Article rédigé par Atmo BFC, en charge de la qualité de l’air — PARTENARIAT
Les polluants représentent moins de 0,05 % de la composition de l’air mais cette quantité est suffisante pour impacter notre santé et celle des écosystèmes. Les activités humaines sont majoritairement responsables de la pollution atmosphérique : transports, chauffage résidentiel, industrie, agriculture, travaux publics… Mais certaines sources naturelles contribuent aussi à introduire des polluants dans l’air : feux de forêts, érosion des sols, poussières sahariennes, éruptions volcaniques, marécages, pollens, spores… Les dernières images de l’Etna en éruption en sont l’illustration.
L’éruption volcanique, phénomène naturel hautement polluant
Une éruption volcanique est un phénomène naturel durant lequel un volcan libère brutalement des matières issues de l’intérieur de la Terre : lave, cendres, gaz et roches. Ces éruptions peuvent être explosives ou effusives, selon le type de magma et les conditions de pression. Outre les risques directs liés aux projections et aux coulées, les volcans sont aussi une source importante de pollution atmosphérique.
Lors d’une éruption, d’importantes quantités de polluants sont relâchées dans l’air. Parmi eux figurent le dioxyde de soufre (SO₂), les particules fines (PM₁₀, PM₂.₅), le dioxyde de carbone (CO₂), l’acide chlorhydrique (HCl) et le monoxyde de carbone (CO). Ces substances peuvent se propager sur des centaines, voire des milliers de kilomètres, selon l’intensité de l’éruption et les conditions météorologiques.
Bien que d’origine naturelle, ces émissions contribuent à l’effet de serre. Le dioxyde de carbone volcanique représente environ 1 % des émissions mondiales de CO₂, loin derrière celles d’origine humaine, mais leur impact est significatif lors d’éruptions majeures. En revanche, les aérosols de soufre peuvent temporairement refroidir le climat en réfléchissant une partie du rayonnement solaire, créant un effet inverse.
Les risques pour la santé et l’environnement
Au niveau local, les populations vivant à proximité des volcans actifs sont les premières exposées. L’inhalation de gaz volcaniques comme le dioxyde de soufre peut provoquer des irritations des voies respiratoires, de la toux, des crises d’asthme ou des troubles cardiorespiratoires. Les cendres fines, quant à elles, peuvent pénétrer profondément dans les poumons. L’environnement local est aussi affecté : les sols, les cultures, l’eau et les écosystèmes subissent des dépôts acides et abrasifs.
À l’échelle mondiale, certaines éruptions puissantes peuvent perturber le climat et la qualité de l’air sur de vastes territoires. Les panaches volcaniques riches en particules et gaz peuvent atteindre la stratosphère, où ils restent en suspension pendant des mois. Cela peut entraîner une diminution temporaire des températures, des épisodes de pollution à distance et une baisse de la qualité de l’air, même dans des zones très éloignées de l’éruption.
Historique des dernières éruptions en Europe
L’Europe compte plusieurs volcans actifs, notamment en Islande, en Italie et en Grèce. Les zones les plus concernées par les risques volcaniques sont l’Islande (avec une intense activité sismique), la Sicile (où se trouve l’Etna) et les îles Éoliennes (avec le Stromboli).
- En 2010, l’éruption de l’Eyjafjallajökull (prononcer ei-ya-fia-tla-yeu-koutl, qui signifie « Le glacier sur les montagnes proches des îles »), en Islande, a projeté un immense nuage de cendres dans l’atmosphère, paralysant le trafic aérien européen pendant près de 6 jours. En France, certains observatoires de la qualité de l’air dans le nord et l’est du pays (par exemple à Lille, Reims ou Mulhouse) ont rapporté des hausses passagères de particules fines (PM₂,₅ et PM₁₀) dans les jours ayant suivi l’éruption, sans que celles-ci ne dépassent systématiquement les seuils réglementaires.
- En 2014, le volcan Bardarbunga (prononcer booorrrrrrrrrrrrdarr-bounga, qui signifie « bosse de Bárður », du nom d’un viking nordique), également en Islande, a connu une longue éruption avec des émissions massives de dioxyde de soufre. Des concentrations anormalement élevées ont été enregistrées en Islande et dans certaines régions d’Europe, avec un impact mesuré sur la qualité de l’air en France sans que les seuils réglementaires ne soient dépassés.
- Plus récemment, en 2025, l’Etna a connu plusieurs épisodes éruptifs notables au début de l’année, avec une nouvelle phase éruptive intense au tout début du mois de juin. Des panaches de cendres ont atteint plusieurs kilomètres d’altitude, et hausses des niveaux de particules et de dioxyde de soufre ont été relevées en Corse, PACA et sud-est de la France, sans pour autant mener à une alerte pollution.
Ces événements rappellent que les éruptions volcaniques, bien qu’imprévisibles, peuvent avoir des conséquences à la fois locales et transfrontalières sur la qualité de l’air.
Juin 2025 : d’autres phénomènes naturels susceptibles de polluer l’atmosphère
Depuis le début du mois de juin, le Canada est confronté à une vague intense d’incendies de forêts, avec plus de 220 foyers actifs recensés. Ces feux massifs génèrent d’importants panaches de fumée qui ont traversé l’Atlantique pour atteindre la France. Portées par des conditions météorologiques favorables à leur transport, ces fumées ont stagné dans le sud-est du pays, où elles ont été observées jusque dans les vallées alpines, contribuant à une dégradation de la qualité de l’air.
Si la majorité des particules restent en altitude, certaines sont descendues vers les basses couches de l’atmosphère, entraînant localement une hausse des concentrations en particules fines (PM10). Selon le site Prev’Air, « les premières estimations indiquent un effet de l’ordre de 5 à 15 µg/m3 sur les concentrations de particules PM10 suite au passage de ce panache. Cet impact est significatif, mais à ce stade il ne semble pas avoir été responsable directement de dépassement du seuil d’information et recommandation de 50µg/m3 ». Ce phénomène illustre les effets à longue distance des incendies de plus en plus fréquents et intenses, sous l’effet du changement climatique, qui favorise également le transport de ces polluants.
Après cet épisode, une autre dégradation de la qualité de l’air est attendue, cette fois liée à l’arrivée de poussières sahariennes, elles aussi amplifiées par les effets du réchauffement global.
En région Bourgogne-Franche-Comté, les prévisionnistes d’Atmo BFC suivent la situation de près afin d’anticiper toute survenue d’épisode de pollution.
Les bons gestes
En cas d’épisode de pollution, qu’il soit lié à un phénomène naturel (panaches volcaniques, feux de forêts, poussières sahariennes…) ou aux activités humaines :
- Il n’est pas nécessaire que je modifie mes habitudes
- En cas de symptômes ou d’inquiétude, je prends conseil auprès de mon médecin ou de mon pharmacien
- Je veille à ne pas aggraver les effets de cette pollution par d’autres facteurs irritants (tabac, usage de solvants en intérieur, chauffage au bois…)
- Je ne modifie pas mes pratiques habituelles d’aération et de ventilation
Pour les personnes sensibles et vulnérables (femmes enceintes, nourrissons, jeunes enfants, personnes de plus de 65 ans, personnes souffrant de pathologies cardiovasculaires, insuffisants cardiaques ou respiratoires, asthmatiques, personnes se reconnaissant comme sensibles lors des pics de pollution) :
- Je limite les déplacements sur les grands axes routiers et à leurs abords, aux heures de pointe
- J’évite toute activité sportive ou physique intense, en plein air comme à l’intérieur
- Je veille à ne pas aggraver les effets de cette pollution par d’autres facteurs irritants (usage de solvants sans protection appropriée, tabac…)
- Je respecte scrupuleusement ou adapte sur avis de mon médecin le traitement médical à visée respiratoire en cours…
Pour s’informer sur la situation et son évolution :
- Je consulte les bulletins des associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (Atmo) et les alertes des autorités locales
- Je consulte les données satellites et modélisations de panaches via des plateformes comme Copernicus ou Météo France.
- Je m’informe sur les consignes locales en cas de séjour dans une région volcanique (Islande, Sicile, Canaries…) ou en proie à des feux de forêts (Canada…).