Le président de la métallurgie de la CFE-CGC, en Franche-Comté, présente les travaux du syndicat dans sa commission de diversification du nord Franche-Comté, mise en place récemment. Le syndicat veut être force de proposition dans la structuration et la diversification industrielle du territoire. Une dynamique enclenchée à General Electric.
Le président de la métallurgie de la CFE-CGC, en Franche-Comté, présente les travaux du syndicat dans sa commission de diversification du nord Franche-Comté, mise en place récemment. Le syndicat veut être force de proposition dans la structuration et la diversification industrielle du territoire. Une dynamique enclenchée à General Electric. L’occasion d’aborder les enjeux industriels du territoire, avec PSA et Sochaux 2022, General Electric et le virage de l’hydrogène.
On parle d’un plan social à Flex-N-Gate…
À Flex-N-Gate, nos élus ont appris cette triste nouvelle. De suite, nous nous sommes mis en travers de cette idée. Nous estimons que le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) est un système qui est dépassé, très rigide, qui ne permet pas de prendre en considération la situation réelle de l’entreprise. Quand vous ne maîtrisez pas le flux des compétences qui partent, vous n’êtes pas maître de votre destin.
L’autre point d’inquiétude, c’est Faurecia, à Bavans…
Historiquement, sur cette entreprise, nous avons toujours eu l’habitude d’avoir un dialogue social serein, apaisé, constructif, responsable. Ce qui se passe depuis quelques temps, nous ne le comprenons pas. Nous n’arrivons plus à discuter. Quand vous parlez de plan social, c’est un plan social qui ne porte pas son nom. Ce que remontent nos militants, c’est un enchaînement d’entretiens qui conduisent au départ des gens. En regardant globalement, cela pourrait-être assimilé à un plan social déguisé. Ce que nos militants nous disent c’est qu’ils sont en train d’organiser un PSE en échappant aux règles du PSE. Ce n’est pas acceptable.
La section métallurgie Franche-Comté de la CFE-CGC a créé une commission sur la diversification industrielle dans le nord Franche-Comté. Pourquoi ?
Nous nous sommes inspirés du travail de nos copains de General Electric, qui ont pris le problème à l’envers, par rapport à ce que nous faisions précédemment : face à des mauvaises nouvelles, présenter un business plan qui inverse la tendance. À la CFE-CGC, avec toute notre population de cadres et de TAM (techniciens et agents de maîtrise), de gens qui sont de l’amont (R&D) jusqu’au service qualité, nous sommes capable d’avoir une vision transversale de ce qui va et de ce qui ne va pas. Y compris de se dire qu’il y a des décisions politiques de grands groupes qui sont tout à fait incohérentes et qui font perdre des millions d’euros tous les ans. [Les directions] sont formatées à ce système de contradiction ; nous n’arriverons pas à les battre, c’est une question de formation et de pratique. Quand Philippe [Petitcolin] et ses équipes disent qu’ils ont un projet sur l’aviation, un projet sur le SAV, sur l’intégration… C’est un ovni ! Dans le nord Franche-Comté, nous avons General Electric qui nous crée bien du tracas. Nous savons aussi que d’ici fin 2022, il faudra amortir l’effet de Sochaux 2022, chez PSA.
C’est-à-dire ?
Nous aurons des milliers d’emplois sur le carreau. Il faut donc que nous soyons dans la prospection. Quand on entend dire que tout le système électrique à venir sera monté à Sochaux – heureusement, sinon on fait quoi ? – il faut quand même imaginer que de l’autre côté, on perd la 308, qui est historique sur le site de Sochaux. Le but n’est pas de faire obstacle au projet, c’est de les accompagner et de faire que cela se passe au mieux pour tout le monde.
Ces disparitions d’emplois sont-elles liées à l’intérim ?
Tout dépend de ce que PSA choisira en termes de maintien de flexibilité, c’est-à-dire de garder ou non son volant d’intérimaires. Nous croyons comprendre depuis un petit moment que politiquement parlant, PSA tient à cette flexibilité. Et la flexibilité, pour les chefs d’entreprise, c’est l’intérim.
Vous passez de General Electric à PSA. Votre commission s’appuie sur deux thématiques : l’énergie et la mobilité…
Nous nous sommes appuyés sur la compétence des gens pour structurer ce groupe de travail : sur celle de nos collègues de General Electric car ils ont une bonne longueur d’avance, mais aussi sur l’aspect mobilité en s’appuyant sur Christophe Husson, un expert (il travaille à Faurecia Clean Mobility, NDLR). Il nous dit : l’aspect mobilité, on ne peut pas y échapper. Quand on suit le fil rouge de la mobilité et de l’énergie, on voit l’hydrogène qui s’inscrit. On a une cohérence. Dernièrement, on a aussi évoqué l’économie circulaire. Les choses se structurent. Nous parlons aussi d’image de la région ; si vous voulez attirer des gens, il faut qu’elle soit sexy.
Comment voulez-vous intervenir avec votre commission ?
Nous voulons être force de propositions. Nous avons déjà été reçus par la présidente de la région Bourgogne-Franche-Comté ; nous lui avons expliqué notre projet. Nous avons parlé de General Electric, nous avons dérivé sur l’hydrogène, un sujet sur lequel elle est aguerrie. Nous allons continuer à présenter un certain nombre de pistes de diversification pour sortir du tout automobile et essayer de diversifier et amortir ce qu’il va nous arriver d’ici fin 2022.
On parle de la pile à combustible, de l’hydrogène. Ce ne sont pas des technologies nouvelles. Elles n’ont jamais été capables de supplanter les technologies concurrentes. Sur quoi doit-on travailler pour que cela fonctionne enfin ?
La donne a considérablement changé. Il y a une dynamique qui s’est installée. L’hydrogène, il va falloir réussir à le compacter, à le densifier. Il y a des études en cours, chez Faurecia notamment. Pour l’instant, on va étrenner [ces recherches] avec les poids lourd, où le poids est moins contraignant. Nous sommes surtout dans l’urgence de dire qu’il y a des projets industriels qui arrivent, qui vont avoir des impacts sociaux. Nous imaginons bien que PSA va mettre en place son dispositif de responsabilité sociale des entreprises (RSE), car vous ne pouvez pas créer un trou de 2 000, 2 500 emplois dans un secteur sans envisager a minima une restructuration. Nous n’avons pas de communication sur le sujet, mais nous n’avons pas de doute non plus. Nous allons essayer de mesurer, caler, structurer ; nous savons que la partie sud de l’usine va être amenée à disparaître. Il y a du foncier. Cela fait partie du sujet car il faut du foncier pour installer de nouvelles structures. On a ce périmètre Montbéliard-Belfort-Héricourt qu’il nous faut également unir et fluidifier. Il faut enfin que nous allions voir nos politiques pour leur présenter notre vision de l’industrie qui n’est pas toujours la même que celle inscrite dans les communiqués de presse des entreprises. Nous avons des choses à dire.
Pourriez-vous intégrer des groupes de travail ?
Nous allons regarder. Il y a des structures qui existent déjà. Nous avons notre propre vision. Nous avons des contacts avec d’autres organisations syndicales, car c’est de la responsabilité de tous. Nous n’excluons pas d’intégrer un certain nombre de groupes. Pour l’instant, nous sommes en discussion avec la Région. Nous sommes en phase de prospection. Nous avons la volonté d’aller à la rencontre des acteurs du terrain. Nous allons avoir le Mattern lab (à découvrir ci-dessous). Nous allons regarder ce qu’il se passe du côté du KM 0, à Mulhouse (une cité numérique dédiée aux transformations numériques de l’industrie, NDLR). C’est un système qui nous parait intéressant. Nous allons essayer de nous inspirer des bonnes pratiques des uns et des autres.