c’est participer pour être dans les dix premiers. Et après, c’est sûr qu’en 2024, c’est de gagner.