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Le futur des véhicules anciens s’imagine dans le nord Franche-Comté

Le secteur de la restauration des voitures anciennes est en train de se structurer dans le nord Franche-Comté. Un écosystème complet, mais encore discret, qui regroupe une vingtaine d’acteurs.

Dans sa motion concernant l’avenir du site PSA d’Hérimoncourt, Pays de Montbéliard Agglomération liste un inventaire à la Prévert des activités qui pourrait s’installer. On évoque notamment le développement d’une activité de restauration de voitures anciennes. Un secteur qui a une certaine densité dans le nord Franche-Comté et qui tente de se structurer. Décryptage.

Une quarantaine d’emplois. Une vingtaine d’entreprises. Plus d’un million d’euros de chiffre d’affaires. On trouve une kyrielle d’acteurs économiques : garagistes, carrossiers, selliers, restaurateurs, préparateurs… Mais aussi des associations qui animent le territoire avec des événements mettant à l’honneur de vieilles autos. Un point commun les rassemble : la passion. C’est ce qui ressort d’une étude menée en 2016 par l’agence de développement économique du nord Franche-Comté (ADN FC). L’agence avait repéré un écosystème dans le nord Franche-Comté autour de la restauration de véhicules anciens et du véhicule passion. Une filière plutôt complète, mais déstructurée et discrète. Trop peut-être. Les réalités y sont diverses. Certaines entreprises ne font que de la restauration. D’autres ne le font qu’en partie, à côté d’une activité classique de garage, plus sûre. Certains sont des références mondiales, comme MCG Propulsion à Vieux-Charmont, spécialiste Porsche.

Engouement

Depuis quelques années, on constate un engouement certain pour les véhicules anciens. Le développement des youngtimer – des passionnés de voitures âgées de 15 à 30 ans, mais qui ne sont pas considérées comme des voitures de collection – y contribue. Car quel que soit l’âge de la voiture, ce qui rapproche notamment les collectionneurs, c’est la passion pour un modèle de leur enfance. Ce mouvement encourage la démocratisation de la collection. En témoigne le nombre d’adhérents de l’association Belfort Auto rétro. Il a été multiplié par deux en deux ans, confirme Pascal Cavalli, membre de l’association et responsable du Belfort rétro festival. « Les véhicules anciens sont de plus en plus mis en avant. Les gens s’y intéressent et cela profite aux artisans », poursuit-il. Des artisans de plus en plus nombreux dans le secteur.

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La restauration de véhicules fait appel à de très nombreux métiers (©Le Trois – Thibault Quartier).

Pour structurer ce réseau, l’ADN FC (agence de développement nord Franche-Comté) a accompagné la création d’une association, NFC Classics, qui regroupe des acteurs économiques et des associations de voitures anciennes. À l’origine, dix acteurs ont rejoint l’aventure, dont MCG Propulsion, l’Aventure Peugeot, Retrogarage 90 à Lepuix-Gy, Auto-moto la passion mobile (Montbéliard) et Belfort Auto rétro (Belfort). « Il y a un écosystème énorme, confirme Jean-Pierre Monsnergue, président d’Auto-moto la passion mobile et de NFC Classics. Et on en découvre quotidiennement. »

À part la passion, ces acteurs ont un point commun : il ne manque pas de travail. MCG Propulsion s’appuie sur une visibilité à deux ans de son carnet de commandes. Plus que de publicité, leur premier objectif est donc de connaître l’existence de l’autre et « d’échanger des compétences », reconnaît Thierry Ghielmini, secrétaire de NFC Classics et commercial chez MCG Propulsion. La connaissance des autres professionnels du secteur peut permettre de sous-traiter certaines parties d’une restauration s’ils ne peuvent pas la réaliser. Certains le font déjà. Le spécialiste des sièges Bertrandt sellerie, par exemple, travaille régulièrement pour l’Aventure Peugeot ou MCG propulsion. « NFC Classics est un moyen de trouver Pierre, Paul ou Jacques. Cela facilite les démarches pour retaper sa voiture ou trouver des pièces », résume Pascal Cavalli.

Étendre les savoir-faire

« Faire de la communication autour de cet écosystème permet de faire venir d’autres sociétés et d’autres compétences », estime également Thierry Ghielmini. Faire venir des compétences, mais aussi des savoir-faire. Car l’un des problèmes de ces professionnels est celui du recrutement, notamment des apprentis. « L’apprentissage est la meilleure école, assure Thierry Ghielmini, avant de déplorer : Aujourd’hui, si je cherche un apprenti, je ne sais pas où regarder. » NFC Classics doit servir ce dessein. Mais avant de recruter, il faut penser à sensibiliser. « Il ne faut pas rester dans les granges », relève Pascal Cavalli. « Il faut préparer le vivier et montrer l’intérêt des métiers de l’automobile », embraie Jean-Pierre Monsnergue. Au départ, son association ne faisait par exemple que des rassemblements de vieilles voitures à la zone commerciale du Pied de Gouttes à Montbéliard. Depuis, elle a mis en place La Traversée du pays de Montbéliard, avec un regroupement au musée de l’Aventure Peugeot. Là-bas, des stands sont installés pour présenter des savoir-faire locaux, des entreprises ou encore des métiers… « Mon but est de montrer que les métiers de l’automobile ont de l’avenir, insiste-t-il. Et qu’ils sont vastes. »

L’Aventure Peugeot a misé sur les pièces détachées

« Nous nous sommes rendus compte qu’il y avait du potentiel sur les pièces de rechange », confie Frédéric Beurier, directeur administratif, financier et commercial de l’Aventure Peugeot–Citroën–DS, une association dont la mission consiste à conserver et valoriser le patrimoine industriel du groupe PSA. Elle s’est donc attachée à récupérer ces pièces et à les répertorier pour répondre à la demande des collectionneurs. Des pièces garanties Peugeot ou Citroën. Même celles qui sont re-fabriquées sont labellisés. Pour favoriser la vente, l’Aventure a lancé un site qui répertorie toutes les références. Ils ont 15 000 pièces actuellement. « Rapidement, nous avons compris que c’était bien d’avoir les pièces de rechange, mais que de pouvoir les remonter sur les voitures, c’était encore plus intéressant pour l’association. » Une association qui cherche des ressources pour fonctionner et assumer ses missions de valorisation. Elle a donc ouvert les ateliers d’Aulnay et de Sochaux aux particuliers. Aux véhicules très anciens, mais aussi aux youngtimers. Quatre personnes travaillent à Sochaux sur cette activité et ils ont même embauché un commercial pour développer cet axe stratégique. « Avec ces pièces, nous arrivons à faire rouler le patrimoine du groupe PSA. Et c’est notre priorité, confie Frédéric Beurier. Un patrimoine vivant, c’est un patrimoine roulant. » L’Aventure Peugeot–Citroën–DS propose de la grosse restauration, mais aussi simplement de l’entretien. « Nous nous sommes rendus compte de ce manque dans le réseau », observe Frédéric Beurier. Depuis un an, une centaine de véhicules a été accueillie à Aulnay et Sochaux.

Des talents

L’écosystème nord franc-comtois repose sur des acteurs de référence. MCG Propulsion compte un portefeuille clients de 3 000 personnes et 80 % de sa clientèle ne vient pas de la région. La part internationale est très importante, avec des clients originaires du Japon, d’Espagne, de Belgique, de Monaco ou de Dubaï. Le garage est même considéré comme une référence du backdating, une opération qui consiste à réaménager une voiture en faisant du rétro, mais avec du récent. Rétrogarage 90 à Lepuix-Gy, de son côté, ne restaure que des voitures et est même « spécialiste des Triumph et autres anglaises », remarque l’ADN FC dans sa note de synthèse. « Notre association doit donc donner de la visibilité à ce secteur », suggère Thierry Ghielmini. Et promouvoir le nord Franche-Comté comme un territoire d’excellence de la restauration de véhicules historiques.

Cryoserv’ice, une diversification inattendue 

Si la restauration peut créer des vocations à temps plein ou des compléments d’activité pour des professionnels de l’automobile, elle ouvre aussi des perspectives. C’est le cas de Cryoserv’ice, à Éloie. L’entreprise est spécialiste du nettoyage d’outils industriels. Elle a pourtant adapté la cryogénie, technique révolutionnaire de nettoyage, aux besoins du nettoyage des véhicules anciens. « Il y a un vrai potentiel », acquiesce Béatrice Cuenin, qui a fondé la société en 2005. En 2018, ses équipes ont nettoyé quelques voitures pour tester le concept. Avant, le nettoyage des anciennes voitures pouvait prendre des heures, voire des jours. On utilisait des brosses, voire des solvants, ce qui était contraignant dans la récupération des déchets. Sa méthode permet d’avoir un nettoyage efficace et rapide, tout en récupérant des déchets secs. La méthode est simple : « On propulse, jusqu’à 13 bars, des fragments de gaz solidifiés à – 80 °C, détaille Béatrice Cuenin. En arrivant sur la salissure, cela crée une onde de choc qui la désagrège et elle tombe. Le fragment de gaz revient quant à lui à sa forme gaz. On ne génère donc pas de nouveaux déchets, sachant que le CO2 que nous utilisons est lui-même récupéré. » La méthode permet surtout d’être très précis, d’éviter les zones sensibles et de même nettoyer les capteurs. « Aujourd’hui, nous avons la volonté de passer la seconde », explique-t-elle.

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