L’association française pour l’hydrogène et les piles à combustible (Afhypac) a élaboré douze propositions et milite pour un plan national hydrogène ambitieux et cohérent, assurant le déploiement de cette technologie. L’enjeu est de faire de la France un des leaders de l’hydrogène renouvelable et bas-carbone.
L’association française pour l’hydrogène et les piles à combustible (Afhypac) a élaboré douze propositions et milite pour un plan national hydrogène ambitieux et cohérent, assurant le déploiement de cette technologie. L’enjeu est de faire de la France un des leaders de l’hydrogène renouvelable et bas carbone.
« Ambitieux. » « Cohérent. » « Volontariste. » Les mots de Philippe Boucly, président depuis 2017 de L’association française pour l’hydrogène et les piles à combustible (Afhypac), ne trompent pas. La France doit prendre aujourd’hui le virage de la technologie hydrogène renouvelable et bas carbone. Et de manière massive. La fenêtre de tir existe et le plan développé le 8 juillet par la Commission européenne autour de cette technologie le confirme, même si les contours budgétaires sont aujourd’hui flous. Aujourd’hui, l’urgence climatique impose ce déploiement et l’envie de réindustrialiser la France, à la suite de la crise sanitaire, crée un terrain fertile à ce développement.
« Si nous ratons ce train, d’autres prendront la place et rafleront la mise », a cependant mis en garde Philippe Boucly, ce mardi, à l’occasion d’une visio-conférence de presse dédiée à ce plan hydrogène imaginé par l’Afhypac (retrouvez ci-dessous les 12 propositions). Au Japon, 500 millions de dollars sont engagés pour faire du pays la première société de l’hydrogène du monde ». En Allemagne, on a annoncé un plan de 9 milliards d’euros. En Corée du Sud, une feuille de route a été définie en janvier 2019 et 2,5 milliards de dollars sont fléchés. En Chine, plusieurs milliards de dollars sont aussi dédiés au développement de cette technologie.
24 milliards d’euros d’investissement
L’Afhypac réunit 190 membres, des acteurs de la filière hydrogène : 33 grands groupes industriels, 81 PME, des start-up, 10 laboratoires de recherche, des associations, des pôles de compétitivité, mais aussi 12 collectivités locales. Son ambition : « Accélérer le développement de solutions hydrogène pour réussir la transition énergétique, dynamiser l’économie et créer de la valeur localement pour améliorer la qualité́ de vie de tous. »
Aujourd’hui, l’Afhypac réclame une vision et des moyens pour déployer ce plan hydrogène. « Le plan Hulot (en 2018, NDLR) a donné une formidable ambition », reconnaît Philippe Boucly, également conseiller spécial chez GRTgaz, un gestionnaire de réseau de transport de gaz en France. Mais « il manquait de visibilité et de soutiens financiers ». Les 100 millions n’étaient pas suffisants. Selon l’association, pour atteindre la production de 700 000 tonnes d’hydrogène renouvelable ou bas carbone en 2030 (ce qui correspond aux demandes inscrites dans l’article 1 de la loi énergie-climat de novembre 2019), « cela exige de l’ensemble des acteurs un montant d’investissement de 24 milliards d’euros », insiste Philippe Boucly. Pour y répondre, il faut installer 7 Gigawattheure d’électrolyseurs, qui transforme l’électricité renouvelable en hydrogène, et des unités de capture de CO2 (CCUS, pour Carbon Capture, Utilization, and Storage).
« L’Europe vient de fixer un cap pour l'#hydrogène jusqu’en 2050. A la France de s’affirmer avec un Plan national ambitieux et d’y mettre les moyens correspondants (...), on parle ici en milliards, le leadership est à ce prix ».
— AFHYPAC (@afhypac) July 8, 2020
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Soutien attendu de l’État
Dans cette enveloppe du plan hydrogène pensé par l’Afhypac, l’État doit apporter un soutien à l’investissement de 6,7 milliards d’euros un soutien de 3,6 milliards d’euros à la production d’hydrogène renouvelable ou bas carbone, pour encourager à produire l’hydrogène alors qu’il est encore plus cher ; en soutenant la production, on compense l’écart de prix, on augmente la demande qui permettra ensuite une baisse des coûts de production. « S’il n’y a pas de signal de l’État, les objectifs resteront lettre morte », prévient Philippe Boucly.
L’Afhypac demande aussi un soutien à la demande, « en amorçant le marché », avec des commandes publiques notamment. « C’est un levier central », appuie le président de l’association. Il invite enfin la France à participer aux programmes européens, les IPCEI, pour European cluster collaboration platform, comme l’est l’alliance européenne des batteries, qui aboutit à la construction de deux giga factory en France et en Allemagne.
« Des atouts »
« Nous avons les atouts », martèle Philippe Boucly. « Nous pouvons nous permettre un plan ambitieux », poursuit-il, en glissant que ce plan peut aussi permettre d’avoir « une souveraineté économique et technologique ». Ces atouts, ce sont une recherche d’excellence, des acteurs industriels actifs, « présents sur l’ensemble de la chaine de valeur », un marché national potentiel, « des infrastructures énergétiques et de transport de qualité », mais aussi « des gisements renouvelables conséquents ». En 2030, en s’appuyant sur des estimations de la Plateforme française de l’automobile (PFA), l’Afhypac pense qu’il faut que le parc de mobilité fonctionnant à l’hydrogène comprennent 300 000 véhicules utilitaires légers, 5 000 poids lourds, 1 000 bateaux et 250 trains. Sur ce dernier point, Alstom travaille ardemment le dossier. Il a inauguré en Allemagne le premier train à hydrogène en septembre 2019. Il doit en fournir 27 pour 2022. Un train de ce type devrait également rouler en 2022 en Bourgogne-Franche-Comté, sur la ligne Auxerre-Saint-Gervais / Laroches-Migennes.
Ce plan hydrogène ambitieux de l’Afhypac doit permettre de « casser le dilemme de l’œuf ou de la poule », conclut Philippe Boucly. En y répondant, la filière estime que l’on peut éviter d’émettre 21 millions de tonnes de CO2 sur la décennie et créé entre 120 et 250 000 emplois directs et indirects. Et pour 2030
Les douze propositions de l’Afhypac
1/ Coordonner la massification de la demande pour tirer les économies d’échelle d’acteurs industriels majeurs
2/ Aider à l’acquisition de véhicules à hydrogène et donner de la visibilité́ aux utilisateurs
3/ Faire évoluer la règlementation
4/ Transposer dans les meilleurs délais la directive RED II
5/ Garantir la traçabilité́ de l’hydrogène produit et établir un dispositif de garanties d’origine
6/ Établir sans délai un mécanisme de soutien à la production d’hydrogène renouvelable ou bas carbone
7/ Mettre en place l’infrastructure de recharge nécessaire pour le déploiement à grande échelle de la mobilité́ hydrogène
8/ Créer le cadre de déploiement des infrastructures gazières dédiées à l’hydrogène
9/ Construire et soutenir une vision industrielle française ambitieuse dans le cadre de l’IPCEI hydrogène
10/ Maintenir l’excellence en matière de R&D&I, développer la formation et les compétences associées au déploiement des solutions de la filière
11/ Soutenir la filière française à l’exportation dans les futurs marchés de l’hydrogène
12/ Mettre en place une gouvernance pour structurer le déploiement de l’hydrogène en France