Le syndicat CGT de Stellantis s’alarme. L’entreprise automobile réfléchit à réinternaliser la production de pièces plastiques non peintes. Et ce pour les sites de Sochaux et Mulhouse notamment. Une information confirmée par la direction du site. Stellantis indique que le projet est en « phase d’études de faisabilité », rappelant que cette compétence est maîtrisée par le groupe dans plusieurs endroits déjà, comme à Rennes. « Nous avons présenté le projet. Et nous étudions la possibilité d’un “plastic shop” à Sochaux pour accroître la compétitivité du site. »
La nouvelle inquiète beaucoup la CGT, échaudée par un précédent. Il y a quelques mois, Stellantis a repris sous son aile la partie coffre de ses véhicules, préparés auparavant par le sous-traitant Geodis. « Une nouveauté qui ne s’est traduite ni par une vague d’embauches chez Stellantis, ni par la reprise des salariés de Geodis », déplore la CGT.
« Nous savons, de source sûre, que Stellantis veut faire avec son effectif actuel. Si embauches il y a, ce ne seront que quelques-unes et au compte-gouttes », exposent différentes sections CGT de la filière automobile. Selon eux, Stellantis va en profiter pour reprendre cette activité tout en essorant ses salariés actuels. « Pour Stellantis, là où il faut quatre opérateurs pour faire le travail ailleurs, il en faut deux, tirant sur la santé des salariés », détaillent-ils encore.
Ce 7 mars, pour alerter, des syndicalistes CGT de Forvia, Trecia, Flex’n’Gate sont présents. Ils se sentent tous concernés. C’est aussi le cas de Plastic Omnium. Auprès de leur direction, silence radio. C’est lors d’un comité social et économique (CSE) de Stellantis que l’information a été donnée, en janvier, explique alors Aurore Boussard, déléguée syndicale CGT Stellantis, lors de cette conférence de presse . « Elle a été reconfirmée lors d’un autre CSE fin février en exposant que la fabrication des pièces plastiques non peintes serait réintégrée sur les sites disposant d’un emboutissage. »
La goutte d’eau
Cette nouvelle engendre une peur chez les représentants du personnel des sous-traitants, dont l’activité dépend essentiellement de Stellantis. À Forvia, ces craintes s’ajoutent à l’annonce de la suppression de 10 000 emplois en Europe, soit un emploi sur sept dans le groupe. Les salariés ne voient pas comment ils pourraient être épargnés par ces annonces, alors que l’activité échappement se meurt avec la fin du moteur thermique. Et que l’activité hydrogène ne décolle pas, expose le syndicat. Les prévisions de vente sont basses. « Pour 2024, seuls quelques centaines de réservoir seront fabriquées sur le site. » L’infrastructure hydrogène fait défaut, selon les syndicalistes, avec des grands projets abandonnés les uns après les autres.
Du côté de Trecia, le chômage partiel est fréquent également, expose Patrick Rouget. Avec deux à quatre jours de chômage partiel par mois et ce, avec l’activité Stellantis. Si celle-ci disparaissait, les conséquences seraient sévères. « J’ai le sentiment que les départs vont se faire de manière violente. Mais aujourd’hui, on annonce rien à des salariés qui sont dans le doute », se désole-t-il.
Quant à Flex’n’Gate, les salariés déplorent des fermetures forcées, à répétition, à cause d’absence de commandes, notamment de Sochaux. En février et mars, 12 jours ont dû être posés en APLD (activité partielle de longue durée). L’inquiétude est grande, car l’accord sur un maintien de la rémunération se termine fin juin. Pour eux, si l’activité plastique disparaissait, « les conséquences seraient dramatiques pour le bassin d’emplois du pays de Montbéliard », témoignent les syndicalistes. Ils sont environ 850, dont une centaine d’intérimaires à fabriquer les pare-chocs arrière du Peugeot 3008 II et de l’Opel Grandland. « De notre côté, c’est silence radio », déplore encore Christian Gaillard, délégué syndical central CGT.
Eviter la casse sociale
Les sept représentants syndicaux présents ce 7 mars attendent des réponses fortes des élus locaux, qui tardent à arriver, pour les soutenir. Ils s’inquiètent, aussi, de la répercussion pour les métiers auxquels « on pense le moins » si les sous-traitants devaient arrêter également. « Ceux qui fabriquent des boulons, ceux qui font le ménage, les activités de gardiennage », détaille Aurore Boussard.
« Nous avons décidé de résister, à la CGT, pour éviter une casse sociale. » Les syndicalistes réfléchissent à étendre la délégation pour organiser une plus grande résistance sociale dans le pays de Montbéliard. « La catastrophe sociale arrive. Elle est devant nous. »