Neext Engineering est une start-up d’ingénierie de petits réacteurs modulaires nucléaires qui voit le jour à Belfort. Elle est née du foisonnement de l’association Apsiis, fondée par des syndicalistes de General Electric et des entrepreneurs locaux.
Neext Engineering est une start-up d’ingénierie de petits réacteurs modulaires nucléaires qui voit le jour à Belfort. Elle est née du foisonnement de l’association Apsiis, fondée par des syndicalistes de General Electric et des entrepreneurs locaux.
« Tout a commencé par une intuition », confie Jean Maillard, ingénieur généraliste formés aux Arts et Métiers Paris Tech, qui devient président de Neext engineering, dont le lancement officiel est programmé ce mercredi 21 septembre. Une intuition qui consiste à dire que le nord Franche-Comté dispose de toutes les compétences pour se lancer dans le développement des petits réacteurs nucléaires modulaires, plus connus dans sa version anglaise de small modular reactor (SMR). « Nous nous appuyons sur une compétence collective, un savoir-faire d’intégrateur propre au nord Franche-Comté, qui a 40-50 ans », insiste Alexis Sesmat, autre membre fondateur, délégué syndical Sud Industrie à General Electric.
Les SMR développés par Neext Engineering auront une puissance de plusieurs dizaines et plusieurs centaines de megawatts. Le défi de la société est de proposer une solution de centrales à vendre sur catalogue, « plus modulaires et avec une mise en route plus rapide » que les centrales nucléaires actuellement proposées explique Philippe Petitcolin, président d’Apsiis, délégué syndical CFE-CGC et membre fondateur de la start-up. L’équipe s’inspire du modèle de fonctionnement de l’entité turbines à gaz de General Electric, à Belfort, qui vend des centrales électriques à gaz. « Nous voulons changer d’échelle en termes de délai », précise la start-up.
« Nous passons d’un réacteur nucléaire innovant à une centrale nucléaire innovante », replace Jean Maillard. « Nous allons utiliser le digital comme levier pour être plus agile et plus performant », indique-t-il. Et d’ajouter : « Nous allons proposer un design innovant pour ces petites centrales nucléaires. L’une des clé de l’innovation est de réinventer la manière de concevoir l’installation. »
Appuis de grandes entreprises
L’intuition est devenue conviction lors du discours de Belfort d’Emmanuel Macron, le président de la République, sur la relance du nucléaire. Apsiis avait déjà interpellé le chef de l’État sur cette question en juin 2021 et le discours répondait à cette demande (lire notre article). En début d’année, l’Élysée a annoncé un milliard d’euros pour le développement des SMR : 500 millions d’euros pour le projet SMR Nuward d’EDF ; et 500 millions d’euros pour des projets innovants. Pour le second nommé, un appel à projet France 20230 est lancé, qui se clôt en juin 2023 annonce Neext Engineering.
Le premier dossier de la société sera donc de répondre à la première étape de cet appel à projet. La start-up va s’adosser à de grandes entreprises, notamment pour disposer des « composants stratégiques » ; des discussions sont lancées. Des échanges sont aussi engagés avec des centres de recherches. Elle va aussi travailler à une levée de fonds de partenaires privés. Et elle va développer une activité d’ingénierie d’intégration, afin de s’assurer une trésorerie pour poursuivre ses recherches sur les SMR.
Aujourd’hui, les SMR équipent notamment les sous-marins nucléaires. Une demande augmente à l’internationale. En 2021, une petite centaine de projets était recensée. Selon le président, le potentiel marché de ces centrales modulaires est donc aussi à défricher. Et une start-up a la flexibilité pour mener ce travail. Neext Enginneering estime par exemple que ces petites centrales pourraient très bien intéressées des acteurs privés, à terme. Et la start-up ne se positionne pas du tout en concurrence avec le projet Nuward d’EDF, bien au contraire. « Nous ouvrons d’autres voix », notent les fondateurs. « Nous avons une approche commerciale différente, complète Philippe Petitcolin, et nous ne répondrons pas aux mêmes marchés. »
À terme, la société devrait compter entre 10 et 20 salariés, projette Jean Maillard ; les prochaine semaines viseront notamment à définir précisément la stratégie de l’entreprise. Elle devrait comprendre dans son équipe des ingénieurs-intégrateurs, des ingénieurs-modélisateurs et des développeurs informatiques.
Et Apsiis dans tout cela ?
18 mois après son lancement (notre article), les résultats sont éloquents : une start-up ; le développement d’un jumeaux numérique (notre article) de modélisation des installations hydrogène ; la venue d’un bureau d’études à Belfort centré sur l’hydrogène, Oteenga… L’association de préfiguration de sociétés d’intégration et d’ingénierie systèmes (Apsiis) visait « à conserver des emplois » et à maintenir les compétences « d’ingénierie » de la région à la suite du « désengagement de grands donneurs d’ordre », rappelle Philippe Petitcolin, président d’Apsiis et syndicaliste à la CFE-CGC. Elle va poursuivre son action en siégeant au conseil de développement du Grand Belfort, qui va être mis en place. L’idée est de participer aux discussions sur la question industrielle et de faire vivre « l’esprit » Apsiis. Elle va aussi renforcer son partenariat avec la Vallée de l’Énergie. Les dix groupes de travail vont donc poursuivre leurs travaux. Enfin, l’association veut réfléchir à la création d’un fonds d’investissement citoyen pour l’industrie locale ; il sera testé avec Neext Engineering.