Le Trois –

« Le nucléaire c’est bien, mais il faut avoir les reins solides »

Christian Monnier, président de MGR Monnier énergies, à Chaux. | ©Le Trois – Thibault Quartier
Entretien
À la tête de MGR Monnier énergies, à Chaux, Christian Monnier raconte ce qu’implique le travail pour la filière nucléaire. Une filière à la relance, pleine de promesses, mais aussi d’exigences et de contraintes. Entretien.

La construction programmée de six nouveaux EPR pour 2035 – et une option pour huit tranches supplémentaires pour 2050 – a relancé une filière nucléaire à l’arrêt depuis près d’une décennie. Ce programme nécessitera le recrutement de 100 000 personnes d’ici dix ans estime la filière. En Bourgogne-Franche-Comté, où le nucléaire pèse 23 000 emplois (lire notre article), 12 000 postes sont à pourvoir d’ici 2030 estime l’Insee dans une note publiée ce mardi 6 février.

Ce programme implique l’énergéticien EDF, mais aussi des équipementiers comme Framatome ou encore General Electric. Mécaniquement, ces projets mobilisent toute une série d’entreprises industrielles, qui répondent à des besoins d’usinage, de soudure, de découpe… Certaines y voit même une opportunité de diversification. L’opération n’en est, pour autant, pas si aisée. « On ne devient pas un acteur du nucléaire en un mois », avertit Christian Monnier, président de MGR Monnier Énergie, à Chaux.

C’est une PME de 46 salariés, spécialiste de la grande dimension, et qui propose des prestations d’usinage, de mécano-soudure ou encore de tôlerie. Ancien salarié de l’entreprise, Christian Monnier l’a reprise en juillet 2013. L’entreprise travaille principalement pour la production de machines spéciales, pour le secteur ferroviaire et pour la filière nucléaire. Régionalement, MGR collabore notamment avec General Electric, en cours d’acquisition par EDF (lire nos articles), et Framatome.

Le nucléaire, une histoire ancienne

Le nucléaire pèse aujourd’hui 25 % de son activité. L’activité de l’entreprise a ralenti ces deux dernières années. Si le dernier chiffre d’affaires affiche 6,5 millions d’euros, le prochain avoisinera plutôt les 5,6 millions d’euros. « Depuis deux ans, on en bave », convient Christian Monnier, sans perdre son optimisme ni son sourire. Les différentes crises (sanitaire, approvisionnements, matières premières, inflationniste, énergétique) ont entamé la marche de cette entreprise qui enregistrait annuellement une croissance à deux chiffres depuis huit ans. 

Certains clients, fidèles, ont notamment diminué leurs commandes de machines spéciales, empêtrés dans les affres de la crise asiatique. Et la conjoncture ne donne aucune visibilité au patron. Si le carnet de commande est correct, les certitudes sont rares. Le secteur du bâtiment est en crise, ce qui ralentit la construction d’usines et mécaniquement la commande de machines analyse le dirigeant. Dans ce contexte, Christian Monnier a dû ajuster ses effectifs à la baisse, l’an passé, pour récupérer quelques marges.

En 2013, lorsqu’il reprend l’entreprise, il y avait déjà quelques marchés nucléaires. « J’ai maintenu les savoir-faire », confie-t-il. L’ancien responsable de production et de la qualité avait notamment porté la certification ISO 9001 de l’entreprise. Quelques années après, il a fait certifier l’atelier de mécano-soudure aux normes ISO 3834-2, demandées dans le nucléaire, convaincu, alors, des besoins futurs de ce marché. Il a maintenu des compétences dans une période où l’énergie atomique était largement remise en cause. Aujourd’hui, alors qu’elle est placée au cœur de la transition énergétique par le gouvernement français, il regarde à monter encore en niveau de certification.

« Inertie »

Le nucléaire, « c’est de la documentation, de la traçabilité », prévient Christian Monnier. « Cela demande forcément beaucoup de suivi », poursuit-il. Et cette activité mobilise énormément de main-d’œuvre, qualifiée. C’est aussi une filière qui enregistre beaucoup « d’inertie », prévient-il. Les procédures de décision sont extrêmement longues. À la fin du mois de février, l’entreprise doit par exemple livrer une commande enregistrée il y a quatre ans. En attendant, il a fallu acheter la matière, immobiliser les projets quand il devait y avoir des ajustements. Il font donc de la trésorerie. Et bien anticiper ses fonds de roulement. « Certains produits, ce sont 300 à 400 heures de soudure. Donc, quand ça traine sur plusieurs années, ça tire », image le dirigeant.

Cette exigence a, par contre, été repérée par d’autres. L’entreprise a été sollicitée pour une pièce du train roulant du toit du court Suzanne-Lenglen de Roland Garros ou pour des manèges de Disneyland Paris. Une manière de rester à l’affût, de se diversifier et d’enregistrer régulièrement de nouveaux clients. « Il faut se diversifier, mais là où cela amène de la valeur ajoutée, conseille Christian Monnier. Il faut essayer de voir les liens entre les marchés. »

Le dirigeant a beaucoup investi ces dernières années. Dans des machines. Dans la rénovation énergétique des bâtiments. L’entreprise a pris aussi de nouvelles affaires, pour se tester. Elle a aussi capitalisé dans les compétences, en faisant passer des certifications à ses salariés, pour se préparer justement à cet appel de la filière nucléaire. Mais la hausse du marché n’est pas aussi rapide qu’espérée. Il n’en reste pas moins confiant dans les forces de MGR et dans les perspectives, rassuré, aussi, par la place acquise par sa société dans le paysage industriel. C’est un acteur reconnu qui dispose de savoir-faire stratégiques à préserver. Framatome l’a même intégré à son programme de maintenance et peut le solliciter très rapidement. « S’ils ont un besoin, ils envoient le plan et on fabrique », explique Christian Monnier, un dirigeant conscient des potentialités de cette relance. Mais aussi de ce qu’elle implique. Et de résumer : « Le Nucléaire, c’est bien, mais il faut avoir les liens solides. »

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