1.Tous les secteurs plombés par l’approvisionnement et l’énergie
Les contraintes économiques ont été très fortes en 2022. Notamment à cause de la problématique de l’approvisionnement et des coûts de l’énergie. Les difficultés d’approvisionnement ont été ressenties par les entreprises toute l’année, avec des pics au mois de mars, avril et mai 2022 dans l’industrie. À l’échelon national, la Banque de France montre que la part des entreprises indiquant des difficultés d’approvisionnement dans le secteur était de 61% en mai 2022. Cela a eu des conséquences sur les carnets de commandes de l’industrie. Après être repartis au printemps 2021, ils ont à nouveau été en légère baisse en 2022 à cause des pénuries et des à-coups dans l’approvisionnement. Une dynamique que l’on retrouve aussi dans le secteur du bâtiment.
Il y a eu dans le même temps une explosion des coûts des matières premières. L’année 2022 restera marquée par ce paramètre, explique Marie-Claire Staquet, directrice départementale de la Banque de France du Territoire de Belfort. Les coûts de production ont augmenté très largement et notamment dans l’industrie manufacturière et dans les travaux publics. Ce qui a eu des répercussions sur les prix des produits finis dans tous les secteurs dans la région. La hausse la plus importante est enregistrée dans le bâtiment.
2. Un chiffre d’affaires loin des espérances pour l’industrie
Chaque année, des prévisions sont communiquées sur la progression espérée du chiffre d’affaires. Dans l’industrie, les entreprises en Bourgogne-Franche-Comte espéraient une progression du chiffre d’affaires (par rapport à 2021) de 7,4%. Elle n’a finalement été que de 4,1%. C’est encore plus criant dans le secteur des matériels de transport. Le secteur s’attendait à une baisse de la progression de 0,1%. Elle a finalement été de 17,7% en 2022.
D’autres secteurs s’en sortent mieux que prévu, tout de même, comme dans l’agroalimentaire qui prévoyait une progression de son chiffre d’affaires de 3,9%. Il a finalement été de 9,4%. Ou dans le secteur de la construction. Le chiffre d’affaires attendu était attendu avec une hausse de 0,6%. La progression a finalement été de 5,6% sur la production totale en 2022. Le secteur qui se démarque est celui de l’hôtellerie-restauration qui s’est bien rattrapé après deux années chahutées par le Covid avec une progression de 44% du chiffre d’affaires.
3. Des difficultés de recrutement tout au long de l’année
« Quel chef d’entreprise n’a pas eu de problèmes de recrutement cette année », souligne Marie-Claire Staquet. « C’est un sujet qui revient et qui freine le développement des entreprises », complète-t-elle. Une entreprise sur deux signale des problèmes de recrutement en 2022. A l’échelon national, 65% des entreprises du secteur du bâtiment déclarent avoir des problèmes pour recruter au mois de septembre. Et 59% actuellement.
Une dynamique qui a commencé à la reprise post-covid et qui ne s’est détendue que très peu depuis. Cela a eu un effet sur les salaires, avec une croissance annuelle des salaires qui est passée de 1,8% en 2021 à 3,8% en 2022 pour essayer d’attirer. En 2023, on devrait atteindre une progression à 6,2%, estime la Banque de France.
Dans la région, les baisses d’effectifs ont été ressenties dans de nombreux secteurs : équipements, matériels de transport. Mais encore une fois, le secteur agroalimentaire s’en sort bien avec une hausse des effectifs en 2022 de 2,6 % par rapport à 2021. Dans la filière automobile, les effectifs sont en baisse de 2,9%. Quant au secteur de la construction, l’effectif augmente de 2,3% avec des augmentations d’effectifs dans tous les sous-secteurs (bâtiment, travaux publics, gros œuvre, second œuvre).
4. Une activité qui résiste malgré tout en 2022
« Malgré les variations, les carnets de commande des entreprises sont restés satisfaisants », estime Marie-Claire Staquet, en se référant à l’étude. En termes de stocks, dans l’industrie, on assiste même à des excédents depuis deux mois. L’année 2022 aura été celle « de la résilience », analyse-t-elle. Dans tous les secteurs, la croissance de l’activité est restée semblable et en adéquation avec le niveau national, en se maintenant avec plus ou moins de régularité depuis début 2022.
Le secteur s’est maintenu et a même continué à investir dans plusieurs domaines. En 2022, on note + 19,5% d’investissements dans l’industrie par rapport à 2021. + 17 % dans le secteur de la construction et + 58,2% dans le secteur hôtellerie-restaurations-loisirs.
5. Des conditions encore plus rudes en 2023
« Nous ne sommes pas passés loin de la récession en France », explique Marie-Claire Staquet en pointant une projection de croissance du produit intérieur brut en France. De 2,6% en 2022, le PIB passera selon les projections à 0,3%. Puis à 1,2% en 2024. « On s’attend à un ralentissement de la croissance de l’activité, avec cette baisse du PIB », complète-t-elle.
La Banque de France reprend aussi des chiffres de la Commission Européenne, pour expliquer que le pic inflationniste sera atteint en France au premier semestre 2023 avant de revenir vers 2% fin 2024-2025. Le premier trimestre 2023 devrait être le plus difficile.
Dans la région, les incertitudes resteront donc « élevées et persistantes », prévient la Banque de France. Notamment à cause des problématiques liées à l’énergie. Dans ses projections, la Banque de France a imaginé plusieurs scénarios. La situation pourrait encore se dégrader en France et dans toutes les régions si le conflit s’intensifie en Ukraine, si l’approvisionnement en électricité est contraint par un prolongement de la maintenance du parc nucléaire français, si de nouvelles tensions sur la chaîne de valeur liées à la pandémie apparaissent en Chine. Idem pour l’inflation, les incertitudes demeurent liées au conflit en Ukraine, à l’approvisionnement en gaz, mais aussi à l’accélération plus forte des salaires. Cela aura un effet en 2023 sur les financements bancaires, « difficiles à obtenir, avec des conditions plus onéreuses.»
En clair, l’année 2023 sera l’année du « ralentissement » avec encore de nombreuses incertitudes et un pic inflationniste. L’année 2024, quant à elle, serait selon la Banque de France l’année de la « reprise ».