Taimaz SZIRNIKS – AFP
Sur un marché automobile qui se reprend lentement, le constructeur des Jeep, Peugeot et Alfa Romeo a vu ses ventes progresser sur ses deux principales zones d’activité, en Europe et en Amérique du Nord, pour un chiffre d’affaires global en hausse de 12% à 98,4 milliards d’euros sur le semestre, qui constitue également un record. Le groupe a livré 3,3 millions de véhicules (+9%).
Les chiffres du premier semestre démontrent “la forte résilience et la forte concentration” du groupe sur ses objectifs de rentabilité, et les problèmes de logistique qui freinaient l’industrie automobile ont été dépassés, s’est félicité le directeur général du groupe Carlos Tavares lors d’une conférence de presse.
Le groupe franco-italo-américain a vu sa marge baisser très légèrement par rapport au record du premier semestre 2022, passant de 14,5% à 14,4%. Mais Stellantis a largement dépassé les attentes des analystes financiers, restant en termes de marge bien au-dessus des autres constructeurs historiques, et même de Tesla qui a fortement baissé ses prix, a fait remarquer M. Tavares.
Hausses de prix
“Nous avons effectué plusieurs hausses de prix et notre groupe a su parfaitement s’y tenir”, a souligné la nouvelle directrice financière du groupe, Natalie Knight. Le groupe a cependant enregistré des coûts en hausse et souffert des taux de change, a-t-elle souligné. En Amérique du Nord, le marché le plus rentable pour le groupe, les ventes ont augmenté de 7% sur un an grâce à la voiture familiale Chrysler Pacifica, aux modèles Dodge ou au SUV Jeep Compass.
En Europe, les ventes ont bondi de 9% par rapport à un faible premier semestre 2022, avec de bons chiffres pour l’utilitaire Fiat Ducato, la petite Fiat 500, le SUV Alfa Romeo Tonale ou les Opel Astra et Corsa. Les ventes ont aussi progressé en Afrique et au Moyen-Orient, avec 301.000 unités écoulées (+51%), en Turquie notamment. Maserati, la marque de luxe qui était en souffrance à la création de Stellantis en 2021, affiche désormais une marge de 9,2% et 15.300 véhicules vendus, notamment des SUV Grecale.
Travail avec les fournisseurs
Le deuxième semestre 2022 a été marqué par une forte inflation et Stellantis s’est préparé à un nouveau ralentissement du marché: le groupe a réduit son point mort, c’est-à-dire le nombre de voitures nécessaires pour rentabiliser les frais fixes, de 40 à 33% de son chiffre d’affaires.
“Nous avons beaucoup travaillé, avec succès, sur la réduction de nos coûts, qui vient à moitié de nos usines”, a souligné M. Tavares, durcissant le ton face aux équipementiers. “Nous pouvons maintenant travailler avec nos fournisseurs pour qu’ils s’inspirent de nos méthodes”, a lancé le patron portugais. Les ventes de voitures hybrides et électriques ont augmenté de 24% sur le semestre, à 169.000 unités.
Le groupe a inauguré fin mai sa première usine de batteries, dans le nord de la France, et prévoit d’en construire cinq autres dans les quatre prochaines années. Il prévoit de lancer début 2024 une Citroën électrique à moins de 25.000 euros, chargée d’affronter les nouveaux concurrents chinois.
Le constructeur pourrait-il baisser ses prix si la situation économique ne s’améliore pas? “Les prix peuvent respirer et s’ajuster aux conditions de marché”, a répondu M. Tavares. “Mais il faut d’abord protéger ses marges en continuant à réduire les coûts”. “C’est un semestre solide, propulsé par de hauts tarifs”, a commenté l’analyste Tom Narayan dans une note pour RBC.
Les investisseurs ont salué cette performance sans s’affoler: le titre progressait de 2% à 11H30 à Paris et Milan, à 17,12 euros. Avec ce premier semestre flamboyant, le groupe semble en bonne voie pour améliorer son bénéfice record de 2022 (16,8 milliards d’euros). Il a confirmé ses objectifs pour l’année 2023, mais ceux-ci restent “vagues”, selon Tom Narayan, le groupe n’annonçant qu’une “rentabilité à deux chiffres”. Si les ventes devraient être au rendez-vous, la production pourrait par ailleurs être ralentie bientôt par des grèves dans les usines américaines du groupe, a prévenu l’analyste.