mise à jour le 15 mars à 20h42
10 h 30, ce mercredi matin, à Boulogne (Hauts-de-Seine), en région parisienne. Laurent Santoire. élu central CGT au comité social et économique (CSE) de l’entité nucléaire de General Electric à l’échelle France entre dans la salle où se tient un entretien disciplinaire. Cela durera 3 heures. À plusieurs centaines de kilomètres, entre cinquante et cent personnes, selon les sources, se sont rassemblé devant la porte des Trois-Chênes, au Techn’Hom, à Belfort, pour lui apporter son soutien.
« La direction a une volonté de sanctionner », analyse Saïd Bersy, élu au comité social et économique de l’établissement Thermal Manufacturing Belfort, qui appartient à l’entité nucléaire de General Electric ; cet établissement conçoit la turbine Arabelle qui équipe les centrales nucléaires et les alternateurs. C’est l’entité qui est en cours de rachat par EDF.
Depuis le dernier conflit social, en juin 2022 (lire notre article), la situation est extrêmement tendue. « Il y a une volonté de faire des exemples », ajoute le leader syndical, qui rappelle que 21 lettres d’assignation avaient été adressées l’été dernier à des participants au mouvement social, malgré la signature d’un protocole de sortie de grève. « Depuis le mois de juin, il y a un festival de convocations, d’avertissements, glisse-t-il. Il y a une volonté de faire peur. » La CGT dénonce des « sanctions contestables » ou encore des élus « attaqués », « ne pouvant plus exercer leurs fonctions dans de bonnes conditions », comme on peut le lire dans un tract, distribué le 14 mars.
"violence extrême"
Selon la CGT, c’est la liberté syndicale et le droit de faire grève qui sont remis en cause. « En attaquant Laurent Santoire, des syndicalistes ne sont plus forcément à l’aise avec leur mandat », peste Saïd Bersy. Dans le tract, on dénonce un climat de moins en moins sain. Un salarié d’ajouter : « Je comprends que des gens veulent se barrer. » Les hypothèses se multiplient du côté de la CGT pour expliquer cette tension, qu’elle liste dans son tract : un plan social déguisé ? Une volonté de réduire la masse salariale avant la vente ? Faire des exemples ? “Il y une violence extrême”, observe un délégué syndical qui veut conserver l’anonymat.
Selon Saïd Bersy, « on ne gagne rien de bon à instaurer un climat de méfiance et d’angoisse ». Il réclame « un dialogue social responsable ». « On ne peut pas que sanctionner », ajoute-t-il, alors que des réunions doivent se tenir prochainement pour évoquer une prime pouvoir d’achat, dit prime Macron, d’une part, et le rachat d’autre part. À Alstom, Eddy Cardot, de la CGT, dénonce aussi des pressions plus fortes. « Notre secrétaire de CSE a été convoqué à un entretien préalable et a reçu un avertissement. » Il cite aussi la convocation, la semaine prochaine, d’un militant CGT, « pour des choses futiles ». « Ces attaques contre la CGT, contre le syndicalisme dans l’intérêt des travailleurs conduisent à faire taire toutes contestations sociales ou expression légitimes des revendications des salariés et augmentent gravement les risques psycho-sociaux (RPS) au sein de l’entreprise », dénonce l’union départementale de la CGT du Territoire de Belfort, dans un communiqué de presse.
Sollicitée, la direction de General Electric a transmis le communiqué suivant, en début de soirée : « L’entreprise ne fera aucun commentaire sur les évènements personnels liés à ses employés. La direction condamne tous comportements contraires aux valeurs de l’entreprise, et réaffirme que le respect entre employés et au sein des équipes est attendu. Il ne s’agit pas d’une remise en cause de la liberté d’expression ou du droit de grève – que l’entreprise respecte – mais plutôt d’une volonté d’éviter des comportements irrespectueux qui ne sont pas conformes aux règles de l’entreprise. »