« L’un sans l’autre, il n’y aurait pas de ressourcerie », tance Eléonore Lartot, directrice de la Ressourcerie 90, qui émane d’une fusion entre Inservet et Chamois Environnement. Récupération,revalorisation, revente, voilà la recette du succès de ces deux associations. Récupération et revalorisation pour InserVet. Recyclage et traitement pour Chamois. La directrice se remémore le chemin pour y parvenir. Déjà, dans les années 2010, Chamois avait été missionné pour devenir une ressourcerie. C’est là qu’Eléonore Lartot a compris que les deux associations, par leur complémentarité, pourraient fusionner pour devenir cette entité dans le territoire. « Mais il a fallu du temps », rit-elle. « Il y a eu beaucoup de dissension pendant 10 ans.» Notamment sur la manière de voir les choses. Elle explique que les deux associations venaient de milieux très différents. Un milieu plutôt catholique du côté d’Inservet. Un milieu plutôt « écolo », chez Chamois. Mais finalement, après des changements de présidence, cela a marché. « On a réussi à investir et à fusionner dans un projet commun », sourit la directrice.
Un projet commun, qui permet désormais de mener de nombreuses actions : cours de couture, ateliers de bricolage avec des matériaux issus du réemploi, ateliers zéro déchets, éducation à l’environnement pour des classes de CM1 du Grand Belfort afin d’inciter les jeunes à modifier leurs comportements par une sensibilisation au tri des déchets… Tout ça, aujourd’hui, avec 200 salariés et 24 « permanents », et une structure conventionnée pour accueillir 80 équivalents temps plein. Et des chiffres d’affaires en hausse : 611 127 euros sur 2021 pour Chamois, contre environ 450 000 l’année précédente. Et 640 765 euros pour Inservet, contre aussi, environ 450 000 euros en 2019 et 2020.
Rénovation et reconstruction
Si tout se développe bien, l’incendie qui a eu lieu à Valdoie le 7 juin dernier à contrecarrer beaucoup de plans. « Il a fallu trouver une solution transitoire », explique Eléonore Lartot. C’est donc au 9 rue de Budapest à Belfort qu’est accueillie la structure, pour 2 ou 3 ans pour remplacer les locaux de Valdoie. « Ce n’est que provisoire, le bâtiment a vocation à être détruit.» Pour le moment, pas question de se lancer dans quoi que ce soit. Déjà, parce que la perte a été dure à encaisser : 300 000 euros partis en fumée. Mais aussi, la Ressourcerie a les yeux rivés sur les procédures d’expertise. « Le bâtiment devrait être reconstruit à l’identique. Normalement…», explique la directrice.
Malgré ces aléas, il reste « de gros projets » à mener. Notamment celui de refaire les bâtiments au 3 rue de Soissons à Belfort. « Ce site, c’est notre siège. Le projet est de tout refaire. Mais financièrement, c’est très compliqué…» Néanmoins, le projet est sur les rails : « La Ressourcerie 90 souhaite transformer son site situé rue de Soissons en cité du réemploi et de l’économie sociale et solidaire », peut-on lire dans le rapport annuel. Par ce site passera tout un pôle de recyclage et revente de mobilier, un pôle de préparation des déchets et recyclage, une matériauthèque (recyclage des matériaux de construction), un pôle réparation de vélo mais aussi un garage solidaire. La Ressourcerie voit cet endroit comme un « tiers-lieu, centre de sensibilisation à l’environnement et au réemploi », où l’on retrouvera aussi toute la partie textile.
304 tonnes traitées en plus
Ce lieu, une fois acheté, rénové, devra permettre de traiter 304 tonnes de vêtements, meubles, bibelots et livres en plus, explique le rapport d’activité. Soit un taux de réemploi de 69% des flux collectés. Mais aussi 35 tonnes de produits, équipements et matériaux de construction en plus collectés. Pour les déchets plastiques, « le projet permettra de trier et recycler 1369 tonnes de déchets plastiques, cartons, papiers, ce qui représente un taux de valorisation matière de 94% par rapport au tonnage collecté.» Cette montée en puissance sur le site, une fois mis sur pied, permettra aux employés de travailler tous les jours avec des machines pour charger le papier, le carton, le plastique dans des semi-remorques. « Ce qui permettra de former les salariés au chargement de camion, dans un temps limité. L’objectif : former les salariés au métier de cariste professionnel.»
Dans les projets accomplis, Eléonore Lartot est aussi très fière de toute la partie textile.Une partie dite « d’up-cycling », qui consiste à amener le luxe à l’insertion. A la Ressourcerie, les salariés récupèrent les invendus de grandes marques, les anonymisent pour ne pas reconnaître la marque, les transforment et les revendent à bas prix dans leur magasin-école mais aussi au Leclerc, avec qui la Ressourcerie a un partenariat. Sur l’année 2021, 407 tonnes de textiles ont été collectés.
Cette activité a permis la création de la marque de vêtements Onlimi. Une marque mise en valeur lors du défilé d’anniversaire, ce mardi 4 octobre, avec 24 mannequins, dont Miss Ronde France. Eléonore regarde le travail accompli avec une dizaine de couturières, une styliste et un encadrant couture. « Nous avons eu 200 personnes au défilé », explique-t-elle au téléphone, le lendemain. Cette partie de la Ressourcerie, c’est un projet parmi tant d’autres pour accompagner des personnes en insertion vers l’emploi. « Par an, nous avons 200 personnes en insertion.» Des personnes avec qui la Ressourcerie construit un projet, un parcours de formation, pour s’insérer dans un emploi « classique » par la suite.En tout, ce sont 29 personnes pour Chamois Environnement, et 35 pour Inservet qui ont pu en 2021 s’insérer soit pour un contrat de travail CDD ou CCI, soit pour intégrer une formation qualifiante.