Dans un précédent article, la CGT s’inquiétait d’apprendre le chômage technique à Peugeot Motocycles durant plus de deux mois, se « demandant s’il restait un pilote dans l’avion ». Cette mesure a en effet été prise afin d’écouler les stocks de scooters neufs non estampillés Euro 5+. La raison ? Le durcissement, au 1er janvier 2025, des normes antipollution, qui empêcheront la vente neuve de ces scooters.
Stéphane Mas, président de Peugeot Motocycles, situé à Mandeure relève que « la mesure a été plus ou moins bien comprise. » Il dit comprendre l’inquiétude créée par cet arrêt de la production. Mais il souhaite l’expliquer : « En regardant dans le rétroviseur, on ne veut pas reproduire les mêmes erreurs que lorsqu’il y a eu le changement entre la norme Euro 4 et la norme Euro 5 », en 2020. À cette période, les normes anti-pollution ont changé drastiquement, ce qui a empêché la vente de scooters encore neufs, qui ont dû être détruits ou encore revendus sur le marché de l’occasion. La perte a été très importante, en comprenant toutes les pièces en stock qui n’ont plus pu être utilisées : 4 à 5 millions d’euros.
À nouveau, avec le passage à la norme Euro 5+, les normes vont se durcir d’ici au 1er janvier 2025. Et les dérogations pour continuer à vendre ne sont pas monnaie courante. Cela crée notamment des questions avec la sortie du XP 400, qui n’a eu « qu’une demi année de vie en 2023 », explique Stéphane Mas. « On ne veut pas créer un appel d’air sur le marché de l’occasion. Alors cela demande un pilotage assez fin entre nos stocks et les stocks des concessions. » Il y aura effectivement plusieurs mois d’arrêt : deux mois annoncés en septembre et en octobre. « Ces deux mois permettront de piloter le plus finement possible l’atterrissage. » Mais aussi une fermeture au mois d’août, habituelle période des congés d’étés et le mois de décembre, où les fermetures sont devenues monnaie courante depuis plus de cinq ans, avec la hausse du coût des énergies. « C’est aussi la période plus calme où on peut se le permettre. » L’objectif, jusqu’au mois de novembre est de « faire passer le stock avant tout ».
Enjeu d'électrification en 2025
Début novembre, l’activité reprendra, avec le scooter Metropolis, le Pulsion et le XP400. Et le plus gros enjeu interviendra en 2025. « L’activité sera soutenue avec le passage à l’électrique pour deux véhicules sur la seconde partie de l’année 2024. La demande va être soutenue ». Avec une montée en compétences des salariés qui ne sont pas tous formés encore pour l’électrique. Et aussi, notamment parce que la haute saison pour l’achat des scooters commence au mois d’avril. « Il y aura un enjeu à produire de façon assez importante. » Pas d’inquiétude, donc, pour les salariés, veut-il rassurer.
Concernant cette nouvelle norme en vigueur, la norme Euro 5+, le président de Peugeot Motocycles explique que cela fait plus de deux ans que la société travaille dessus. Cette nouvelle norme demande des adaptations sur les émissions polluantes, depuis le monoxyde de carbone jusqu’au rejet d’hydrocarbures en passant par les oxydes d’azote, mais aussi de particules fines (pour le diesel). « On nous demande notamment des changements sur la durabilité dans le temps de la pollution. Les constructeurs doivent démontrer que le niveau d’émissions ne se dégrade pas. » Pour Peugeot Motocycles, cela demande des adaptations en terme de motorisation, de catalyseurs, de sondes, et de pot d’échappement.