Le Techn’Hom, poumon économique de Belfort. Cœur historique de l’industrie de la cité du Lion. Symbole de la renaissance économique après le drame Bull, dans les années quatre-vingt-dix, et de la conversion de friches en opportunités immobilières. L’ensemble du site, qui s’étend sur 110 hectares, accueille aujourd’hui 120 entreprises et 6 500 salariés. Aujourd’hui, il devient aussi démonstrateur de la ville durable, en accueillant le projet Belfort e-start.
Belfort e-start s’étend sur 35 ha. Le projet a été retenu dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêt « démonstrateur de la ville durable ». Plus de 80 dossiers avaient été déposés en France. 39 ont été retenus, dont celui de Belfort ; la commune de Badevel, dans le pays de Montbéliard, est également retenue, dans le cadre de projets ruraux. 305 millions d’euros sont mobilisés pour ce programme, nationalement.
Belfort e-start vise à « créer la plus grande communauté d’énergie renouvelable (CER) de France et la première dans le domaine des bâtiments tertiaires, avec une capacité de production photovoltaïque de 3,3 MWc, couplée à des solutions de stockage de l’énergie basées sur des batteries et de l’hydrogène vert », replace Tandem, l’un des acteurs du consortium mis sur pied pour porter ce projet. La société d’économie mixte, qui gère le parc immobilier du Techn’Hom, est accompagnée du Grand Belfort, de l’université de technologie de Belfort-Montbéliard (UTBM) et d’Enedis. « C’est un quartier autonome et économe en énergie », comme le résume Damien Meslot, président Les Républicains (LR) du Grand Belfort. « L’objectif est que les 7 000 salariés et 1 500 étudiants qui se rendent chaque jour sur le Techn’Hom bénéficient d’entreprises, d’universités, de restaurants et de crèche alimentés par de l’énergie verte locale », ajoute-t-il
Accroître la flexibilité du réseau local
Belfort e-start repose sur quatre piliers : la sobriété énergétique, avec la rénovation énergétique des bâtiments et la production d’électricité renouvelable ; la résilience urbaine, en adaptant le réseau électrique local en fonction de ses besoins ; l’inclusion sociale en luttant contre la précarité énergétique ; la productivité urbaine en optimisant le foncier existant et en limitant l’artificialisation des sols
L’idée est « de s’appuyer sur le foncier existant », confie Nicolas Gaud, directeur du pôle énergie et informatique à l’UTBM. La rénovation énergétique est essentielle. Permettre de moins consommer rend plus crédible l’autoconsommation. « Nous cherchons aussi à déployer des capacité de production en milieu urbain, là où on consomme ». Des ombrières avec des panneaux photovoltaïques vont être installées sur des parkings du site. Des systèmes de stockage, avec des batteries d’une part et de l’hydrogène d’autre part, vont être déployés, « pour aligner les courbes de production et de consommation », indique le chercheur. Pour les panneaux photovoltaïques, « nous allons privilégier des fournisseurs avec de bons bilans carbone », garantit Nicolas Gaud.
Dans ce projet, Enedis, expérimente la production délocalisée d’électricité et son induction dans le réseau. On analyse les « flux », note Pascal Laude délégué transition écologique, innovation et RSE chez Enedis. L’expérience doit permettre de mieux gérer les réseaux, pour ne pas les sur-dimensionner complète Nicolas Gaud ; aujourd’hui, les réseaux sont conçus pour répondre aux pics de consommation. Or, avec du stockage, on peut limiter cette configuration et réduire les coûts d’investissements. Belfort e-start doit aussi contribuer à collecter de la donnée, pour ensuite optimiser les besoins électriques entre production et consommation ; un travail sera mené sur « la flexibilité locale ». Les surplus de production pourront par exemple être redirigé vers la station hydrogène de Danjoutin.
Le programme vise aussi à déployer des bornes de recharge pour les véhicules électriques ; 20 % des 1 600 places de stationnement seront équipés. Plusieurs systèmes seront testés, dont des recharges classiques, des super-recharges, très sollicitantes pour le réseau, et des recharges à double flux, que l’on appelle vehicle to grid. Ces dernières peuvent charger la batterie du véhicule, mais aussi prendre de la charge dans la batterie pour répondre à un besoin du réseau ; Pascal Laude indique que 70 % de la capacité des batteries ne sont pas utilisées au quotidien par les automobilistes. Ce procédé de flexibilité doit donc permettre d’optimiser les ressources d’énergie à disposition, donc de réduire les infrastructures, tout en garantissant la recharge à l’usager du véhicule lorsqu’il quitte la zone d’activités. « Cette flexibilité implique de mieux gérer les flux de production », replace Nicolas Gaud. Et ce démonstrateur qu’est Belfort e-start doit apporter des réponses.
L’installation d’éoliennes verticales est aussi envisagée sur le Techn’Hom « afin de tester d’autres technologies et d’autres intermittences », relève le chercheur. En multipliant les possibilités, Belfort e-start ouvre également des opportunités de reproductibilité du projet.