La CGT veut mener à bien un projet de Scoop et craint de perdre les compétences en cas de liquidation.
(AFP)
La CGT veut mener à bien un projet de Scoop et craint de perdre les compétences en cas de liquidation.
La cour d’appel de Dijon se prononcera demain, mercredi 7 juillet, sur la demande de suspension de la liquidation prononcée le 22 juin contre la fonderie automobile MBF Aluminium, qui emploie 270 personnes. Le jugement a été mis en délibéré à mercredi « à partir de 16h », a indiqué Lucette Broutechoux, première présidente de la cour d’appel, ce mardi à la fin d’une énième audience judiciaire concernant ce dossier sensible.
MBF, basée à Saint-Claude (Jura), avait été déclarée en liquidation judiciaire le 22 juin, suite à l’absence de repreneur. Le Comité social et économique (CSE) de l’entreprise a déposé un recours contre cette décision, mais la Cour d’appel de Dijon ne se prononcera pas avant le 14 octobre, poussant les salariés à demander, d’ici là, une suspension de la liquidation.
« Si nous sommes liquidés, les salariés vont être licenciés et ils vont partir. On craint alors une perte de notre savoir-faire », a expliqué à l’AFP Nail Yalcin, délégué CGT et membre du CSE.
Or, le syndicaliste compte toujours mener à terme un projet de Scop (Société coopérative et participative), avec les salariés, afin de « donner une seconde vie » à la fonderie. « On peut être opérationnel dès la rentrée », a-t-il assuré, reconnaissant cependant qu’il « manquait » encore « la volonté de l’État et des constructeurs » Renault et Stellantis (ex-PSA), qui ont retiré leurs commandes de carters moteurs à MBF.
La présidente de la région Bourgogne-Franche-Comté, Marie-Guite Dufay, a de son côté réitéré, dans une lettre à la cour, son « engagement intact » à accorder une subvention de 1,8 million d’euros à MBF pour soutenir un projet de reprise.
Sans licenciements, pas d'indemnités
La suspension de la liquidation semble cependant très improbable : elle empêche en effet les licenciements, qui doivent intervenir dès le 10 juillet, et donc le paiement du chômage et des indemnités aux salariés, et contraint de ce fait l’entreprise à payer les salaires. Or « nous ne pouvons que constater qu’il n’y pas d’argent », a reconnu en audience l’avocat du CSE, Georges Meyer.
« Les salaires de mai et juin ont été financés avec le chômage partiel. Il n’y a pas de trésorerie », a renchéri le liquidateur judiciaire, Thibaud Poinsard, soulignant que, depuis la procédure de redressement, le 4 novembre, l’entreprise avait encore accumulé 3,3 millions d’euros de dettes
supplémentaires. « C’est la débandade », a-t-il conclu. « L’État a payé les derniers salaires. Qu’il continue à le faire », a répondu Nail Yalcin.
Cette procédure à Dijon est indépendante de l’enquête ouverte par le parquet de Lons-le-Saunier pour « abus de biens sociaux », en raison notamment « de mouvements de fonds suspects ».