63 entrepreneurs et 50 entreprises françaises et suisses se sont retrouvées ce jeudi à la salle des Fêtes de Belfort pour le 2e forum économique franco-suisse.
63 entrepreneurs et 50 entreprises françaises et suisses se sont retrouvés ce jeudi à la salle des fêtes de Belfort pour le 2e forum économique franco-suisse. Le premier avait été organisé par la République et Canton du Jura, à Moutier, en 2018. L’objectif, développer des liens économiques entre deux territoires proches. Entretien croisé avec Charles Juillard, ministre des Finances de la République et Canton du Jura, et de Lionel Socchi, délégué à la promotion économique du canton jurassien.
L’organisation d’un forum économique témoigne de relations franco-suisses qui fonctionnent et qu’il faut intensifier ou de relations qui ne fonctionnent pas et qu’il faut lancer ?
Lionel Socchi – De mon point de vue, elles fonctionnent, mais nous pouvons les intensifier.
Charles Juillard – Elles ne fonctionnent pas ! À part les frontaliers, combien d’entreprises installées de part et d’autre de la frontière ont des relations régulières entre elles ? Au-delà de l’aspect réservoir de main-d’œuvre (la France) ou pourvoyeur de main-d’œuvre (la Suisse), il n’y rien d’autre. Il y a beaucoup de choses à faire, mais les gens ne se connaissent pas. Ces forums sont là pour sensibiliser les industriels et les chefs d’entreprise qui cherchent des complémentarités à proximité de leur usine.
Comment peut-on intensifier ces relations et sensibiliser les entrepreneurs ?
Lionel Socchi – Il faut parler aux industriels, mais avec des industriels et en présentant des cas concrets : citer des cas commerciaux, présenter des échanges comme par exemple celui entre l’université de technologie de Belfort-Montbéliard (UTBM) et l’université de Neuchâtel, dans le cadre de l’Arc jurassien (l’arc jurassien regroupe près de 78 000 étudiants, de part et d’autre de la frontière, autour notamment des universités de Franche-Comté, Neuchâtel, Lausanne, de l’UTBM ou encore de l’école nationale supérieure de mécanique et des microtechniques, NDLR). Nous avons peut-être aussi une image erronée de l’industrie française. Nous pensons trop aux hauts-fourneaux et pas assez aux industries de la microtechnique ou de l’horlogerie. Notre travail consiste à sensibiliser les industriels et les chefs d’entreprise aux opportunités et les aider à se diversifier. On doit les informer sur ces opportunités que l’on peut trouver de l’autre côté de la frontière. L’UTBM a par exemple peut-être des formations qui répondent à des besoins de certains industriels jurassiens.
Charles Juillard – Il faut savoir ce que l’on peut trouver en France ou en Suisse. Nous avons toujours un intérêt à créer de nouvelles entreprises, mais on essaie déjà de travailler avec les entreprises existantes, pour qu’elles se développent, avec des solutions à proximité, même si elles sont de l’autres côtés de la frontière. En termes écologiques, cela permet de baisser les coûts de transport. Il vaut mieux payer quelques centimes de plus un produit à 30 kilomètres que de payer quelques centimes de moins un produit fabriqué à 300 kilomètres.
La République et Canton du Jura en chiffres
- 73 000 habitants
- 3 200 entreprises (SA ou SARL)
- 35 000 emplois
Justement, cette frontière…
Charles Juillard – Avec une frontière (la Suisse n’est pas membre de l’Union européenne), il y a toujours un problème pour le transport des marchandises. Des problèmes de barrières douanières et des problèmes administratifs. Il faudrait que l’on noue des contrats de libre-échange, mais cela se fait à l’échelle de l’État central. Il faut que l’on arrive à fédérer l’ensemble des cantons de l’arc jurassien [concernés par les enjeux transfrontaliers].