Avec une dette de 200 000 euros contractée auprès des neuf structures d’insertion par l’activité économique de l’ensemblier Défi, dont elle fait partie, l’association Jardins d’Idées a besoin d’un nouveau souffle. « Les Jardins n’ont pas les moyens de rembourser cette somme. Cet argent ne met pas en danger les autres structures, mais elles ne peuvent plus apporter d’aide supplémentaire », explique Mehdi Manna, directeur de l’ensemblier Défi.
La dette, par le rôle solidaire de l’ensemblier, n’est pas le plus gros problème. Cependant, l’association doit trouver de nouvelles sources de revenus. Le commissaire aux comptes, qui suit l’association puisqu’elle bénéficie de fonds publics, a lancé une procédure d’alerte qui a mené, le 18 décembre, à la mise en place d’une assemblée générale extraordinaire. Il a demandé un plan de trésorerie sur six mois, laissant à l’association un délai limité pour prouver sa viabilité.
Le but, désormais, est de trouver des solutions viables pour la pérennité de la structure. Une pérennité essentielle, en raison de son rôle crucial dans l’emploi et l’accompagnement de publics éloignés de l’emploi. « La trésorerie peut tenir l’année, mais si nous n’avons pas de solutions dans les six prochains mois, cela sera compliqué de continuer », témoigne Anna Maillard, présidente des Jardins d’Idées.
Quelles ont été les difficultés de l’association ? La production maraîchère, source principale de revenus des Jardins, a souffert de conditions climatiques défavorables, notamment une humidité excessive qui a réduit les rendements l’an passé. Les prévisions de production ont été largement revues à la baisse, générant une perte financière significative.
Des pistes de diversification déjà engagées
Malgré ses difficultés, les Jardins d’Idées explorent de nouvelles opportunités. Deux projets ont été retenus : un partenariat avec la Banque alimentaire pour dédier une partie de la production aux besoins des plus démunis, et la création d’une épicerie mobile dans le cadre du programme « Mieux manger pour tous ». Ce camion itinérant permettra de distribuer des légumes dans les zones rurales et les quartiers prioritaires.
L’association participe également à des initiatives telles que l’opération Paniers solidaires, qui offre des légumes à prix réduit aux foyers modestes tout en sensibilisant ces publics à une alimentation responsable. Toutefois, ces initiatives restent insuffisantes pour combler les déficits structurels.
Pour assurer l’avenir des Jardins d’Idées, plusieurs pistes sont à l’étude : l’augmentation du prix des paniers, la collaboration avec des collectivités et de « grands comptes », comme Stellantis ou l’hôpital Nord Franche-Comté, afin de fournir des légumes aux salariés ou encore aux services de restauration collective. Une réflexion est également menée sur une collaboration avec des restaurants pour fournir des légumes bio et locaux.
Anna Maillard insiste sur le besoin de mieux communiquer autour des paniers sur abonnement ou encore sur la présence de l’association au marché de Bavans. « Il faut qu’on soit proactif dans les mois à venir pour proposer ces projets et voir si cela prend », ajoute-t-elle. Le plus important, pour Mehdi Manna, reste d’investir pour mieux produire. « Il faut tout s’autoriser, y compris des investissements à risque, car il en va de l’emploi de 60 personnes chaque année », souligne le directeur de l’ensemblier Défi.
Un enjeu social majeur
Les Jardins d’Idées ne sont pas qu’une entreprise maraîchère : ils sont un acteur de l’insertion professionnelle des publics éloignés. Chaque année, des dizaines de personnes y trouvent une opportunité de se reconstruire et de retrouver le chemin de l’emploi. « Nous touchons à des enjeux de santé publique, d’émancipation et de solidarité », rappelle Gérald Daguet, responsable des projets des Jardins. « On donne du travail à ceux qui en sont privés, à ceux qui ont des parcours de vie fracassés », ajoute Anna Maillard. « Se priver de ce maillon serait dramatique. »
« Les Jardins ont besoin de soutien externe et d’investissement », martèle encore Mehdi Manna, lors de l’assemblée générale extraordinaire du 18 décembre dernier. « Nous ne cherchons pas des fonds d’urgence », insiste Anna Maillard, « mais des partenariats pour nous assurer une viabilité. » Aujourd’hui, les Jardins d’idée, ce sont environ 400 adhérents, 70 tonnes de légumes par an, et quasi huit hectares de jardins pour produire.