Nestlé Waters France devra faire rouler, dès 2025, le premier train de fret alimenté à l’hydrogène. Le groupe agro-alimentaire transportera son eau minérale Vittel® depuis son usine des Vosges jusqu’aux centres de distribution de l’entreprise à Arles (Bouches-du-Rhône), à 600 km, et Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire), à 760 km. Elle « sera la première entreprise en Europe à bénéficier, pour le transport de ses marchandises, de la solution à base de piles à combustible à hydrogène destinée au fret ferroviaire », indique le communiqué de presse commun des trois entreprises. Le train sera alimenté par de l’hydrogène renouvelable, fourni par Engie, dans le cadre d’un partenariat annoncé au printemps (lire notre article).
Dans le domaine du fret, Alstom travaille sur deux technologies (lire notre article). La première est l’adaptation de la locomotive bi-mode diesel électrique Prima H4. L’idée est de remplacer le moteur diesel qui engage un alternateur qui produit de l’électricité pour entraîner la chaîne de traction par une pile à combustible. La locomotive serait donc bi-mode électrique, soit avec le pantographe, soit par l’intermédiaire d’une pile à combustible.
La seconde technologie est le projet HTPG, pour hydrogen tender power generator. Ce wagon sera accroché à une locomotive électrique qui fonctionne avec un pantographe relié à un caténaire. Si la ligne n’est plus électrifiée, le train pourra poursuivre sa route grâce à l’autonomie fournie par le tender contenant des réserves d’hydrogène et une pile à combustible de forte puissance, développée par Alstom hydrogen, basé à Aix-en-Provence. L’électricité fabriquée dans le tender alimentera la locomotive via un câble d’alimentation électrique. « La solution apportera toute la puissance d’une locomotive électrique de grande ligne sous caténaire et suffisamment de puissance avec l’hydrogène pour tirer un train de fret sur les segments de ligne non électrifiés », rassurent les partenaires.
Moins polluant, plus silencieux
Ces projets doivent permettre de remplacer les locomotives fonctionnant au diesel. Ils offrent « une solution 100 % électrique pour le fret ferroviaire, de bout en bout, y compris pour les premiers et derniers kilomètres, rarement électrifiés », observe le communiqué.
« Ce projet permettra de réduire les émissions de 10 000 tonnes équivalent CO2 par an, à terme, soit la réduction de 90 % de ses émissions annuelles actuelles », soulignent les entreprises. Aujourd’hui, Nestlé a recours à des locomotives diesel. Ces réductions correspondant aux émissions annuelles de plus de 30 000 allers-retours entre Paris et Nice en voiture compare le communiqué.
« Notre ambition est d’accélérer l’adoption de l’hydrogène dans l’industrie ferroviaire et de développer des solutions innovantes dans le cadre du verdissement des mobilités lourdes, incluant le fret », annonce Marc Granger, chief strategy officer d’Alstom. Et d’ajouter : « Cette solution, plus respectueuse de l’environnement et plus silencieuse que le diesel, permettra de développer la part modale du fret ferroviaire en offrant une solution électrique de bout en bout, véritable alternative au transport routier de marchandises. »
« Nous sommes très fiers de ce projet car il représente un investissement très important de notre équipe ferroviaire pour trouver des solutions innovantes afin de répondre aux enjeux climatiques et environnementaux », déclare Sophie Dubois, directrice générale de Nestlé Waters en France, citée dans le communiqué. Ce projet doit permettre « d’accélérer le développement d’une chaîne logistique décarbonée », ajoute Sophie Dubois.
D'excellents résultats financiers
Au cours du premier semestre 2022/23 (du 1er avril au 30 septembre 2022), Alstom a enregistré 10,1 milliards d’euros de commandes au premier semestre 2022. Le chiffre d’affaires a atteint 8 milliards d’euros, en ligne avec la trajectoire visée indique le constructeur ferroviaire. Le carnet de commandes a atteint 85,9 milliards d’euros, offrant une forte visibilité sur les ventes futures.
Le résultat d’exploitation ajusté d’Alstom a atteint 397 millions d’euros, équivalent à une marge d’exploitation ajustée de 4,9 %. Le résultat net ajusté a atteint 179 millions d’euros et le cash-flow libre s’est élevé à 45 millions d’euros au cours de ce premier semestre.