Au bout d’une impasse, à Vieux-Charmont, un parc se dessine avec des panneaux pédagogiques, des bancs, une allée. Au bout du chemin, une vieille usine, une friche industrielle. Nous sommes sur le site des anciennes usines Burgess Norton, un site extrêmement pollué par différentes substances comme l’arsenic, le zinc ou encore le plomb. Sur cette friche de deux hectares, située à côté de l’étang des Graviers, de petits végétaux continuent de pousser, comme l’alliaire. Cette plante comestible, de la famille du chou a des vertus plus qu’intéressante. Elle participe à la dépollution des sols, en prélevant les métaux et en les accumulant. C’est pour cela que le parc vient d’être nommé ainsi. Le parc des Alliaires, un « living lab », laboratoire vivant en français.
Vendredi 29 septembre, Pays de Montbéliard Agglomération (PMA) a inauguré ce lieu de recherche et d’innovation. Michel Chalot, enseignant-chercheur au laboratoire chrono-environnement, en charge du projet de dépollution du site explique que c’est l’une des premières fois qu’il travaille sur un site autant pollué. La méthode, expérimentée sur les deux hectares de la friche, s’appelle le phytomanagement. Les végétaux sur place, les arbres, également, ont la lourde tâche de prélever naturellement les métaux et les accumuler. Les scientifiques laissent pousser les végétaux, puis les coupent avec qu’ils ne soient fanés. Ensuite, les métaux peuvent être extraits des plantes. On appelle cela de l’éco-minerai.
Y-a-t’il des risques pour les animaux, les insectes ? La question n’est pas tout à fait résolue. Une ruche a été installée pour surveiller les effets secondaires éventuels sur la faune et sur les insectes. Une spécialiste sera sur place pour mesurer les effets. En combien de temps le site sera-t-il dépollué ? En plusieurs décennies. « La pollution a eu lieu pendant plusieurs dizaines d’années, il ne faut pas s’attendre à une dépollution rapide », expose Michel Chalot. Il ne s’agit pas d’une technique de dépollution complète mais « d’un mode de gestion qui vise à diminuer les risques sanitaires et environnementaux, les rendre acceptables, tout en maintenant les contaminants qui peuvent l’être sur place », complète l’Agglomération.
Un lieu pédagogique
Sur ce lieu devenu un parc de loisirs et de promenades, on retrouve de nombreuses pancartes pédagogiques qui expliquent pourquoi les sols sont pollués, ce qui est mis en place, comment gérer les friches… Ce sont des plateformes sur lesquelles le public peut s’arrêter et se cultiver sur la pollution des sols. Derrière ces plateformes : les terres polluées en question, observables. Le Pavillon des sciences proposera des activités et animations sur place à ce sujet.
Tout contre l’usine, un laboratoire a été construit pour les chercheurs du laboratoire chrono-environnement, qui vont pouvoir travailler sur ce site pendant plusieurs années.
Site de recherche par le laboratoire chrono-environnement, espace de médiation scientifique piloté par le pavillon des sciences, lieu de loisirs ouvert en permanence au grand public, le lieu est une première pierre pour lancer un projet à plus grande échelle, en vue de l’objectif nationale de zéro artificialisation des sols d’ici 2050.
« Le projet vise à préparer l’essaimage du phytomanagement sur d’autres sites industriels du nord Franche-Comté. » Une douzaine de sites a été identifié pour « gérer de manière innovante l’héritage de la pollution dans un territoire particulièrement marqué par l’industrie. » PMA, maître d’oeuvre de ce projet d’envergure, rétrocédera les terres à Vieux-Charmont d’ici 2025.
