« Il n’y a pas eu de grandes annonces », indique Tarek Zarhdad, délégué syndical central CGT à Forvia hydrogène solution France, ce lundi midi. Les « démarches » liées au projet EU-Forward de l’équipementier automobile, qui pourrait supprimer jusqu’à 10 000 emplois en Europe d’ici cinq ans, sont engagées confirme-t-il. Des comités sociaux et économiques extraordinaires (CSE) sont organisés à partir de ce lundi et dans les jours qui viennent dans les différentes entités du groupe, à l’échelle européenne.
Selon le délégué syndical, les suppressions de postes concernent des intérimaires et la baisse du recours à des prestataires, appartenant à des bureaux externes. Les recrutements vont aussi être limités. « les éléments proposés par la direction ne permettent pas de nous rassurer », déplore, pour sa part, Christophe Husson, de la CFE-CGC. « Cela nous conforte même dans notre inquiétude » », ajoute-t-il. « Nous sommes incapables de connaitre les tenants et les aboutissants du projet, les détails par site, le court, le moyen ou le long terme », énumère Christophe Husson.
L'industrie automobile en pleine transformation
L’univers automobile connait « une transformation technologique sans précédent », convient-il, marquée par l’électrification . Les conséquences sociales, économiques et stratégiques étaient redoutées. Les délégués syndicaux les touchent aujourd’hui du doigt. S’ajoute une concurrence chinoise qui s’intensifie en Europe, alors même que le marché se contracte. On glisse, ici et là, que les capacités de productions sont trop élevées par rapport à cette demande européenne, sachant que le continent n’exporte plus. Continental va supprimer 7 150 postes avant 2025. À l’été 2023, il annonçait aussi la fermeture d’une usine en Allemagne d’ici 2027. Bosch a annoncé, en début d’année, un plan de suppression de 1 200 emplois dans sa branche systèmes électroniques embarqués. Fin 2023, 1 500 suppressions de postes étaient envisagées dans deux sites allemands dans le secteur des transmissions.
Face à cette révolution, Forvia a engagé il y a plusieurs années un virage vers l’hydrogène, pour fabriquer des réservoirs. À Allenjoie, l’activité hydrogène met encore du temps à démarrer. Elle est aléatoire. Des salariés pourraient retourner dans la filiale échappement indique la CGT. L’intelligence artificielle est un autre secteur d’inquiétude chez les syndicats. « Cela supprimera un poste sur deux, estime Christophe Husson, qui ajoute. Ce n’est pas pris en compte non plus. »
Sollicité, Forvia n’a pas souhaité répondre.
Une lettre adressée à Bercy
La CFE-CGC a adressé à Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, un courrier pour l’alerter « sur la conditionnalité des aides publiques ». De rappeler : « Des mesures transversales favorables à l’industrie dans son ensemble ont été mises en œuvre depuis quelques années : baisse d’impôts, crédit impôts recherche, aides en tout genre, aides à la R&D pour stimuler l’innovation, l’investissement productif et la diversification. » Autant d’éléments pour accompagner une filière en transformation. Mais le syndicat estime que « les subventions publiques doivent impérativement être garantes d’un maintien de nos outils productifs, de nos métiers et de nos emplois sur notre territoires ». Le syndicat liste dix propositions pour mieux le contrôler : maintien obligatoire de l’activité industrielle et des emplois sur les bassins concernés ; justification du contenu de la demande ; contrôle des engagements pris par l’entreprise et restitution d’une partie des aides si ce n’est pas tenu ; association du CSE ; aides adossées à un bilan carbone ; ou encore création d’un observatoire des métiers et des compétences par territoire.