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Jérôme Pécresse, dernier Français dans la direction mondiale de GE, quitte ses fonctions

Jérôme Pécresse a dirigé l'entité Énergies renouvelables de General Electric. (©CC BY-SA 2.0 – WTO/Jay Louvion).

Jérôme Pécresse, vice-président monde de la branche énergies renouvelables de General Electric, va quitter ses fonctions fin septembre. Une mauvaise nouvelle pour la France. Et un écart de plus par rapport aux engagements contractés en 2014 lors du rachat de la branche énergie d’Alstom.

Jérôme Pécresse, vice-président monde de la branche énergies renouvelables de General Electric, va quitter ses fonctions fin septembre. Une mauvaise nouvelle pour la France. Et un écart de plus par rapport aux engagements contractés en 2014 lors du rachat de la branche énergie d’Alstom.

« GE confirme le départ prochain de son vice-président sénior Jérôme Pécresse qui a décidé de se consacrer à de nouveaux projets », indique à l’AFP la direction de General Electric France, confirmant une information de l’hebdomadaire Marianne. Jérôme Pécresse était le dirigeant mondial de l’activité énergies renouvelables, qu’il a dirigé pendant « pratiquement dix années ». Il est par ailleurs époux de Valérie Pécresse, présidente Les Républicains de la Région Île-de-France et candidate malheureuse à l’élection présidentielle. C’est un ancien cadre d’Alstom. Il dirigeait l’activité renouvelable de l’industriel Français depuis 2011, avant de devenir vice-président du groupe. Selon une lettre interne, adressée aux salariés, que Le Trois a pu consulter, Jérôme Pécresse laissera ses responsabilités opérationnelles fin septembre, « quand débutera la phase de transition”.

Polytechnicien, Jérôme Pécresse a « mené le processus d’intégration des activités énergétiques d’Alstom vendues à GE (en 2015, NDLR) » rappelle GE. « Il a notamment été le fer de lance du développement réussi de GE dans le domaine de l’éolien offshore, qui constituera un pilier essentiel de GE Vernova », déclare également l’industriel américain, dans une communication. Dans ce courrier interne, Jérôme Pécresse reconnait « des appréhensions naturelles pour l’avenir » quand il a appris le rachat d’Alstom par GE le 27 avril 2014.

« Je n’aurais pas pu imaginer à quel point ces années allaient être excitantes et motivantes. Aujourd’hui, huit ans et demi plus tard, je suis fier des contributions que nous avons apportées ensemble au secteur des énergies renouvelables presque partout dans le monde », écrit-il. “Je suis également convaincu que le développement des énergies renouvelables partout dans le monde continuera à s’accélérer et que la technologie permettra d’en repousser les limites d’une façon qui peut sembler impossible aujourd’hui », ajoute-t-il. 

General Electric a toutefois reçu un coup d’arrêt important ces derniers jours. Un juge de Boston a estimé que GE enfreignait un brevet détenu par Siemens dans sa construction de son éolienne off shore Haliade X, la plus puissante du monde. L’Américain ne peut plus vendre aux États-Unis sont équipement, un coup dur pour l’usine de Montoir-de-Bretagne (Loire-Atlantique).

« La dernière carte du gouvernement français est tombée »

« Pour nous, il est foutu dehors », sourit Alexis Sesmat, délégué Sud Industrie à l’entité turbines à gaz de General Electric. Fin 2021, General Electric a annoncé la scission en trois entreprises de ses activités : santé, aviation et énergie. Les activités power (gaz, nucléaire et charbon) et renouvelables sont regroupées dans une même entreprise, GE Vernova, présentée au mois de juillet ; il n’y avait qu’une place à prendre souffle un syndicaliste. Et cette entreprise sera dorénavant dirigée par Scott Strazik, l’ancien patron du business Power de General Electric.

« C’était le seul et dernier interlocuteur Français pour Bercy, ajoute Alexis Sesmat. La dernière carte du gouvernement français est tombée. » Avant, Jérôme Pécresse pouvait “faire passer les messages”, convient Philippe Petitcolin, de la CFE-CGC. “C’est un mauvais signal”, analyse-t-il. D’autant plus que dans cette réorganisation massive, « GE ne respecte pas ses engagements”, avertit le leader syndical. Dans l’article 4 de l’accord de novembre 2014, signé entre GE et l’État français lors du rachat de la branche énergie d’Alstom, que Le Trois a pu consulter, l’entreprise s’engage en effet « à proposer au conseil d’administration de GE, après en avoir informé l’État, l’élection au Conseil d’administration de GE d’un président-directeur général de nationalité française de premier plan ».

Ces engagements sont pourtant valables jusqu’en 2025. Et ils comprennent aussi l’installation, en France, de centres de décision mondiaux, comme nous pouvons le lire dans l’accord signé entre l’État français et General Electric. « Le centre de gravité de la partie énergie n’est plus en France mais bien outre-Atlantique », dénonce Alexis Sesmat. “L’État va-t-il exiger d’avoir un Français au board de General Electric, s’interroge Philippe Petitcolin. Et comment va-t-il pouvoir défendre les intérêts des entités françaises sans interlocuteurs ?” Et de glisser, amer : “L’avenir des entités françaises est dans les mains des Américains.”

À la fin de son article, Marianne cite un bon connaisseur du secteur de l’énergie, qui se demande si Jérôme Pécresse ne serait pas sur les rangs pour reprendre la direction d’EDF.

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